Dans un monde désormais insensé, quoi d’autre de plus sensé que des vœux insensés. Au passage de l’an, j’étais bien embarrassée, je n’avais aucune envie de formuler quoi que ce soit, pas plus pour moi que pour les autres. Dans un monde insensé et sans courants réactionnels sensés, on finit par vivre d’une façon insensée, au jour le jour et sans projets, sans grand espoir que les choses s’améliorent. Et puis j’ai reçu ces vœux d’Emergency :

« Le décours aveugle et obtus du temps nous impose, après les fêtes, de revenir à la vie quotidienne, pendant que de Gaza nous arrive chaque jour le spectacle de la mort quotidienne.

Si demander de l’humanité ressemble à demander l’impossible, construire l’impossible est le seul vœu sensé pour l’an nouveau. Si le cœur vous en dit, ensemble nous nous apprêtons à cette impossibilité à laquelle nous ne saurions renoncer. »

« Ensemble », c’est le mot qui m’a frappée, réchauffée… en ces temps à la première personne. « Ensemble », c’est sans doute le mot qu’on a le plus oublié ou corrompu. « Ensemble », cela va au-delà du coup de pouce que l’on donne volontiers, financier ou en personne (qu'il ne faut surtout pas interrompre).

Ce qui ne signifie absolument pas qu’il faille renoncer à une vie normale aux aspirations normales. En novembre et décembre 2008, en Italie, la Banca Etica (en fr.) a vu sa clientèle augmenter de façon exponentielle*. Cette affluence étant trop massive pour que tous ces nouveaux clients appartiennent à ceux que les classiques banques-requins rejettent, il est clair que bon nombre d’entre eux, enfoncés par de mauvais conseils ou tout simplement écœurés par les malhonnêtetés et les abus que la crise financière a mis à nu, ont tout simplement changé de banque, et pas seulement pour une question d’argent.

Ici, « ensemble » signifie changer de mentalité, renoncer à la mode de l’individualisme, du après moi le déluge. « Ensemble », c’est décider de récupérer le concept de confiance. Car il existe une façon honnête de bien gagner sa vie, il existe une façon honnête de jouir de la nature, de sa beauté et de ses richesses, il existe une façon honnête de partager les progrès sociaux et ceux de la science, il existe une façon honnête de gérer travail, qualité, compétence, capacités, opportunités et bonnes volontés. Et enfin, il existe des façons honnêtes de gérer un Etat, mais cela commence justement par le concept « ensemble », celui qui inclut toutes les couches de la société. Nous sommes déjà si nombreux à désirer tout cela. Pourquoi ne pas redécouvrir que c'est souvent une question de choix ?

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