La « Guìa del migrante mexicano » a été conçue, publiée et distribuée au mois de décembre dernier par le Ministère des Affaires étrangères mexicain à l’intention des Mexicains qui ont l’intention d’émigrer aux Etats-Unis.
La frontière de 3000 kilomètres qui sépare les USA et le Mexique appelée « frontière de cristal » par l’écrivain mexicain Carlos Fuentes pour sa fragilité, est depuis des années sous contrôle électronique. On y a construit un véritable mur d’environ 3 mètres de haut sur 22 kilomètres de long. Il est contrôlé par des caméras à infrarouges, des sismographes qui relèvent les mouvements des corps humains, des tours d’observation pleines de policiers, de très puissants réflecteurs et du fils de fer barbelé. Malgré tout cela, l’année dernière 300 Mexicains qui essayaient de passer y ont trouvé la mort dans les circonstances les plus diverses.
Ce livret de 32 pages est distribué gratuitement avec le « Libro Vaquero », une BD très populaire au Mexique, et il est prévu d'en distribuer au moins 1.500.000 exemplaires. Le texte est simple et sa lecture est à la portée de tous, avec de nombreuses illustrations à propos des comportements à adopter dans telle ou telle circonstance, des diverses situations qui peuvent se présenter, et des conseils pratiques pour ceux qui décident d’affronter le « voyage ». On y explique
- comment survivre durant la traversée du désert (boire de l'eau salée pour ralentir la déshydratation),
- comment traverser les fleuves sans risques,
- les dangers à éviter près des routes et des voies ferrés, avec les passeurs en tout genre, les paquets qu’on vous confie pour le compte de quelqu’un (avec de la drogue ?), les mineurs, les faux papiers, etc…
- la conduite à tenir en cas d’arrestation aux USA, les droits fondamentaux qui doivent être respectés, et on vous fournit la longueur d’onde d’une radio sur laquelle se brancher si on est au Texas.
Etc….
D’après les USA, ce guide est un véritable vade-mecum pour l’immigration clandestine. Mais le Ministère des Affaires Etrangères mexicain n'est pas d'accord. En effet, le manuel commence par ces termes : « Ce guide se permet de fournir quelques conseils pratiques qui peuvent être utiles à ceux qui ont pris la décision dramatique d’abandonner le Mexique pour tenter leur chance aux USA. La façon la plus sûre pour entrer aux USA, est d’obtenir un passeport valable auprès des autorités mexicaines et surtout un visa d’entrée de la part des USA. »
Elizabeth Garcia, responsable du service pour la protection de l’émigrant précise : « Nous ne sommes pas en train d’inviter qui que ce soit à traverser illégalement la frontière, nous sommes seulement en train de faire tout ce que nous pouvons pour protégerr les vies de ceux qui décident de s’en aller ».
Les USA, bien entendu, ont élevé une vive protestation : « Avec ce livret, le gouvernement mexicain prend la défense les clandestins » a déclaré Rick Oltman, responsable du projet USA qui s'occupe de l’immigration clandestine. « Dans ce document, non seulement le gouvernement mexicain n’enseigne aucune des lois sur l’immigration à ses citoyens, mais il fournit un manuel détaillé sur comment contourner la loi sur l’entrée aux USA », a fait savoir John Keeley, directeur de la communication du centre pour les études sur l’immigration aux USA.
(Sources : Peacereporter)
Dans cette affaire, personne n'est dupe. Il s'agit d'une avancée ultérieure dans le processus de refus des dikats de l'Occident : les pays du sud du monde ont cessé d’accepter nos règles. La liste des symptômes est déjà longue, mais encore faut-il que l’Occident se décide à vouloir en prendre note.
- Le récent refus de visite « humanitaire » essuyé par Kofi Annan au Sri Lanka et en Indonésie, et les premiers refus de secours de l’Inde démontrent, même si le moment est plutôt mal choisi, le désir de ces pays de dire « non » à l’ingérence occidentale.
- Le grand nombre de morts occidentaux lors du récent tsunami en Asie a démontré à ceux qui veulent bien le comprendre que les occidentaux rêvent de plus en plus de vacances aux pays des sourires gratuits et des gens disponibles malgré la pauvreté, pour prendre (avant qu’il ne soit trop tard) un bol d’air loin d’une société suffocante et suffoquée par le smog et les marchandises dénaturées, mais aussi par les interdits et les règles qui n’ont pour pendant que des obligations ou des litiges.
