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Dans les mains de savants fous

Je ne sais pas combien sont ceux qui, samedi soir, ont eu droit à une demi-heure ou plus de panne de courant sous un ciel serein. Le fait qu’un problème sur le réseau allemand ait eu des conséquences non seulement en Allemagne, mais en France, en Italie, en Espagne, au Portugal, en Belgique, aux Pays-Bas, en Croatie, en Autriche et même…. au Maroc, n’a-t-il pas quelque chose de terriblement inquiétant ?

 

D’après Le Figaro, en France on a vite versé dans la panique, submergeant le 18, même quand on n’était pas coincé dans un ascenseur. On voulait savoir jusqu'à quand ça allait durer ! Ici et là, cette panne a même permis de se rendre compte que la prise de relais automatique par des groupes électrogènes ne fonctionnait pas, comme à l’Hôpital de Dijon par exemple. Et si la panne avait touché la France entière? On est toujours tellement sûrs de soi !

 

Tout cela confirme ce que je pense depuis le 28 septembre 2003, qui a vu un black-out de près de 20 heures sur toute l’Italie. Bien que l’automne fût théoriquement là, on vivait encore en été, ce qui, dans un certain sens, fut d’un certain réconfort, sauf si on ouvrait un robinet… sans eau, sauf si on pensait aux marchandises des frigos et des congélateurs, sauf ... C'était un dimanche, et la journée étant splendide, tout le monde avait sorti sa bonne humeur, son contre mauvaise fortune bon cœur, mais l’angoisse était là, bien présente, au fond de chacun. Depuis, l’ENEL (l'équivalent de l'EDF) a repris, mais sans encore l’appliquer, l’idée d’interruption de l’énergie électrique pendant une heure et demie, deux fois par semaine et par quartier, encore en vigueur en 1978, ajoutant à chacune de ses factures, le tableau horaire des coupures qui pourraient venir vous surprendre. « A reculons, comme une écrevisse », dirait Umberto Eco.

L’Italie a toujours été déficitaire en matière de production d’énergie électrique, et encore plus depuis son NON référendaire au nucléaire de 1987. En fait, elle en achète beaucoup à ses voisins (à la France en particulier !), essayant, mais sans succès, de refiler tour à tour à ses provinces, surtout aux plus déshéritées, ses vieux déchets radioactifs. 


Le black-out du 28 septembre 2003 n’a touché que l’Italie. Mais causé par la rupture d'un câble en Suisse et lâchée provisoirement par la France, l'histoire aurait dû nous mettre la puce à l'oreille. Il s’agissait sans autre d’un rappel à l’ordre, d’un coup de sonnette d’alarme qui aurait dû déclancher une réflexion sérieuse dans tous les esprits européens, vu qu’il levait le voile sur la grande interdépendance existant entre un pays et l’autre (comme le confirme l’accident de ce samedi). Mais non ! Les pays de l’UE, à travers leurs gouvernements et les médias à leurs services, ont détourné la tête, réduisant le tout à une question purement italienne.

 

J'ai parfois l'impression que le sort de notre société est dans les mains de savants fous, ivres de leurs pouvoirs, qui prennent, à tour de bras et dans l’euphorie des bons repas et de la vie luxueuse (et souvent scandaleuse) qu’ils mènent tous à nos frais, des décisions qui nous portent droit à la catastrophe. 
L’Italie réclame une « autorité unique européenne », la France « de nouveaux investissements », Agir dénonce « l’imprévoyance des gestionnaires des réseaux ». Moi, je vais plus loin, je réclame des gens simples et honnêtes (ce qui ne signifie pas ignorants), et je dénonce l’imbécillité qui s’est infiltrée partout, dans la politique économique de nos gouvernements, au sein des partis politiques, de nos conseils régionaux et de nos municipalités, et jusque dans les réunions de copropriétaires de l’immeuble dans lequel j’habite, où on a éclaté de rire quand quelqu’un a suggéré, ici au sud de l’Italie, de mettre des panneaux solaires sur le toit pour nos besoins très limités de chauffage (4 heures par jour du 15 décembre au 15 mars… avec des jours sans), préférant opter pour une fourniture de gaz méthane, que l’Italie, qui en est dépourvue, achète en Russie et en Algérie, tremblant à chaque fois que Poutine se dispute avec son homologue Ukrainien.

Il est tout à fait possible que les sources d’énergies alternatives et renouvelables soient insuffisantes pour nos besoins désormais trop gloutons, mais en attendant, sans vouloir s’embarquer dans de grands discours écologiques, une exploitation locale sérieuse, en rapport avec les « richesses » du cru, rendrait à tout le monde une belle marge d’indépendance, sans parler de la baisse des notes d’électricité.

 

Quand je pense qu’on confine la notion de « précarité » au travail !!!.. comme si tout le reste était sûr…. Ici la terre a tremblé il y a quelques jours, 5,7 de magnitude,… comme pour nous rappeler qu'au bout du compte, c'est elle qui fait la loi.

Pour moi, le black-out du 28 septembre 2003 a été un véritable choc, j’ai tout à coup pris conscience de l’extrême fragilité de notre société, où tout ce dont nous disposons, de l’énergie électrique à l’eau potable, des denrées alimentaires au marché du travail, de la moralité à l’éducation, de la santé à l'air que nous respirons, etc… est désormais géré à partir d'idées folles conçues par un groupe restreint de personnes dangereuses, avides d’esclaves décervelés prêts à formuler tous leurs exécutoires.


En cette belle fin d’été 2003, j’ai cru que nous allions nous réveiller, envisager la question sous un autre angle, plus sérieux, plus attentif, plus responsable, mais aussi plus doux, plus rassurant, à échelle humaine. On s’est au contraire contenté, au cours de brèves polémiques vite abandonnées, de ressortir de derrière les fagots, les projets les plus contestés qui vont des centrales nucléaires aux centrales thermoélectriques les plus polluantes.
L’incident allemand de samedi soir aura-t-il donc le pouvoir de nous sortir de notre torpeur ? Ou bien faudra-t-il vraiment qu’on continue sur la même ligne, jusqu'à la catastrophe ?

 

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Ecrit par ImpasseSud, le Lundi 6 Novembre 2006, 20:54 dans la rubrique "Actualité".