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Saramago José, « Le Dieu manchot » (1982)
--> Titre original « Memorial do Convento »

Portugal, 1711. A Lisbonne, durant une cérémonie publique de condamnations de la part de l’Inquisition, Balthazar, surnommé Sept-Soleils, de retour d’une guerre où il a perdu sa main gauche, fait la connaissance de Blimunda, une étrange jeune fille aux dons de clairvoyance. Ils tombent amoureux l’un de l’autre, et, sans se marier, vont vivre ensemble. A la recherche d’un travail qu’il puisse accomplir en tant que manchot, Balthazar accepte de devenir l’assistant du Père Bartolomeu Lourenço de Gusmao, occupé à construire une machine volante, après que celui-ci l'ait rassuré avec ces mots : « Dieu est manchot de la main gauche, puisque c’est à sa droite que s’asseyent les élus. Pourtant il a créé l’univers ! ». Et c’est grâce à Balthazar et à Blimulda que, dans ce roman, ce curieux religieux réussira à terminer et à faire voler sa machine, sa Passerole.(1)

Ne sont pas moins importants les faits historiques qui servent de cadre et de toile de fond au roman, comme le Portugal dans le monde connu du début du XVIIIe siècle ; la construction du majestueux, mais surtout ambitieux et vaniteux couvent de Mafra, édifié par le roi Joao V, comme ex-voto pour la naissance d’un héritier qui tardait à arriver, véritable hécatombe pour ceux qui vont y travailler (de gré, mais surtout de force) ; panorama sur la vie de tous les jours à cette époque, celle du peuple avec des personnages emblématiques, mais aussi celle de la cour avec les célébrités qui la fréquentaient, à travers un mélange de personnages réels ou fictifs ; importance de l’Eglise catholique et poids de l’Inquisition ; tour des alliances et mésalliances, avec les guerres, les ennemis qui changent et les lois du commerce ; etc…

Dans ce livre, l’utopie et la mort, le rire et la tragédie se conjuguent, entre domaine du sacré, scènes picaresques, opéra comique et commedia dell’arte.

 

Une tendre histoire d’amour, une fresque historique détaillée et passionnante, cela donne un magnifique roman, plein d’un humour à la saveur de l’Illuminisme, où José Saramago insère, constamment et sans en faire un mystère, ses opinions personnelles. Un roman où il ne faut surtout pas se laisser rebuter par le style de l'auteur, avare de ponctuation et avec des dialogues sans retours à la ligne. On finit par très bien s’y habituer et s’y retrouver. Mon premier impact avec L’aveuglement ne m’a pas empêché de revenir à cet écrivain, et je pense déjà à une autre de ses œuvres. 

A lire, pour le plaisir.

 

(1) Bartolomeu Lourenço de Gusmao a bel et bien existé, et il a même réussi, bien avant les frères Montgolfier, à faire voler un aéronef.

 

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Ecrit par ImpasseSud, le Mercredi 17 Septembre 2008, 14:07 dans la rubrique "J'ai lu".

Commentaires et Mises à jour :

Incognito
04-07-09 à 13:51

Lien croisé

le bonhomme capuche : " On essaie d'aller à Mafra - car Rayé veut voir son palais-couvent, comme il a lu le livre qui"