Jusqu’à hier soir, je ne connaissais ce film que de nom, de réputation. Je n’avais jamais éprouvé l’envie ou la nécessité de le voir. De la guerre du Vietnam, j’ai déjà vu des films et des documentaires tellement pénibles, et de la guerre tout court, je commence sérieusement à en avoir la nausée. Pourquoi gâche-t-on tant de pellicule pour la raconter continuellement, alors qu’elle appartient déjà à tous les JT ? Mais hier soir, face à la télé, nos goûts nous portaient sur deux programmes différents. Toutefois sur une troisième chaîne on passait ce fameux film que ni l’un ni l’autre nous n’avions jamais vus. Nous sommes donc tombés d’accord.
Alors que les Etats-Unis s'embourbent dans le conflit vietnamien, les services secrets confient au lieutenant Willard (Martin Sheen) la mission de retrouver, quelque part sur la frontière avec le Cambodge, le Colonel KURTZ (Marlon Brando) dont les méthodes ne plaisent pas au Pentagone, et de le tuer. Au cours de la remontée du fleuve qui doit le conduire au but, Willard est confronté à la folie de la guerre et à la cruauté de l'homme. Mais ce qui l’attend dépasse les confins de l’horreur, de l’horreur, de l’horreur….
Il n'est pas aisé de parler de ce film, car le Vietnam, même si on se réfère à sa guerre, n’en est pas le principal sujet. Ce n’est pas non plus un film sur la guerre. Le véritable protagoniste, c’est « l’horreur » de la guerre, c’est la folie profonde dans laquelle elle fait sombrer les êtres humains qui y sont mêlés, que ce soit de gré ou de force. D’un côté des paysages tellement beaux qu’ils en sont factices, avec des feux de Bengale de toutes les couleurs qui s’évaporent sur les combats. De l'autre, un fond historique. Le paradoxe cependant, c’est que c’est la quasi-fausseté du décor qui donne toute sa véridicité à l’histoire, déchire avec décision et sans aucune indulgence les idées reçues et propagées. Tout ce qui s’y produit est crédible, même les gestes les plus insensés, les plus grotesques…. Et même le summum de la fin.
Tout cela vu à travers le regard et les silences de Martin Sheen. A mon avis, il s’agit vraiment d’un très grand film auquel on ne pouvait pas trouver un meilleur titre. En recommander la vision ? Je ne sais pas, car pour en comprendre toute la portée, il faut sans aucun doute être restés incrédules face aux horreurs d’Abu Ghraib. Etre choqués, c'est facile, prendre conscience du fait qu'un comportement horrible peut naître en chacun d'entre nous, c'est assurément bien plus dérangeant.
Commentaires et Mises à jour :
A voir aussi "The deer hunter" (Voyage au bout de l'enfer) de Michael Cimino. La guerre vue du coté des états unis cette fois.
Re:
Re:
Coldbear, je vois que ce film t'a également marqué. Et pourtant, j'ai comme l'impression qu'on ne peut plus le regarder aujourd'hui comme au moment de sa sortie. Est-ce que je me trompe? L'as-tu revu récemment? En ce qui me concerne, je ne crois pas qu'à l'époque j'en aurais perçu la progression dans l'horreur comme je l'ai ressentie hier soir. Dans les années 80, il y avait encore beaucoup de tabous sur les "horreurs" de la guerre. On encenssait encore les hauts faits de la seconde guerre mondiale, et en France, par exemple, c'est bien après qu'on a commencé à parler des horreurs de la guerre d'Algérie.
Quant au film que tu proposes, je ne l'ai pas vu, mais je vais en retenir le titre. Comme dit dans mon billet, ce n'est pas le genre de film qui m'attire, mais s'il passe à la télé, j'essaierai de ne pas le manquer.
les années 80
j'ai une vision un peu différente du début des années 80.
On a encore la vision de ce 30 avril 1975 où les troupes du front de libération entraient dans Saigon et mettaient un point final à la guerre américaine contre le vietnam.
On se souvient tous des images atroces qui ont fait pendant des années, la une des journaux télévisés.
A l'époque, le journal "le monde" retraçait au jour le jour le bourbier dans lequel s'enfonçait de plus en plus l'armée américaine.
En tout cas, c'est le souvenir que j'en garde!
Apocalypse now est un pavé dans la mare à cette époque ........c'est un film sur la folie pour moi, je l'ai ressentie comme ça!
En 1980, les étudiants en histoire doivent avaler beaucoup de choses, la France de Vichy, les résistances et non plus la résistance, la sale guerre d'Algérie, le 08 mai 1945 désormais sonne autrement pour nous.
Mais je ne sais pas ce que ressentait effectivement le grand public.
Re: les années 80
Le grand public ? En général, il suffit qu'on fasse du tapage autour d'un film pour qu'il aille le voir, quel qu'il soit. Mais dans le cas d'un film comme celui-ci, l'impact est-il celui qui était prévu, déclanche-t-il une réflexion profonde ? Si oui, ne se limite-t-elle pas à un public éclairé ?
En tout cas, les vagues d'un pavée dans la mare se calment bien vite, sont bien vite oubliées. Ressortir ce film dans le contexte actuel est une excellente idée.