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Faire sauter les femmes (1)
--> Femmes tchétchènes

Tout le monde s’est dit horrifié par la boucherie sans pitié qui, récemment, a eu lieu à l’école de Beslan in Ossétie du Nord. La surenchère et les homélies contre les horreurs des terrorismes tchétchène et islamiste sont même arrivées à des envolées lyriques jamais atteintes jusque-là. S’en prendre à des enfants ! La barbarie n’avait plus aucune limites! Pour ma part, cependant, je n’ai rien éprouvé de plus que ce qui me tort les boyaux et me retourne l’estomac tous les jours, à chaque fois que je vois la photo d’un être déchiqueté, d'une personne maltraitée ou d’une mère, d’une épouse, d'un enfant qui pleurent ou restent prostrés dans une douleur sans remède. Où était donc cette escalade dont nous ont parlée les médias ? En Afghanistan, en Irak (les sacrifiés de Saddam mais aussi ceux de Bush), en Israël et en Palestine, au Darfour, au Congo, en Uganda, en Amérique centrale et dans toutes les révoltes contre l’oppression, épargne-t-on les enfants ? Alors, pourquoi ces airs atterrés, ces larmes de crocodile, ces visages laqués, vu qu’on ne fera rien pour que quelque chose change?

 

Mais venons-en à la . Tout d’abord, d’après ce que j’ai lu, le drame de Beslan serait une tragédie caucasique, où aucun des terroristes n’était Tchétchène, mais plutôt originaires des multiples républiques ou sous-républiques de la région du Caucase (Ingouches entre autre), sous la botte officielle ou réelle de Moscou, désormais incapable d’exporter autre chose que la corruption, la violence, la souffrance. 

Je dois avouer qu’il m’arrive de comprendre ces actes désespérés. Non pas que je leur donne raison, loin de là ! Mais il me semble qu’il y a des horreurs, des douleurs au-delà desquelles l’être humain n’est plus capable de raisonner, et où, effectivement, le seul choix qui lui reste est de donner un sens à sa mort. Et comment les religions osent-elles émettre des jugements de valeur, alors que ce sont elles, les premières, qui encouragent ces actes intégristes ?

Il  reste cependant une question que je me suis posée pendant très longtemps sans être capable de lui trouver une réponse : comment est-il possible que les qui donnent la vie et dont la douleur la plus grande est de voir mourir leurs propres enfants encouragent parfois ces sacrifices, ou, encore pire, en soient elles-mêmes les protagonistes pour semer la mort ?

« Fanatisme religieux » est la réponse classique. En réalité, cependant, la religion n’y a pas un grand poids car l’histoire personnelle de ces femmes raconte bien autre chose…

 

Pendant un an, entre 2002 et 2003, une journaliste russe, Julija Jusik, a parcouru la Tchétchénie pour comprendre d’où venaient les jeunes filles ou femmes (parfois des mères) qui s’étaient faites sauter au cours de différents attentats. Elle est allée parler avec leurs parents ou ceux qui avaient partagé leur vie durant leurs derniers mois, elle a reconstruit les passages qui les ont amenées à devenir des « shahidki » ou « femmes martyres ». Le résultat de cette enquête est recueilli dans un livre, Les fiancées d’Allah, publié à Moscou par l’éditeur Ultracultura (2003), dont la traduction paraîtra au printemps prochain en Italie.

Les kamikazes « ont été crées sur mesure », déclare Julija Juzik. "Dans l’histoire des guerres du Caucase,  il n’y a jamais eu un seul Tchétchène (et encore moins une Tchétchène) qui se soit couvert d’explosifs, et cela depuis plusieurs centaines d’années. Ils combattaient, ils ne faisaient pas de martyrs. En Russie, on aime faire la comparaison entre la Tchétchénie et la Palestine. aussi, il y a des femmes kamikazes, mais la différence, c’est qu’en Tchétchénie, aucun homme ne se fait sauter. Ils donnent trop de valeur à leur vie. En Tchétchénie, seules les femmes meurent… et bien souvent sans le vouloir."

Plus que l’Islam, dans les destins de ces jeunes femmes, ce qui compte, c’est la structure sociale traditionnelle à laquelle elles sont soumises : « Parmi elles, peu nombreuses étaient celles qui étaient vraiment croyantes et pratiquantes. Toutes les autres avaient une raison personnelle ou, plus simplement, n’avaient pas d’autre choix. »  Le martyr ? "En Russie, les femmes Tchétchènes kamikazes ne se suicident pas. Ce sont les hommes qui, à distance, les font sauter, comme des lâches."

Dans son enquête, Julija Jusik a recueilli des détails très précis sur les camps d’entraînement d’où provennaient les jeunes femmes qui sont allées mourir dans le théâtre de Moscou en octobre 2002. Elles venaient de deux villages de montagne que, elle l'a découvert, la police spéciale russe connaît parfaitement. Elle a recueilli des informations sur les nouveaux camps d’entraînement. Dans la première édition (russe) de son enquête, elle a même eu la possibilité d’avertir les lecteurs : « les prochaines « bombes vivantes » arriveront de là ». Elle y citait les noms, les lieux : « Je savais même que les leaders des bandes armées avaient reçu un ordre pour l’envoi de femmes martyres, pour une action programmée à la fin de 2003 et au début de 2004, à la veille des élections présidentielles russes. Et c'est ce qui s'est passé. » Mais pourquoi, se demande-t-on, les services russes laissent-ils faire ?

