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A propos de la reproduction humaine et de la recherche.

Je suis toujours surprise, ou plutôt je ne le suis plus tellement, par l’absence pratiquement totale de réactions, même quand les lectures sont nombreuses, à tous mes billets relatifs à la sphère qui tourne autour de la fonction physiologique de reproduction humaine : grossesses, stérilités, avortement, procréation assistée, assujettissement des femmes. Tel est le cas de mon billet d’hier. On donne volontiers son avis sur les choix politiques, la guerre, l’environnement ; on raconte facilement ses états d’âme, ses affaires de cœur et ses expériences professionnelles, familiales ; on se vante de sa liberté sexuelle ; on se passionne pour une espèce en voie de disparition, la culture biologique, et certains abordent même sans difficultés les problèmes brûlants de l’euthanasie ou de la peine de mort. Mais dès qu’il s’agit de reproduction, le silence tombe, lourd comme une meule, comme si, sur lui, pesait toujours un tabou dont on se gausse, mais qui, au contraire, est encore bien réel. S’agit-il de pudeur, d’indifférence quand les lecteurs sont des hommes, de la peur de passer pour des féministes ou de s’exprimer quand ce sont des femmes ?

 

Certains diront que, dans le cas présent, ce n’est pas leur affaire vu qu’il s’agit d’un referendum italien qui ne les concerne pas directement. Alors, comment se fait-il que 130 chercheurs du monde entier aient cru nécessaire de se mobiliser pour soutenir leurs collègues italiens montés en lice contre l’iniquité d’une loi scélérate qui, en 2005, réduit les droits à la maternité des femmes et des couples, et bloque la recherche ? Alors, comment expliquer l’arrivée, comme un cheveu sur la soupe, de la loi Perben fin 2003 ? Comment expliquer les violentes prises de position rétrogrades des néo conservateurs Américains ? Comment expliquer l’acharnement de toutes les fois religieuses et de nombreuses idéologies et traditions contre les femmes ? Quand on s’attaque aux questions relatives à la reproduction, quand on s’attaque à la recherche, on s’attaque à la vie ! Et, quels que soient leur nationalité, leurs bords, leurs opinions, la classe à laquelle ils appartiennent, la foi ou l’absence de foi qui est la leur, tous les êtres humains sont concernés !

 

Personnellement, je suis plutôt intellectuelle, et pourtant, de par le fait que je suis une femme et de par mon expérience personnelle, familiale et professionnelle, je sais que tous nos sentiments, nos réactions, nos désirs, nos projets, nos choix, nos pulsions et nos répulsions, nos colères, nos motivations, en un mot tout ce que nous éprouvons réellement et qui détermine notre comportement, passe par la conscience de notre capacité de reproduction. Qui oserait dire que son rapport ou son absence de rapport avec une personne ou un milieu n’a aucune influence (positive ou négative) sur sa vie professionnelle ou sur sa vie en générale ? Notre famille nous est liée par le système de la reproduction, le reste du monde, collègue, voisin, amis ou même un étranger, contient des partenaires potentiels pour la reproduction. Attention, - et j’insiste -, ici je suis en train de parler de reproduction et non pas de rapports sexuels, même si les deux choses sont interdépendantes, car c’est au niveau de la reproduction que la bataille commence, et elle concerne tout le monde, hommes et femmes. Combien de motivations ou de conséquences autour de la naissance d’un enfant, de son refus ou de son absence !

 

Derrière la naissance d’un enfant, il peut y avoir un projet d’amour mais aussi un égoïsme pur et simple, une programmation fonctionnelle, une grossesse accidentelle ou non désirée, un viol, l’obéissance à une foi ou a une tradition, un désir de perennité, la peur de mourir, l’espérance de résoudre un problème de couple, etc., et aujourd’hui, la recherche d’un donneur compatible.

 

Derrière l’absence d’enfant il peut y avoir une décision personnelle (professionnelle par exemple), une chasteté voulue (religieuse, d’ordre moral, etc..), un renvoi à plus tard, une des multiples formes de stérilité ou d’incompatibilité, le désir de ne pas transmettre une maladie génétique, un égoïsme pur et simple, une mésentente, l’illégitimité officielle d’un couple, la peur de l’avenir, les suites d’une IVG, le fait que l’on juge suffisant le nombre d’enfants que l’on a déjà, ou le simple fait de ne pas en vouloir, etc…

 

Que ceux qui n’appartiennent à aucune de ces catégories lèvent la main !

 

Parmi ces multiples « situations »,  pour répondre à celles qu’elle considérait/considère comme une plaie, la société occidentale, mais la science en particulier, a essayé de leur trouver des solutions comme la contraception pour limiter les naissances, le droit à l’IVG en milieu hospitalier pour protéger la santé des femmes, la procréation in vitro pour combattre certaines formes de stérilité, l’utilisation des cellules staminales dans un but thérapeutique, etc…

Abstinence castratrice, devoir conjugal, faiseurs/faiseuses d’ange, résignation, potions magiques et pratiques douteuses ont existé pendant des millénaires. Est-ce à cela que nous voulons revenir !?!?!?!

 

Qu’on ne sourit pas, qu’on ne hausse pas les épaules, rien n’est jamais gagné ni définitif ! Il faut savoir être attentif, vigilant, surtout ne pas rester dans le vague ou l’indifférence face à une soif de pouvoir misogyne, qui d’un doigt pointé faussement protecteur, voudrait nous faire oublier que nous sommes tous, hommes et femmes, pauvres ou riches, croyants ou non-croyants, doués d’un libre-arbitre qui, si nous sommes honnêtes et sincères, sait, le moment venu, nous indiquer le chemin à suivre, le choix à faire…. A condition qu’on n'ait pas laissé que la soif de pouvoir ou les religions, incapables l’une et l’autre d’arrêter les dérives malhonnêtes ou dangereuses, les réduisent à un choix unique, uniforme et obligatoire, celui de l’obéissance aveugle à un obscurantisme mortel.

 

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Ecrit par ImpasseSud, le Vendredi 10 Juin 2005, 15:41 dans la rubrique "Actualité".

Commentaires et Mises à jour :

sophie
14-06-05 à 17:55

Et la vie continue

J'ai tendance à penser que si on laissait vraiment les femmes libres il n'y aurait pas moins de naissances au contraire. Oui mais les excès avez-vous songé aux excès ? Je les vois tous les jours les excès. Dans chaque insulte essuyée, à chaque feuille de paye inférieure à mes collègues masculins. Et dire que je ne suis pas féministe :-)

 
ImpasseSud
14-06-05 à 21:04

Re: Et la vie continue

Moi non plus je ne suis pas féministe, mais je pense que la vie des femmes est bien souvent difficile, même quand tout va bien, car, comme tu le soulignes si bien, l'organisation de la vie tient trop peu compte de tout ce qui tourne autour de la reproduction de l'espèce, ne pensant au contraire qu'à les pénaliser.