- Au cours du récent sommet de Cancun, l’Amérique du Sud et des pays comme l’Inde, le Brésil, Maurice et bien d’autres (une vingtaine en tout) ont dit "Non" aux diktats unilatéraux de l’Occident.
- Le récent durcissement des contrôles imposés aux Etats-uniens qui entrent au Brésil a tout de suite été imposé au même titre que les durcissements de contrôles imposés aux étrangers qui entrent aux USA.
- Et que dire des récentes révoltes (de plus en plus nombreuses) des passagers des vols en partance pour l'Afrique, quand on veut y embarquer des sans-papiers de force et enchaînés ?
- Quant aux débarquements non pas récents mais « quotidiens » (400 personnes ces deux derniers jours) d'immigrés Africains et autres sur les plages de l’île italienne de Lampedusa, avant-poste italien de l’Europe, mais aussi à toutes nos frontières, personne ne les arrêtera, malgré les lois maronnes et les accords européens, les menaces, les mauvais traitements dans les centres d’accueil, les expulsions et j'en passe.
Qu’on ne se méprenne pas sur le fond de ma pensée. A tout cela, je ne trouve rien de réjouissant. Je vois seulement une situation explosive, un courant lent, fort et continu que l'Occident ne peut ni contenir ni ignorer indéfiniment. La question n'est pas urgente, elle est très urgente, car les courants migratoires vers les pays ou les continents où on préfère délocaliser et supprimer des emplois indispensables pour n'avoir ni salaires ni charges à payer, ne courent que vers une illusion.
Faut-il donc se répéter une fois encore que ce dont l’Afrique, l’Asie et le sud du monde en général ont besoin c’est d’un commerce équitable qui procure du travail sur place et par conséquent une vie décente ? Que ce dont ils n’ont surtout pas besoin, c’est de nos armes pour fomenter des guerres ou servir de terrain à "nos" guerres par personnes interposées? Quant à notre technologie, en ont-ils forcément besoin pour leur bien-être vu que face au tsunami du 26 décembre dernier, les indigènes des Iles Andaman, les gitans de la mer Thaï et même les éléphants ont été capables de se mettre en sûreté à temps, sans avoir ni morts ni blessés ?
Notre colosse montre de plus en plus ses pieds d'argile. Mais pourquoi donc avons-nous perdu tout contact avec la
Mots-clefs : Immigration, Afrique, Asie, USA, Amérique du Nord, Amérique latine, Europe, Planète Terre
Commentaires et Mises à jour :
Le Sri-Lanka choisit Cuba pour obtenir de l'aide...
... sur les conseils de l’ONU, Cuba possédant un système de prévention supérieur à tous ceux des pays riches, d’un coût très limité, et donc facilement exportable dans les pays en voie de développement.
Bien que la chose soit peu connue, la capacité de prévention cubaine (Météorologie cubaine de risque-prévention ou RPM) a été reconnue à plusieurs reprises, et en particulier en décembre dernier à Genève lors dela Conférence mondiale sur la prévention des désastres. Il y a quelques années, lors du passage de l’ouragan Ivan, le gouvernement cubain, grâce à son système d’alarme et à une organisation préventive dans toutes les communautés locales, a été en mesure de déplacer deux millions et demi de personnes en quelques heures, sauvant les gens, les animaux et les biens. Ce même ouragan a fait 112 victimes dans le reste des Caraïbes (dont 35 aux USA). Lors du passage de Charley, le dernier ouragan en date, il y a eu 30 morts en Floride, mais seulement 4 à Cuba. Si on remonte à 1998, l’ouragan George a causé 600 morts dans l’ensemble des Caraïbes, mais seulement 4 à Cuba.
Le secret de Cuba ? Une conscience très élevée des risques au sein de la population et une excellente capacité de recours aux ressources humaines. A Cuba on utilise les programmes de la radio et dela TV (une chaîne est pratiquement réservée aux urgences) et un plan de mobilisation très rapide en temps réel est en fonction dans les écoles, les usines et tous les lieux publiques.
Le Sri-Lanka a donc choisi de s’adresser à Cuba plutôt qu’àla protection civile des pays occidentaux qui consiste surtout en un système centralisé avec le mythe de la technologie et des secours aériens, mais souvent très mal organisé en réseaux de communication sur le plan local.
(Sources : Il Manifesto)