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Blanc ou nul ?

Non, je ne suis pas en train de parler des prochaines élections législatives françaises (en parlerai-je vu que les Français à l’étranger ne voteront pas ?), mais des élections provinciales et municipales partielles en Italie, qui, ce dimanche-lundi, appellent un peu plus de 10 millions d’électeurs aux urnes pour désigner leurs présidents, maires (au suffrage universel dans les communes de plus de 15.000 habitants),  chefs de circonscriptions (les grandes villes sont divisées en circonscriptions), ainsi que tous leurs adjoints et conseillers.

 

Dans la ville où j’habite, - environ 200.000 habitants -, près de 1.400 candidats se présentent pour entrer à la mairie (40 seront élues), et 3.500 pour les 15 circonscriptions (300 seront élus) (1) ! Ça fait beaucoup de monde tout ça ! Un peu trop à mon avis. Parce que chacun veut « son » élu, celui qui, un pied dans la place, pourra lui donner un coup de main pour s’en sortir au mieux dans le marasme du grand désordre italien. Parce que, désormais, une charge politique est avant tout un emploi rémunéré à un minimum d’environ 1.300,00 Euros net par mois (en Italie tous les salaires des salariés sont au net de charges et d’impôts), ce qui, assurément est mieux qu’un nom sur la liste des chômeurs, qu'un travail au noir, qu’un CDD mal payé ou d’un CDI où vous ne recevez, chaque mois et même avec du retard, qu’un maigre acompte sur votre paie. En Italie, hélas, le phénomène est assez diffus. Mais pourquoi ne quittent-ils pas leur place ? Pourquoi ne s’adressent-ils pas à l’équivalent des Prud’hommes ? s’écriera-t-on. Parce qu'au sein d'un Etat qui ne fait rien pour contrer cette coutume malhonnête et ferme même les yeux, c’est ça ou le chômage - et ici le RMI n’existe pas -, c’est ça ou émigrer (et ici on n’a pas encore oublié le contenu de ce mot-là), ou c’est ça ou courir le risque de ne plus retrouver aucun emploi.

 

Ici, le maire sortant a de grandes chances de repasser au premier tour, car, je dois le reconnaître même si tout n’est pas de mon goût, la ville est loin d’empirer (à part pour les parkings !) ; il a donné un coup de pouce à la « presque création-légalisation d’emplois ; ici, zone mafieuse, il n’appartient à aucun clan ; et, pour finir, aucun autre candidat n'est à son niveau.  
Moi, cependant, je ne voterai pas pour lui, et son appartenance à un parti de droite est pour bien peu de chose dans ma décision. Par contre, le fait qu’il ait quand même profité de l’occasion pour s’attribuer à titre personnel la gestion du service des eaux de la ville (avec un salaire supplémentaire de 5.000 Euros par mois et des personnels très bien payés aux frais des contribuables), pour devenir le principal actionnaire de l’entreprise à qui il a donné la gestion du service de ramassage des ordures, pour s’entourer d’un service de presse de chef d’Etat, pour… etc…  me va de travers. Si on ne peut parler ni de corruption ni de malversation, il ne fait aucun doute qu’on peut parler d’oligarchie, de cumul des charges, et de démesure en ce qui concerne les coûts de la politique, même si tout cela est légal.

 

Vu que je reste convaincue qu'aller voter fait partie des devoirs d'un citoyen, je voterai donc blanc ou nul. Tout bien réfléchi, il vaut mieux que je vote nul, car le blanc, il n’est pas si difficile que cela de le récupérer lors du dépouillement. Et puis, vu qu’ici on vote au crayon, je pourrais peut-être en profiter pour écrire quelque chose d’autre qu’une croix ou un nom sur les draps de lit confusionnels(2) du système, comme par exemple : A bas le clientélisme ! Mais à quoi bon, vu qu'ici tout le monde est d'accord.

 


(1) Données fournIes par le JT régional de la RAI, la TV d'Etat. 
(2) Au bureau de vote, on m'a remis deux bulletins de vote avant que je n'entre dans l'isoloir : un plus ou moins format A4, l'autre mesurant 70 x 70 cm !

 

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Ecrit par ImpasseSud, le Dimanche 27 Mai 2007, 08:48 dans la rubrique "Actualité".

Commentaires et Mises à jour :

jojo
28-05-07 à 11:30

J'ai entendu dire qu'il y a tellement de candidats parce que pour le deuxime tour, ceux qui ne se présentent plus peuvent "vendre" "leurs" voix...
Le cumul des mandats... l'autre jour ils en parlaient au journal télévisé: les uns disaient qu'il fallait faire une loi contre ça, Berlusconi disait que c'était de la pure méchanceté et que ça ne servait qu'à faire taire l'opposition (poverino)... et le reportage finissait comme ça! Pas une fois les journalistes n'ont dit que c'était une loi qui existait déjà dans d'autre pays, ou bien que c'était une loi qui n'avait rien d'injuste! On laisse les auditeurs choisir leur camps, prenez l'avis qui vous plait le plus et basta! Ça m'eneeeeerve!!!

 
ImpasseSud
28-05-07 à 14:08

Re:

Moi, je ne suis plus aucun débat politique car j'en ai marre de cette rhétorique écoeurante. Si la clique de Berluconi y entre en lice, la conversation consiste essentiellement à se cracher du venin au visage, et si c'est la gauche qui y a la majorité, on assiste à un déballage de raisonnements plus faux l'un que l'autre, tant elle s'est déconnectée de la réalité de la partie de la population dont elle devrait défendre les droits et le pouvoir d'achat, ne visant plus qu'à jouer, en une sorte de club privé, à fonder un nouveau parti de vieux, de façon à ce que tous les vieux de la veille puissent se donner une place d'honneur (45 !!!) tout en laissant que les riches continuent à faire leur beurre. Vois-tu, moi, je ne suis plus très jeune, mais je crois que c'est la chose politique la plus indigne et la plus révoltante que j'aie jamais vue.

