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Le dernier jeu

C'est de passer pour un mendiant pendant 48 heures, afin de savourer pleinement tous les délices de cet état, la faim, le froid, la difficulté de tenir propres soi-même et ses vêtements, sans oublier la honte, les rebuffades, la promiscuité ou la solitude avec tous les risques, les blessures physiques et morales.... et, comble de la jouissance, en payant l'équivalent de 220 Euros. Par contre, pour ce prix-là, personne ne vous garantit un futur incertain. C'est ce que nous explique un article paru dans Le Monde d'hier.

 

Bien que je fasse encore partie des gens capables de s'indigner, j'ai du mal à trouver le mot juste pour exprimer l'immense dégoût que j'éprouve pour une société capable d'"institutionnaliser" un tel mépris pour les plus démunis... Je voudrais que les candidats courent le risque de tout perdre, y compris l'espoir de jamais s'en sortir, comme c'est le cas pour la plupart de ces malheureux. Qu'est-ce qu'une pauvreté de deux jours? Est-il si difficile de rester deux jours sans manger, sans se laver ni changer de vêtements, en ayant froid et en se faisant bousculer... quand on sait que tout cela a une fin ou qu'on pourra toujours démontrer une autre identité? Et quel mal peut bien faire une insulte adressée au personnage que l'on "joue"?

 

J'ai de plus en plus souvent honte de la société qui est la nôtre, et de la décadence qui sans autre la caractérise. Pendant que des centaines de millions de personnes meurent de faim, pendant que les guerres que nous finançons font des millions de morts, pendant que les maladies que nous refusons de soigner sont la cause de millions de décès, pendant qu'on torture, piétine ou anéantit des populations entières, pendant que pour notre confort nous nous approprions sans vergogne de toutes les ressources et de tous les biens de consommation de la planète, nous, gens civilisés, peuples démocratiques, nous jouons.

 

Cela a commencé par le karaoké. Je reconnais que chanter en choeur ou avec un accompagnement dilate les poumons et infuse un peu de chaleur humaine. Donc rien de négatif de ce côté-là. Mais que dire de Big Brother (qu'on l'appelle Loft Story ou Grande Fratello), de Star Academy, de Survivor, de Bachelor, des Flash Mob, de la libération d'un livre, etc. et actuellement de "la Ferme" qui apparemment est en train d'offenser les agriculteurs? Sans parler des SMS qu'on envoie du matin au soir et même de nuit pour ne pas rompre le charme et participer. Et voilà qu'on vient de lancer un nouveau jeu : le stage de mendiant!

 

Qui d'entre nous, étant enfant, n'a pas goûté aux jeux de rôles, entrant pendant quelques heures voire même une saison dans la peau d'un personnage, héros ou perdant, exerçant sa propre habileté, astuce ou force selon son bon plaisir et ses possibilités? A un certain point, cependant, en principe vers la fin de l'adolescence, tout le monde comprend que le temps du jeu est terminé. Ce n'est pas une question de discipline ou d'imposition, il s'agit plutôt d'un désintérêt naturel, dans l'ordre des choses, d'un temps spécifique que l'on a consummé. Alors comment expliquer qu'une portion notoire de la population, aujourd'hui, continue à vouloir jouer, à tout prix, à n'importe quoi et à tout les âges? S'agit-il d'un refus de la réalité? Veut-on formater les cerveaux à l'indifférence ou à la notion du tout-permis, piétinant les plus élémentaires notions de respect envers les autres, mais encore plus envers ceux qui souffrent, afin qu'on finisse par trouver normales l'absence de scrupules et la richesse, et méprisables la réserve, la délicatesse, la malchance et la pauvreté?

 

Ici, on se moque du respect humain le plus élémentaire, on instaure en normalité et en règle de vie le mépris pour les plus démunis, les moins habiles, les plus déshérités. Pour ma part, je refuse catégoriquement d'entrer dans le système, et dans mon entourage, heureusement, je ne suis pas la seule, quel que soit l'âge. Cependant, vu que rien ne change mais qu'au contraire la panoplie de ce genre de jeux infames s'élargit sans arrêt, touchant, comme dans le cas présent, les secteurs les plus impensables, je me demande quand même si nous sommes bien nombreux à avoir encore une certaine foi dans le genre humain.

 

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Ecrit par ImpasseSud, le Vendredi 7 Mai 2004, 21:58 dans la rubrique "Actualité".

Commentaires et Mises à jour :

PierreDesiles
09-05-04 à 08:54

Jeu pour débiles!

Dommage, j'avais écris un long texte hier soir et je vois qu'il n'a pas été pris en compte, certainement que Biz a fait le transfert en même temps sur le nouveau serveur. Je vais essayer de retrouver mes phrases.

Bonjour, ImpasseSud, je voulais te dire que moi aussi j'étais outré par l'information donnée par ton article, mais qu'en même temps venant de l'être "humain" plus rien ne m'étonne.

L'Homme en général ne tire aucun profit de son histoire, qu'il a souvent arrangé à son avantage en prouesses glorieuses, au détriment de la réalité que l'on découvre plus tard, en fouillant les coulisses de cette même histoire et dont ils s'en défendent car la vérité n'est pas toujours bonne à dire.

Nous sommes des adultes et sommes en principe aptes à faire la part des choses, mais qu'en est-il de nos enfants abreuvés de toutes parts par toutes ces vérités qui blessent ou autres contre-vérités qui brouillent les pistes. Qui croire pour leurs cerveaux malléables à loisir, entre  tous ces donneurs de leçons aux pouvoirs infinis, décideurs du sort du monde et nos simples conseils de parents responsables de leurs quotidiens?