Elle décrit les « recruteurs » des futures martyres. Ils choisissent surtout celles qui n’ont personne qui puisse les protéger, les défendre : "des jeunes femmes dont les liens avec la famille ou le clan ont été détruits, ou orphelines de père ; les soeurs ou les veuves de combattants tués, mais également des femmes dont les familles sont très pratiquantes ou wahhabites… "

Les forces spéciales russes connaissent les recruteurs, et cependant, ils ne les arrêtent pas. Cela voudrait-il dire que cette guerre sert à quelqu’un ?

 

Voici deux histoires terribles qui lèvent un peu le voile sur le mystère de ces femmes :

Azja, la veuve poussée par la haine, et Zarema, mariée sans son consentement.

 

(Sources : Il Manifesto)

 

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Ecrit par ImpasseSud, le Mardi 14 Septembre 2004, 17:13 dans la rubrique "Actualité".

Commentaires et Mises à jour :

PierreDesiles
15-09-04 à 08:08

Bonjour, ImpasseSud, tu as pratiquement tout dit sur les différentes émotions succitées par ces barbaries perpétuelles. Tu connais mon opinion sur l'espèce humaine...Dieu doit ne doit avoir que des cheveux blancs car c'est de pire en pire!

Je suis d'accord avec toi sur l'interrogation à l'égard de ces femmes devenues kamikazes.

Il faut vraiment être au "bout du rouleau" et avoir perdu son âme en ayant comme seules ressources ces causes désespérées! Ces femmes qui ressemblent à toutes les femmes de la terre en donnant la vie, en élevant ses enfants, comment en sont-elles arrivées là?

Il faut qu'elles en aient vue des atrocités pour haïr le monde de les abandonner à leur sort.

Il faut qu'elles en aient subi comme humiliation, séparées de leurs maris, pères, fils, frères et autres hommes enlevés ou tués...et je pense que les femmes doivent payer un lourd tribu aussi en viols comme dans chaque guerre humaine, où toutes les valeurs perdent leur sens.

Parenthèse:C'est vrai que si on écoute les infos, il n'est pas un jour où il n'y a pas d'annonce de morts causée par des explosions d'attentats, de bombardements ou de massacres, avec comme réponses des prises d'otages, des tueries etc... Je pense que quelque part, la presse a sa part de responsabilité, car la violence y est de plus en plus banalisée, et un J.T. ne fait plus recette s'il n'annonce plus des "infos chocs"...voir CNN qui passe en boucle des vidéos catastrophes...En asie, en Inde sur les chaînes TV, on ne voit que des reportages positifs de gens qui réussissent dans le travail, dans le sport etc... et quelques brèves nouvelles sur les "infos chocs". Pourquoi le monde occidental, soit disant pacifique, et démocratique, se gargarise t-il de ces infos malsaines? A qui profitent tous ces conflits, sinon au seuls "marchant de canons"et à ceux qui les fabriquent?...

Pour ce qui est des femmes tchétchènes, combien de morts et de familles rayées de la carte faudra t-il encore, pour que le drapeau de l'indépendance et de la liberté se lève enfin bien haut???

Doit-on toujours payer en vie humaine la liberté de tout un peuple au 21 siècle???

 


 
ImpasseSud
15-09-04 à 08:30

Re:

Hélas, au XXI siècle la barbarie est toujours la même, peut-être un peu plus sophistiquée, c'est tout. Seule la technologie progresse au cours des siècles. Quant à l'homme, il reste malheureusement égal à lui-même, avec son ambiguité dont une des tendances émerge plus que l'autre, selon les époques.

Ce que je trouve très intéressant dans ton commentaire, c'est ton information à propos des chaînes TV d'Asie. Depuis quelques mois, je ne sais pas ce que je donnerais pour entendre ou lire, finalement, quelques nouvelles positives, qui nous redonne un peu d'espoir dans le genre humain. C'est peut-être pour cela que, du point de vue économique, certains de ces pays sont en train de faire des bons en avant assez étonnants (je pense à l'invasion du commerce chinois), alors que l'économie occidentale est en pleine crise... et risque même de se faire manger. 
Par contre, du côté humain, il ne me semble pas que les gens soient bien différents. Les conflits internes y sont très nombreux là aussi, et la condition des femmes y est plutôt désatreuse.


 
tagliamento
15-09-04 à 08:58

Re: Re:

Le terrorisme aveugle sert toujours des intérêts cachés, comme le disait très justement Happy.

 
ImpasseSud
15-09-04 à 09:53

Re: Re: Re:

Les soifs de pouvoir de Bush, de la France en déclain, d'Al Qaida, de la Chine qui monte ou de Poutine dans le cas présent, sont-elles si cachées? Autrefois peut-être, avant que l'information ne se transforme en déluge. Mais aujourd'hui?
Que les femmes dont je parle n'aient plus aucun choix, je peux le comprendre, mais nous? Tous ces puissants n'arrivent pas au pouvoir grâce aux seules voix des riches.


 
tagliamento
15-09-04 à 11:30

Re: Re: Re: Re:

Justement...