Les talibans afghans diffusent les premières images de leurs deux otages français. Hier, toutes les chaînes italiennes de TV ont diffusé intégralement cette vidéo terriblement bouleversante, à vous mettre les larmes aux yeux. Eric et Céline faisaient une peine immense. Aucune requête spécifique, mais des menaces précises. Et que dire des trois Afghans, leurs accompagnateurs, assis à côté d'eux, les mains liées et les yeux bandés ? Comment tout cela va-t-il se terminer ? Pourquoi cette petite ONG dont le siège se trouve dans le Sud-Ouest de l'Afghanistan, région actuellement contrôlée par les talibans, n'a-t-elle pas compris le danger imminent, après l'histoire du journaliste italien ?
Car depuis le séquestre de Daniele Mastrogiacomo (voir tous les détails), il ne fait aucun doute que le chantage est à la hausse : en Afghanistan, les talibans ne kidnappent plus les étrangers pour une rançon, mais pour obtenir, en échange, la libération des leurs, emprisonnés dans les geôles du gouvernement de Karzaï, que les pays de l'OTAN et de la coalition américaine sont censés soutenir et consolider. Une situation on ne peut plus contradictoire ! Une porte ouverte à toutes les prétentions !
Cette dernière affaire italienne a créé un précédent d'une énorme gravité, d'autant plus qu'à part la libération du seul journaliste, celle-ci s'est soldée (avec des points-clefs essentiels encore en suspens) par un bilan négatif et hors de proportion. Cela soulève un certain nombre de questions qu'on ne peut plus ignorer : en Afghanistan, dans les circonstances actuelles, n'est-ce pas faire preuve d'une grande légèreté que d'entreprendre des déplacements à travers des terres isolées, sans escortes ou accords préalables, qu'il s'agisse d'un journaliste ou des membres d'une petite ONG ? A-t-on encore le droit de programmer un déplacement sans évaluer sérieusement toutes les conséquences possibles, ainsi que la situation scabreuse dans laquelle on risque de mettre le gouvernement de son propre pays ? Dans les circonstances actuelles, a-t-on encore le droit de mettre froidement à risques la vie d'accompagnateurs afghans, compte tenu du fait qu'aux yeux des talibans, la leur vaut bien moins que celle du ressortissant d'un pays Occidental qui occupe ou bombarde ?
Il n'y a pas encore très longtemps, partir comme free-lance, missionnaire ou coopérant signifiait seulement que pour une cause noble à nos yeux, comme celle d'informer, de convertir ou d'aider, on acceptait de mettre sa propre vie en danger. Mais le pacte s'arrêtait là. Maintenant, c'est différent. Est-ce réellement faire preuve de courage ou d’altruisme que de refuser de prendre conscience des grands risques qu'on fait courir aux autres ? Faut-il ingénument prêter main forte aux assassins ? Ne faut-il pas parfois savoir se retirer provisoirement, dans l'attente de revenir plus tard ? Ou, dans le cas des journalistes, chercher plutôt à reprendre au mieux les informations qui arrivent directement des habitants du pays en guerre ? D'autant plus que les envoyés spéciaux ne racontent pas souvent l'entière réalité. A mon avis, seule l'aide médicale a une excuse immédiate.
En attendant, la situation est angoissante. Pour les deux Français et les trois Afghans, hélas, la situation se présente assez mal, après que Karzaï, contraint par Romano Prodi à libérer cinq talibans, ait déclaré qu’il ne cèderait plus jamais. On ne peut que souhaiter ardemment qu’on trouve le plus rapidement possible une solution jusque-là inexplorée. Tous mes vœux les accompagnent. Qu'on suive et qu'on signe si cela est nécessaire, sans hésiter.
J'en profite pour saluer tous les hommes et femmes de bonne volonté, espérant encore et encore qu'un jour ce soit eux qui aient le meilleur.
Mots-clefs : Asie, Guerres, France, Italie, Médias, Occident
Commentaires et Mises à jour :
L'ultimatum expire ce soir !
Céline a été libérée cette nuit près de Kandahar
« Il n'y a pas de vocation à rester occuper un pays à long terme (...). Cela va d'ailleurs contre les valeurs de la France de respect de souveraineté, d'indépendance nationale et d'intégrité territoriale », a affirmé le ministre français des Affaires étrangères Philippe Douste-Blazy.
Façon de s'exprimer bien ... « diplomatique ». L'important c'est que les négociations continuent.
L'ultimatum pour la libération d'Eric et des trois Afghans repoussé de 24 heures
Nouveau report....
Report qui risque de traîner en longueur : Lire également l'article du Monde
Eric a été libéré !
Et les trois Afghans ? Philippe Douste-Blazy affirme que la France continue à se mobiler. Espérons qu'elle ne fera pas comme l'Italie.
Les trois opérateurs afghans ont été libérés !!!
Une sale affaire qui se termine bien ? Lire sur Le Nouvel.Obs en temps réel :
L'ONG Terre d'enfance confirme la libération des trois otages afghans : vu l'issue de la triste issue de l'affaire italienne, je m'en réjouis vraiment doublement !
En attendant la confirmation sur le site de Terre d'enfance...
Les talibans posent un ultimatum