Des déchets de Naples, on en rit ou on cligne de l’œil d’un air entendu. "Ah ! Ces Italiens !" dit-on à l’étranger. "Ah ! questi meridionali !" se moque-t-on au nord de l’Italie. Mais, la soupe compacte de déchets translucides qui se déplace dans le Pacifique, couvrant une surface équivalente à deux fois celle des Etats-Unis, qu’un navire retrouve sous sa coque pendant plus d’une semaine, cela fait-il encore rire quelqu’un ? C’est ce que raconte The Independent d’aujourd’hui dans son article « The world's rubbish dump: a garbage tip that stretches from
… parce qu’habitant au bord de
Dans cet article, même en l'absence de photos, il n’y a rien de vague, aucune envolée lyrique ou électorale, mais une réalité palpable : 90 % des déchets qui se trouvent dans les océans est en plastique, 46.000 pièces par mile carré. Et vu qu’ils s'y accumulent depuis cinquante ans, se fragmentant en centaines de millions de boulettes de plastique qui transforment cet immense potage de déchets en un nouvel habitat, tout comme les pesticides et les hydrocarbures, ce produit chimique fabriqué par l’homme entre dans la chaine alimentaire puisqu’il est absorbé par les animaux qui peuplent les mers, et... finit dans nos assiettes.
Pour sauvegarder nos paysages, mais surtout dans un but de tape à l’œil écologiste, on s’est attaqué aux sacs en plastique des commerces grands et petits, ôtant cependant aux plus démunis leurs maigres remparts contre l’humidité. On a créé la récolte différentielle, mais de par l’ensemble et les coûts initiaux des structures qu’elle requiert pour un recyclage efficace et utile, il s’agit encore d’un processus très peu appliqué au niveau mondial. Récemment, pour ne pas être en reste et bien qu'ici on continue à distribuer (pas toujours gratuitement) les pochettes en plastique, j’ai même repris l’habitude d’aller faire mes courses en emportant mon ou mes propres sacs. Mais à quoi cela sert-t-il si la plus grande partie de ce qu’on achète continue à être fabriqué en plastique, confectionné dans des conteneurs en plastique ou protégé par un emballage en plastique ?
N’est-ce pas plutôt de ce côté-là qu’il faudrait commencer à repenser la question ? Autrement, tous nos efforts ne sont qu’un leurre, un renvoi à plus tard qui donne raison au « out of sight, out of mind », et il faut nous préparer, tout comme les Napolitains, victimes de la cécité volontaire de la classe politique italienne, à être contraints, dans un avenir proche, à prendre l'habitude de trouver supportables même les choses épouvantables.
Mots-clefs : Planète Terre, Eau, Société, Sujets brûlants, Méditerranée
Commentaires et Mises à jour :
UNE ILE EN PLASTIQUE RECYCLÉ : A mon avis un excellente idée !
Lu sur Médiapart : La solution originale d'un studio d'architectes hollandais : une île de 10.000 km2 complètement autosuffisante et pouvant accueillir 500.000 personnes, construite avec les déchets en plastique de nos océans.
Voir les détails du projet ici.
Personnellement, cette idée m'enthousiasme et je n'y vois rien d'utopique.
Effarant !
LE MONDE | 18.03.08