Les médias ont d'un côté un devoir d'informer et de l'autre un devoir de réserve, bien souvent le premier prend le pas sur le second, au détriment d'une morale qui n'existe plus que dans le dictionnaire pour ceux qui veulent encore le lire. L'exemple des dirigeants actuels aux pouvoirs aux USA, montre à quel point l'ignominie ne gêne en rien leurs conduites à mener en bateau le peuple du plus puissant Etat, avec à la clé, un semblant d'excuse de la part d'un homme qui a fustigé Saddam Hussein pour ses exactions alors que les prisons US en Irak en sont la continuité!

""C'est de passer pour un mendiant pendant 48 heures...en payant l'équivalent de 220 Euros.""

Comme tu avais dit, ImpasseSud, après les 'Reality Show' on pensait avoir vu le pire, et bien on est encore loin du compte! Pour moi, ce nouveau "jeu" est la plus grande insulte que l'on puisse faire à tous ces pauvres gens!

jeux de mains ...jeux de vilains !

jeux de mendiant...jeux d'humains!

Il n'y a que l'Homme sur cette Terre capable de tels actes!

""je me demande quand même si nous sommes bien nombreux à avoir encore une certaine foi dans le genre humain.""

Personnellement, je perds peu à peu l'espoir de voir l'Homme s'améliorer en profondeur, car sa conduite n'a pas changé depuis des siècles et je m'accroche à l'espoir, que, seul le créateur de l'Univers et de cette petite Terre tourmentée, puisse un jour réviser sa copie!

 


 
ImpasseSud
09-05-04 à 11:23

Re: Jeu pour débiles!

Je viens de lire cet article sur les glissements progressifs de la télé-réalité qui met en évidence un facteur de "lassitude" diffus au sein de la population, qui désormais incite à laisser faire ou à suivre, comme des moutons de Panurge, pour un grand nombre de raisons dont je ne peux pas faire la liste ici. "Qui ne dit mot consent", dit le proverbe. Le drame, c'est que même ceux qui se veulent les plus sérieux dérogent : Le Monde et Libération n'ont pas peur de mettre en tête de page le fait que 50 millions de téléspecteurs américains ont regardé le dernier épisode de "Friends", comme si cet évènement était important pour les Français, ou avait un autre but que celui de remplir les poches des producteurs et des agents publicitaires.

Pierre, tu as l'air de dire que l'homme a toujours été pareil. Pour ma part, je ne le crois pas, car dans l'homme, s'il y a le pire, il y a aussi le meilleur. Tout au long de l'Histoire, on retrouve des hauts et des bas, des périodes constructives, pleines d'espoir, et d'autres qui glissent inexorablement vers une profonde décadence dans laquelle "l'élite" qui gouverne et donne l'exemple est de plus en plus débauchée, vénale, pleine de mépris pour ceux qui ont moins de chance qu'eux, piétinant sans vergogne toutes les valeurs et les besoins essentiels, trouvant des excuses fintes ou une entourloupette quelconque (pour faire croire à l'idée de démocratie) quand elle est mise au pied du mur, alors qu'il y a longtemps qu'elle n'écoute plus "la voix du peuple". Et c'est ce qui se passe actuellement.

Mais les temps ont changé. Nous n'en sommes plus au temps de l'Empire Romain déchu parce que, justement, il en était arrivé au stade "du sang et des jeux". Tant que ces periodes de "dépression" ne touchaient qu'un seul pays, qu'un seul type de civilisation, il y avait toujours d'autres pays ou civilisations qui, vivant une période plus positive, compensaient cet état de fait. Mais aujourd'hui, le symptôme est planétaire parce que l'hégémonie est unique, et ce ne sont certainement pas l'Islam ou les totalitarismes qui peuvent nous proposer une solution alternative. La seule solution qui reste, c'est la solution altermondialiste, mais il n'est pas facile de faire comprendre aux gens qu'il est grand temps qu'ils reprennent leur vie en main, surtout quand les nouvelles générations, ne connaissant rien d'autres, prennent pour bonne la qualité de vie actuelle. Et alors?

 
castor
09-05-04 à 23:46

Du danger de la javanaise.

J'ai déjà rencontré ce concept, il y a quatre ans environ.

Mais bon, je ne souhaite à personne de se retrouver dans la situation de pauvreté que ces gens singent pour tromper leur ennui.

Par contre, j'ai du mal à suivre le raisonnement donnant le karaoké comme racine de tout mal.

Et dire que le jeu, c'est pour les gamins, et après c'est fini et bien fini, là je ne suis pas d'accord du tout! (au fait, tu parles du jeu en général, du jeu de rôle en particulier, ou de jeux impliquant de supports vidéo?)

 
ImpasseSud
10-05-04 à 08:32

Re: Du danger de la javanaise.

Je ne considère absolument pas le karaoké comme l'origine de tout mal. Au contraire, je le trouve assez sain et plutôt sympathique. Mais il n'en reste pas moins qu'il s'agit, si je ne me trompe pas, de la première manifestation du genre, réunissant en soi l'aspect médiatique et l'amorce d'une réaction en chaîne.

Quant au jeu, ici je me réfère exclusivement aux jeux de rôles. Si je les considère comme normaux chez les enfants et les adolescents, il me semble que chez les adultes ils ne peuvent être que l'indice d'une absence de maturité, d'un refus de grandir, bien au-delà de l'ennui. En effet, il se produit souvent qu'un adulte doive assumer un rôle qui n'est pas forcément le sien, mais en général, il ne s'agit jamais d'un jeu mais plutôt d'une nouvelle responsabilité qu'il est obligé de prendre au sérieux.

A part cela, tout comme toi, je pense qu'il est normal que le divertissement (qui prend les aspects les plus divers suivant les pays et les coutumes) fasse partie de la vie de tous les êtres humains, quel que soit leur âge.