Besoin de faire une pause. Besoin de reprendre contact avec la nature, de se détacher, de respirer, de se retrouver; pour figer l’heure et oublier le temps.

Arriver sur la plage, le matin vers 8 heures, quand les mouettes laissent encore l’empreinte palmée de leurs pattes dans le sable gris craquelant de sel, ou en fin d’après-midi, quand tout s’apaise et que le soleil descend rapidement vers le couchant.

S’immerger doucement dans l’eau cristalline qui lèche la grève, puis nager longuement, certains jours jusqu’à l’épuisement. Ou bien s’éloigner lentement vers le large, jusqu’à ce que les bruits de la terre s’estompent et disparaissent, et qu’il ne reste plus que l’infime clapotis de la brasse. Quitter les fonds turquoises et rejoindre l’outremer, et se laisser envelopper, épouser, bercer, caresser. Sentir l'onde tiède comme les larmes qu’on ne peut pas verser, ou comme une mère qui a l’éternité pour vous embrasser. Et jouir de la liberté du corps comme d’un don à peine reçu, délier les mouvements entravés jour après jour, s’affranchir, seul au monde, entre ciel et mer, sans plus savoir où commence l’un ni ou finit l’autre, devenir partie de l’infini.

Puis regagner la rive, s’asseoir encore ruisselant près de la ligne de brisement des vagues, noyer son regard dans l’horizon et se laisser envahir par le rythme, le flux et le reflux, cette respiration cyclique, qui se dilate, trois, quatre, cinq fois, puis se casse et recommence. Il est inutile de se défendre, on en perdrait le souffle. La mer veut qu’on s’abandonne à son savoir ancestral, et à la sagesse de sa perpétuité.

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