Alors qu’Ernesto Guevara n’a pas encore vingt-quatre ans, las de ses études de médecine, il décide d’accompagner son ami, Alberto Granado, médecin depuis quelques années mais encore en pleine spécialisation sur la lèpre, dans un voyage vers l’Amérique du Nord, de l’Argentine au Venezuela, avec
Le livre commence ainsi : « Il ne s’agit pas d'un récit d’exploits impressionnants, ni même de ce qui pourrait ressembler à « un récit un peu cynique ». En tout cas, ce n’est pas le but. C’est une portion de deux vies racontées au moment où elles ont effectué ensemble un parcours spécifique, avec la même identité d’aspirations et de rêves. Un homme, en l’espace de neuf mois de sa vie, peut penser à beaucoup de choses, des plus hautes spéculations philosophiques aux halètements le plus bas pour une assiette de soupe, en totale corrélation avec l’état de vacuité de son estomac. Et si, en même temps, il a en lui l’âme d’un aventurier, dans ce laps de temps il peut vivre des moments qui résulteront sans doute intéressants à d’autres personnes, et dont le récit sans parti pris pourrait être quelque chose de semblable à ces notes. »
Ici, il n’y a encore rien du « Che » que connaît le monde entier. Si Alberto a déjà des idées politiques, Ernesto, plus jeune et plus réservé, en est encore au stade de la découverte, de l’observation, et on suit un voyage fait d’aventures et d’émotions mêlées à un nombre infini de réflexions sur les mille aspects de l’Amérique latine, une estimation des œuvres de la colonisation, la misère des Indiens, les conditions des ouvriers des mines de cuivre aux poumons empoisonnés et le courage des premiers communistes, l’abandon dans lequel se trouve les léproseries… sans soucis malgré une santé délicate, avec la malice et l’espièglerie de l’âge qui permettent aux deux amis de convaincre les gens à les aider mais aussi à se sortir de bien des situations picaresques.
Ce journal d’Ernesto Che Guevara, dont le manuscrit fut découvert après sa mort à 39 ans, en 1967, a été réélaboré par lui-même sous une forme narrative grâce à ses notes de voyage. « Le personnage qui a écrit ces notes est mort quand il est revenu poser le pied sur la terre d’Argentine, et celui qui les remet en ordre et les épure, c’est-à-dire moi, n’est plus moi. Tout du moins, il ne s’agit plus du même moi intérieur. Ce vagabondage sans but à travers notre « Amérique Majuscule » m’a changé plus que je ne l'aurais cru. »
A lire absolument car c'est passionnant! Et puis aussi si on veut en savoir un peu plus sur ce mythe qu'est le «Che», mais surtout pour avoir un aperçu des voyages à l'époque où ils formaient encore la jeunesse.
Mots-clefs : Amérique latine, Livres, Voyages
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Le film
Re: Le film
Ton commentaire aiguise ma curiosité :
1) dans le livre, il n'y a pas de moments décisifs qui fassent "basculer" les deux hommes. Leur voyage suit un parcours tracé dès le départ (y compris les mines de cuivre et les léproseries), et si Alberto part déjà avec des idées politiques un peu engagée (Ernesto a souvent peur de ce que son ami va dire dès qu'il prend la parole quelque part), le regard d'Ernesto est plutôt "aseptique" si l'on peut dire. Lors de la correction de ses notes, il s'en rend compte vu qu'il juge nécessaire de préciser que si elles semblent cyniques, le cynisme n'était pas son but. A Caracas, alors qu'il s'est sépraré d'Alberto qui reste, il pense à son retour à Buenos Aires, à la reprise de ses études, à l'obtention de son diplôme.
Ce n'est que dans une annotation en marge, à la fin du livre, qu'il parle d'une rencontre étrange, dans un village de montagne, sous une nuit étoilée très froide :
(je traduis) « Le visage de l'homme se perdait dans l'ombre dont émergeaient seulement le scintillement de ses yeux et la candeur de ses quatre dents antérieures. Aujourd'hui encore, je ne saurais dire si c'est le lieu ou la personnalité de cet individu qui me prépara à recevoir la révélation, mais je sais que les mêmes arguments, je les avais déjà entendu maintes fois dans la bouche de personnes différentes et qu'ils ne m'avaient jamais impressionnés....»
2) Personnellement, je n'aime pas beaucoup les mythes, et par le passé, malgré mon orientation politique à gauche, je n'ai jamais été attirée par cet homme. Il y a près d'un an, cependant, j'ai vu à la télé une émission où on retraçait sa vie, et le personnage a commencé à m'intéresser. Ce livre n'est que l'étape suivante, et il m'a convaincu à continuer. Les hommes peuvent avoir de l'ampleur, les mythes non, ils ne sont que des fabrications.
Je te conseille vivement de lire le livre si tu ne l'as pas fait. Et, si le film passe à la télé, je ne manquerai pas de le regarder, car, en plus, j'aime bien le metteur en scènes de « Central do Brasil ».
Re:
Je l'ai manqué de peu lors de sa sortie au festival du cinéma à Paris en juillet 2004. Je vais voir si je peux le louer près de chez moi.
Gabriel Garcia Marquez! Bien sûr qu'il vaut le détour. Ses histoires tellement chaudes, ses personnages si colorés. Par contre j'ai eu du mal avec "Journal d'un enlèvement"... Cela me fait penser à Ingrid Betancourt.
El Che
Force m'est de reconnaître que de ce livre, l'existenc point ne connaissait! Par contre vous assurer je puis que de me le procurer essayer!
Car connaissant le personnage, et ayabt intérêt pour ce homme de grande envergure, ayant beaucoup lu sur lui, tant en espagnol qu'en anglais et en francais, je ne puis ne pas etre intéressé a cette publication qui me servira a le connaitre encore un un peu plus!
Car comme il est dit dans une des chanson du poète Alberto Cortes:
"Alguna gente se muere,
para volver a nacer,
Y el que tenga alguna duda,
que se le pregunte al Che!"
Re: El Che
Il ne me reste plus qu'à vous souhaiter une bonne lecture... dès que vous vous serez procuré ce livre.
A lire !