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Inoué Yasushi « Une voix dans la nuit », (1967)

Chinuma  Kyôshirô, enseignant érudit et maire à la retraite, veuf depuis des années, passionné par les livres anciens mais surtout par le Manyô-shû, le plus ancien des recueils de poésie classique du Japon, quitte parfois son village pour se rendre à Tokyo au moment de l’exposition-vente que les meilleurs libraires de la capitale organisent chaque année. Depuis son dernier voyage, cependant, dix mois auparavant, tant de choses ont changé.

 

On a construit de nouvelles routes où les voitures et les camions se pressent, tout le monde court, des immeubles ont poussé et poussent encore au milieu du grincement des grues, les rues ont changé et même les appellations des commerces ont été modifiées, tout cela dans un bruit qu’il trouve infernal. Il descend chez son fils aîné, Jin.ichi, père de la délicieuse Sayuri âgée de deux ans et quatre mois. Si le rapport qu’il entretient avec sa famille est plus que formel, il semble par contre qu’une entente profonde, instinctive et immédiate naisse entre le grand-père et sa petite-fille.

Le lendemain de son arrivée à Tokyo, Kyôshirô se rend à l’exposition en cours avec une grosse somme d’argent qu’il doit prêter à son beau-frère, mais qu’il n’hésiterait pas à dépenser s’il trouvait une pièce rare. Ne voyant rien d'intéressant, il sort et va acheter des petits chaussons pour Sayuri. Alors qu’il se dirige à pied chez son beau-frère, il est renversé par une voiture et hospitalisé. Il en sort indemne, mais c’est à partir de là que tout commence, car une voix lui dit que sa mission est de combattre les « démons », c’est-à-dire le bruit et la frénésie de changements qui se sont emparés du Japon. Rentré chez son fils, il décide de partir avec sa petite fille, sans rien dire, à la recherche d’un lieu idéal où elle puisse grandir et s’épanouir. A ce voyage s'associent très vite deux personnages rencontrés par hasard, Tchatcha, une jeune fugueuse et un chauffeur avec son taxi. Ensemble et dans la plus grande harmonie, ils suivent les routes qui mènent aux lieux évoqués dans le recueil poétique qui le passionne.

 

On est tout de suite pris par le charme poétique et prophétique de cette oeuvre de Yasushi Inoué, mais surtout par l’entente innée et presque intime de ces quatre personnes. Et au fur et à mesure que l’histoire avance, on est partagé entre le suspens relatif à un enlèvement qui vous tire de l’avant, et la douceur poétique qui vous saisit complètement, et fait que vous souhaitez retarder le plus longtemps possible l’arrivée au dénouement.

 

Un roman enchanteur que je vais ajouter à la liste des livres à relire pour leur simple beauté.

 

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Ecrit par ImpasseSud, le Dimanche 24 Juillet 2005, 17:51 dans la rubrique "J'ai lu".

Commentaires et Mises à jour :

Florence
25-07-05 à 21:46

Votre billet donne des envies de lecture. Au delà du "charme poétique et prophétique", peut-on aussi parler du charme "métaphorique" de l'oeuvre ? A découvir ou redécouvrir. 

 
ImpasseSud
26-07-05 à 06:54

Re:

Oui, tout à fait. Je n'y ai pas pensé parce que ce que j'ai ressenti en lisant ce livre était tellement proche de ce que je ressens dans la vie normale, au sujet du bruit et de l'agitation des gens en particulier, que j'ai eu l'impression, non pas d'une métaphore mais de quelque chose que je connais parfaitement. :-)