C'est ce qu'aurait répondu la CTA à la CITGO. J’adore ce genre d’histoire que les médias ne nous racontent pratiquement jamais, bien trop occupés qu'ils sont à complaire au pouvoir en place ou à satisfaire telle ou telle tendance nombriliste. Dans celle qui suit, il est évident que le geste du Venezuela n’est pas exclusivement dicté par l’altruisme, mais peu importe puisque ce sont les plus pauvres qui en bénéficient. Voici les détails de cette affaire :
En ces temps où le prix du pétrole ne cesse de monter, beaucoup de monde aimerait pouvoir bénéficier d’un prix réduit pour acheter son carburant, même aux Etats-Unis. Et pourtant, il semble que cela n’intéresse pas la Transit Authority de Chicago (CTA), le service public qui gère le réseau des transports en commun de la ville, puisque ses dirigeants viennent juste de décliner l’offre de la CITGO, la société pétrolière contrôlée par le gouvernement vénézuélien, au sujet d’une fourniture de gasoil à bas prix pour aider les personnes les plus pauvres qui doivent faire la navette tous les jours pour aller travailler.
En octobre dernier, les représentants respectifs de la CTA et de la CITGO s’étaient rencontrés. Sur le plateau, la compagnie vénézuelienne avait mis du gasoil à moitié prix pour les autobus, mais à la condition sine qua non que le montant en dollars économisé par la CTA soit utilisé pour émettre des billets et des abonnements à prix réduits pour les plus pauvres. Deux mois plus tard, la CTA a annoncé par l’intermédiaire de son porte-parole Ibis Antongiorgi qu’ « elle n’a pas l’intention d’accepter cette offre ». Encore pire, les habitants de Chicago auront même droit à une augmentation de 25 cents par billet à partir du mois prochain, pour essayer de combler le déficit de la compagnie.
Ce n’est pas la première fois que le gouvernement d’Hugo Chavez fait des offres de cette sorte aux USA par l’intermédiaire de la CITGO. En novembre dernier, cette dernière a conclu un accord avec deux compagnies no-profit du Massachusetts, qui a vu la vente de 45 millions de litres de kérosène (pour le chauffage de cet hiver) à 45.000 familles à bas revenus à un prix réduit de 40 %. Peu après, la CITGO a conclu un accord semblable avec le Bronx, ce district de New York où près de la moitié de la population est d’origine hispanique. Là, trois autres organisations no-profit distribueront 18 millions de litres de kérosène pour le compte de la CITGO, avec un escompte de 45 % par rapport au prix du marché. Cet accord permettra à chacune des 8000 familles qui en bénéficieront d’économiser 500 dollars.
Alors, se demande-t-on, pourquoi la CTA refuse-t-elle cette aide ? Tout simplement parce que ce n’est pas une ONG, mais une organisation gouvernementale qui dépend de Washington. Quelques semaines après la proposition vénézuélienne, le gouvernement fédéral lui a fourni la somme qu’elle demandait depuis des années pour améliorer ses infrastructures. Un hasard ? Mais pour l'instant les pauvres de Chicago devront une fois encore s’arranger avec l’indifférence du courant actuel envers les classes les plus démunies. Heureusement que « la CITGO ne démord pas et pense déjà à étendre ses initiatives à d’autres Etats des Etats-Unis. Sur son site, elle déclare qu’elle est déjà en train de tâter le terrain dans le Maine, le Connecticut, Rhodes Island et en Pennsylvanie ». Que dit l’administration Bush de tout cela ? Pas un mot ! Entre les deux pays les coups de bec continuent, mais tant que le commerce du pétrole bat son plein….
(Sources : « Lei non è gradito » Alessandro Ursic, Peacereporter)
Quand il s'agit d'aider les plus pauvres, je pense qu'il n'est pas forcément nécessaire de connaître tous les « pourquoi » et les « comment », il suffit de souhaiter bonne chance à la bonne volonté. En attendant, combien j'aime l'émergence de cette Amérique latine, même si elle s'accompagne de nombreux pas incertains, après que pendant si longtemps on lui ait tenu la tête sous l'eau!
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