Cinéma à ciel ouvert. A Petionville, c’est un cinéma à ciel ouvert qui vous accueille. Il se trouve sur la route, entre le très haut mur d’une villa de maître et une petite place dotée d’un jardinet. C’est le genre de cinéma qu’en Occident on ne voit plus depuis près de soixante ans, ceux qui appartiennent aux récits des grands-parents. Une foule diligente entassée sur des bancs s’offre des instants de rêve avec les stars américaines doublées en créole, la langue officielle de l’île que tout le monde connaît. Un peu plus loin un véritable pub à l’anglaise, impensable en ville, offre la possibilité aux jeunes de naviguer sur Internet.
A Petionville tout est beau, propre, ordonné. A l’improviste, on se retrouve dans un scénario mythique qui vous déroute. Des villas super luxueuses, presque hollywoodiennes, munies de tous les conforts et contrôlées par des gardiens armés. Des voitures de grosse cylindrée, qui ne peuvent aller nulle part ailleurs vu l’absence la plus absolue de structures routières adéquates. C’est là que se concentre la grande majorité des restaurants élégants et des quelques clubs nocturnes, la salle de gym et la galerie d’art. Tout est à disposition de ce maigre 1 % de la population qui détient 85% des richesses du pays, des riches, en somme. Une richesse qu’à Petionville on aime étaler.
Dans la capitale, c’est tout le contraire. Misère et faim, pauvreté, violence et surtout instabilité sociale. Les infrastructures n’existent pas. Les restaurants n’existent pas. Les villas super luxueuses avec des gardiens armées pour protéger les richesses n’existent pas. Mais, en compensation, il y a des bidonvilles, des gens qui meurent de faim à Cité Militaire et à Cité Soleil, les deux quartiers les plus à risque de la capitale. Les groupes armés sont sans scrupules et tuent pour quelques dollars, déchaînant une guerre entre les pauvres qui n’a rien à voir avec les difficultés politiques du pays.
Dans les fantastiques restaurants de Petionville. On se retrouve dans un contexte excentrique. On a l’impression d’être dans
La confrontation. On ne peut pas s’empêcher de faire une confrontation avec la réalité qui se trouve à quelques centaines de mètres de ce luxe. Qui peut bien vivre dans ce paradis ? La curiosité impose un contrôle. Sur les grilles de ces résidences de luxe il y a des enseignes, d’une ONG puis d’une autre ONG, puis celle de
Alessandro Grandi, « Il rubino di Haiti », Peacereporter.
Traduction de l’italien ImpasseSud
Mots-clefs : Sujets brûlants, Amérique latine
Commentaires et Mises à jour :
Re:
Je suppose qu'Alessandro Grandi est souvent à Haïti ou dans les parages. Comme tu pourras le constater en cliquant, une des règles de Peacereporter justement, c'est de prendre ses correspondants sur place, afin de fournir un autre type d'information que ceux de nos JT ou de la presse des journalistes "embedded". Si tu vas sur le lien de Peacereporter (hélas seulement en italien) fourni au bas de ma traduction, tu trouveras en parallèle 7 articles "du même auteur" qui parlent du retard de l'arrivée de la paix en Haïti, d'Aristide, de Port de Paix, des bidonvilles où des volontaires italiens construisent une école, l'histoire d'un enfant paraplégique à Port de paix, celle du vaudou, des suites de l'ouragan Jeanne qui, comble du malheur, a apporté la soif dans l'île.
Si j'ai sélectionné cet article, c'est parce que, à la différence de sa voisine San Domingo où malgré la grande pauvreté et le régime autoritaire on parle quand même des plages merveilleuses, depuis des années on ne parle d'Haïti que pour ses horreurs, sans jamais faire allusion à ceux (Occidentaux) qui y vivent dans le plus grand luxe (ça aussi c'est une réalité), mais surtout dans la plus grande indifférence (ou presque) à propos de ce qui les entoure. J'ai trouvé la confrontation/dénonciation très interessante, et peut-être même finalement évocatrice pour tous ceux qui ne pensent plus à Haïti que comme une terre dévastée (dans tous les sens du terme) et non plus au joyau qu'elle pourrait être. Aurais-je eu tort?
Lien croisé
Petite correction ,
Petion -ville n'est pas venu celebre apres que Guy Phillipe etc ..... Bien avant Petion ville a toujours ete l'un des endroits ou vivaient les gens aises dhaiti.
Cleveland
Brescia ,italia
Re:
Je ne sais pas si vous avez eu l'occasion de vous intéresser aux évènements en cours dans les Antilles Françaises depuis deux mois et dont moi-même j'ai parlé ici (1-2-3). Là-bas aussi les "békés", descendants de colons français depuis plusieurs siècles, préfèrent la discrétion, d'autant plus que l'agriculture et le commerce de ces îles sont pratiquement concentrés entre leurs mains, au détriment de la population. Si vous en avez le temps, je vous conseille de voir cette vidéo tout à fait emblématique qui est passée en France sur Canal + : "Békés : Les derniers maîtres de la Martinique"
P.S. Nel caso Lei preferisse esprimersi in italiano, non si faccia scrupoli. Per me va benissimo ! :-)