Par hasard, as-tu suivi sur RAI 3 Report (le dimanche soir à 21h30) le reportage de Riccardo Iacona « Pane e politica » ? A propos du marchandage des voix, c'est tout à fait illuminant et tout à fait réel. Si tu as la patience de suivre la 1a e la 2a puntata, tu te feras une idée exacte de comment fonctionne la politique ici au sud.... et avec la 3a, tu te rendras compte qu'il n'y a pas qu'au sud que ça marche comme ça, comme on voudrait souvent nous le faire croire, et que la modification de la loi électorale que le gouvernement de Berlusconi a fait passer a empirer les choses pemettant que les partis (et non pas les électeurs) choisissent leurs représentants au Parlement parmi les non élus.
L'année dernière, le hasard a voulu que nous rencontrions ce journaliste au cours de cette enquête... en pleine canicule comme il le dit.


 
jojo
29-05-07 à 17:34

Re:

Je n'arrive pas à voir les émissions depuis chez moi, mais je crois que c'est justement en en regardant une que j'ai entendu ce que j'ai mis dans mon dernier commentaire. En fait je dois dire que toute cette situation me déprime vraiment, il n'y a plus (nulle part) aucune retenue à la malhonnêteté et à la démagogie ! Et tout le monde s'en fout... Je parlais avec un ami italien de cette situation et j'ai eu droit aux réponses habituelles:
"c'est quand-même triste la situation en Italie (en parlant de Naples et de ses poubelles)
-ah, mais c'est partout pareil...
-non, je t'assure, il y a plein d'autres pays ou il n'y a pas toute cette corruption, où les choses fonctionnent mieux, où les jeunes sont mieux traités...
-ouais, mais dans ces pays ils ne s'amusent pas et ils mangent mal"

Désespérant !!!


 
ImpasseSud
29-05-07 à 18:53

Re:

L'emission que je t'ai mise en lien est acccessible via Internet, que ce soit avec IE ou Firefox. Mais de toute façon, à part deux ou trois petites choses positives sur Reggio (qui aurait au contraire tendance à s'améliorer), pour le reste, comme tu le dis si bien, c'est déprimant. Naples et ses poubelles, ça fait plus de 14 ans que ça dure !!!!  Une histoire pareille s'est-elle jamais vue dans un autre pays d'Occident ?!! Et les transports ferroviaires.... Ton billet était excellent ! Si ce n'était pour l'étalage du luxe personnel, il y a des moments et des endroits où on se demande si on est bien en Europe.

Bien que sceptique, car la gauche qui s'est présentée l'année dernière pour les élections législatives était une gauche, non pas renouvelée, mais faite des mêmes hommes politiques qui n'avaient rien fait de bon auparavant, j'ai quand même voulu espérer en un changement radical, l'Italie devant normalement, comme aimait se l'imaginer Indro Montanelli avant de mourir, en 2001, commencer « à guérir de la maladie Berlusconi ». Macché! C'est pire : pas le moindre signe d'un désir de changement, récupération d'un peu de rigueur et d'honnêteté, et on continue à laisser de côté tous les problèmes structurels du pays. L'arrogance a simplement été remplacée par l'affichage d'un mépris plein de suffisance envers tout ce qui n'est pas eux-mêmes et par la hausse des impôts et charges pour les classes moyennes et basses. Les gens se plaignent du matin au soir, accusent les immigrés de tous leurs maux, mais oublient tout dès qu'on leur parle de nourriture ou de foot, se contentant de subir sans rien dire ou de (pour les mieux protégés) continuer à faire leurs petites grèves habituelles qui ne dérangent que les utilisateurs, leur rendant la vie un peu plus difficile et un plus stressante, ou de courir à des manif idiotes, factieuses ou inutiles. Moi qui m'étais bien habituée à ce pays que j'aime, je le comprends de moins en moins. Toi, d'ci peu, tu vas le quitter, mais moi, c'est aussi le mien et celui de mes enfants et je me sens profondément démoralisée.... et souvent très en colère.


 
ImpasseSud
31-05-07 à 07:37

Résultats

Le maire est repassé avec 70,02 % des voix sur 82% de votants. Dans l'ensemble de l'Italie, il y a encore des communes en ballotage, mais parmi les élus la droite a légèrement avancé, reprenant 4 villes au nord, mais en perdant une en Sicile. De toute façon les résultats des élections municipales ne sont pas forcément symptômatiques. Ce qui est sûr, c'est que dans ma ville le candidat de gauche a brillé par sa nullité et son invisibilité presque totale, et cette vignette de Mauro Biani illustre on ne peut mieux la situation italienne du moment.

« La droite a essayé de jouer des coudes à gauche, mais ça n'a pas marché : il n'y avait personne. »


 
ImpasseSud
31-05-07 à 17:26

Pour se faire une petite idée de la politique en Italie

Cet article est illuminant, mais je me démarque des trois derniers paragraphes. Car je doute fort que des parlemantaires, dont une partie n'a pas élue par le peuple mais choisie arbitrairement par les partis au détriment des élus qui eux, sont restés à la porte, grâce à une loi électorale scélérate votée durant le gouvernement de Berlusconi visant à favoriser les partis. Comment ceux qui sont désormais hôtes des hémicycles sans être le produit direct de la démocratie, pourraient-ils décidé de voter une loi contre eux-mêmes ?