Alors que la France se réjouit de la Palme d’Or attribuée au film « Entre les murs » de Laurent Cantet, que j’espère bien voir, en Italie, on est très heureux des prix du Jury attribués à « Gomorra » de Matteo Garrone et à « Il Divo » de Paolo Sorrentino. Evidemment, l’Italie qu’on y dépeint, n’est pas ce que ce pays a de mieux (une partie de l'opinion publique a même fortement critiqué cette sélection), mais comme dirait le véritable Giulio Andreotti qui affirme ne pas se reconnaître dans le « divo » qu’on a tracé de lui (voudrait-il faire croire que ce film a été tourné sans son consentement ?! !) : « Meglio criticato che ignorato. » (Mieux vaut être critiqué qu’ignoré). Une phrase qui dépeint parfaitement cet ancien homme d'Etat, vestige éminnement ambigu, inoxydable et toujours en selle, d’une Démocratie Chrétienne qui, à travers lui, régna sur l’Italie pendant 40 ans ; l'un des ultimes témoins d’une Italie aujourd'hui méconnaissable.
Je ne veux pas clore ce billet sans rendre hommage à Roberto Saviano, l’auteur du livre Gomorra : Dans l'empire de la Camorra sans lequel le film homonyme ne serait jamais né, et dont on ne peut que déplorer l'absence à Cannes au dernier soir du Palmarès. Plus que jamais blindé, sous protection de la police, à 29 ans, voilà déjà deux ans qu’il a dû renoncer aux moindres espaces de vie privée. Ici, le film est déjà dans les salles, et en Campanie, la population, victime directe ou indirecte de la Camorra, applaudit à chaque fin de séance. On applaudit si facilement aujourd’hui, mais après ?
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J'attens de voir : "entre les murs"