Il y a quelques semaines de cela, lors de la dernière Conférence sur le Climat à l’Unesco, certaines associations environnementales ont lancé, en France, l’idée d’éteindre la lumière pendant 5 minutes le jeudi soir 1er février. Pour « sensibiliser nos gouvernements », paraît-il. L’idée a, à ce qu’il semble, un peu débordé ses frontières, mais les Alpes étant apparemment infranchissables, en Italie, personne n’en savait rien. Plusieurs jours plus tard, cependant, quelques échos sont arrivés, et on a lancé l’idée, - bien plus romantique -, d’un souper aux chandelles le vendredi 16 au soir. Je ne sais pas quel a été le résultat, car je suis peu sensible à ces modeeees qui font plus ou moins régulièrement le tour de la planète, un enfantillage permanent sans grande efficacité, et qui, dans le cas présent, aurait même mis à risque la fragile complexité des réseaux d’électricité unifiés. Moi, le black-out, je sais ce que c’est. Il faut donc réduire notre consommation d’électricité ? Très bien ! Toujours est-il qu’il y a une chose que j’ai du mal à comprendre, car il existerait un système très très simple pour atteindre ce but, mais dont personne ne parle jamais.
J’ai moi-même, depuis bien des années déjà, le même aspirateur (Miele tant pis pour la pub !) et le même fer à repasser qui me donnent, l’un et l’autre, toute satisfaction. Le premier a une puissance réglable, mais une consommation maximum de 1000 Watt. Le fer aussi est de 1000 Watt. Il est évident qu'un jour ou l'autre ils finiront bien par tomber en panne ou rendre l’âme, et qu’il me faudra les remplacer. Et, bien je défis quiconque à trouver sur le marché deux appareils d’égale performance qui ne consomment que 1000 Watt. Tous ceux qu’on trouvent dans le commerce ont une puissance de 1.200 à 1600 Watt, ou plus. Idem pour les sèche-cheveux, etc… Pourquoi consommer plus, si c’est pour faire exactement la même chose que font ou faisaient les appareils de 1000 Watt ? Ce n’est pas pour faire rentrer plus d’argent, car les appareils d’aujourd’hui ne coûtent pas plus chers que ceux d’hier. Et encore moins pour faire tourner l’économie et créer des emplois : 1000 ou 1600 Watt, le travail est le même et on n’achète qu’un appareil à la fois.
Remplacer un appareil qu’on avait déjà signifie donc, obligatoirement, augmenter « bêtement » sa propre consommation d’électricité, ses propres notes d’électricité, la consommation totale d’électricité, la production totale d’électricité et, pour finir et par conséquent dans notre société peu encline à l’utilisation des sources d’énergie propres et renouvelables, la pollution, que ce soit dans l’atmosphère ou à travers les déchets radioactifs dont on ne sait pas quoi faire.
Toute cette augmentation, à qui profite-t-elle donc ? Exclusivement aux producteurs de pétrole et aux groupes producteurs quelle que soit la source d'énergie, à leurs alliés, leurs actionnaires et les gouvernants à leurs bottes ou dans leurs rangs. Ensuite on fait de grandes conférences, on élabore et on ratifie de sérieux accords et de merveilleux traités. On a bien réussi à faire baisser la consommation d'essence au kilomètre, on a bien réussi à récupérer la culture biologique, alors, au lieu de promouvoir des actions niaises et inefficaces, pourquoi les associations écologistes ne dénoncent-elles pas cette débauche à grand bruit ?
Mots-clefs : Planète Terre, Occident, Société
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Faites comme je dis, mais pas comme je fais
Lu surLa Stampa
“Tout le monde devrait voir le documentaire écologiste d’Al Gore, récompensé par un Oscar. Surtout le passage où, avec l’air d’un leader authentique, le président-manqué des Etats-Unis invite les spectateurs à contribuer au sauvetage de la planète en économisant de l’énergie chez soi. On ne nous demande pas grand-chose, dit à juste titre Al Gore : une douche un peu plus courte et un peu moins bouillante, éteindre la lumière avant de sortir. Des petites choses, au fond mettre des limites à sa propre consommation est aussi la meilleure façon de mener une vie plus sobre.
Malheureusement pour lui, et pour nous, il ne sera pas facile de changer les habitudes de certains pollueurs imprudents, totalement dépourvus de sens civique, mais aussi de celui des limites. Hier (27.02.07 N.d.T), les journaux américains signalaient un de ces mauvais sujets à Nashville : il habite une maison de vingt pièces et dix-huit salles de bain (…). Le monsieur en question dilapide chaque année l’énormité de 221.000 kW/heure, une overdose d’électricité qui suffirait pour alimenter plusieurs quartiers. Sa note d’électricité s’élève à 1.395 dollars par mois, et celle du gaz dépasse les 1.000 dollars.
Comment faire pour convertir le gaspilleur de Nashville a un minimum d’environnementalisme ? L’unique espoir était que le documentaire d’Al Gore le foudroie sur place par la force de sa révélation. C’est pourquoi mon découragement a augmenté quand j’ai su que cet homme-là avait déjà vu le documentaire d’Al Gore, et non pas une seule mais plusieurs fois : dans les salles, en moviola, au tournage… parce que cet homme-là, c’est Al Gore. »
Massimo Gramellini, « Ma che bell'ambiente » du 28.02.07
Traduction de l’italien ImpasseSud