« A deux semaines du G8 dédié à l’Afrique et à la pauvreté, cinq équipes africaines se sont vu refuser l’entrée en Grande Bretagne pour participer à la 3ème édition de la « Homeless World Cup », la coupe du monde réservée aux jeunes sans abris. Le motif ? « Ils sont trop pauvres. Donc, ils ne sont pas en mesure de payer les frais de leur permanence à Edimbourg, en Ecosse, siège du tournoi ». Cela, c’est la réponse du bureau de l’immigration de Sa Majesté et l’histoire paradoxale qui est arrivée au Kenya, à
Malgré son nom, Coupe des sans abris, cette manifestation a un retentissement international. Elle est patronnée par l’UEFA et l’ONU, et sponsorisée par des géants du sport comme le Manchester United et Nike. Ne s’agit-il donc pas d’une erreur du bureau d’émigration ?
« Je ne crois pas, affirme M. Young. Nous avons parlé avec le Ministère des Affaires étrangères six semaines avant le début des évènements, et les choses semblaient être en ordre. Puis, à l’improviste, au dernier moment, on leur a refusé leurs visas d’entrée. Tout le monde était au courant de leur arrivée, et tout le monde savait qu’ils devaient être logés dans les structures mises à leur disposition par la municipalité d’Edimbourg. Il s’est peut-être passé quelque chose durant les accords entre Londres et les ambassades anglaises dans ces pays. La coupe sert à remonter le moral des jeunes qui vivent dans la misère, et c’est justement pour cela que cette situation est incroyable. Comment peut-on donner un coup de pied à la pauvreté quand les gouvernements, les mêmes gouvernements qui prêchent de grands gestes en faveur de l’Afrique, laissent passer l’occasion de faire une action concrète pour produire des changements réels et significatifs ? »
La « Homeless Cup », c’est une idée de Mel Young et d’Harald Schmied, deux journalistes qui en 2001, à la conférence annuelle des journalistes de rue, décident de cogiter une solution originale au problème de la pauvreté et de la faim, sans paternalisme. C’est ainsi que naît la coupe du monde réservée aux homeless (sans abris).
En 2003, la première rencontre a lieu à Graz, en Autriche. Un vrai succès. La seconde suit en 2004, à Göteborg, en Suède.
A Edimbourg, il y a 27 équipes étrangères, 300 joueurs, et on attend 50.000 spectateurs. La manifestation fournit une puissante forme d’insertion à des groupes sociaux qui, autrement, resteraient en marge. Le sens de l'appartenance à une équipe, le défi, la récupération de l’estime de soi à travers l’activité sportive ont déjà produit des effets surprenants :
90% des participants a repris goût à la vie ;
38% a trouvé un emploi ;
46 % a trouvé un logement ;
27% s’est débarrassé de sa dépendance de la drogue ;
Mais le tournoi sera également une occasion de se mettre en vue, dans l’espoir d’un engagement dans une véritable équipe, comme cela s’est déjà produit pour 16 d’entre eux sous contrat dans des petites équipes en Grande Bretagne, en Espagne et en Autriche, comme professionnels ou semi professionnels, de toute façon non plus sans abris.
Et pour les exclus ? « Nous compenserons la piètre figure qu'a faite notre gouvernement en perdant l’occasion de faire un geste concret contre la pauvreté malgré les exhortations de Tony Blair au G8 (« Pour l’Afrique, il faut des faits, pas des promesses »), et nous organiserons un mini tournoi entre tous les joueurs « laissés chez eux ». »
Paroles de Mel young qui en connaît un bout en matière de coups de pied à la pauvreté ».
Tiré de l'article de Luca Galassi, « Una pedata alla povertà », Peacereporter.
(Traduction de l'italien ImpasseSud)
Pourquoi ne nous raconte-t-on pas plus souvent les faits concrets de ceux qui essaient réellement de changer le monde ? Cela nous aiderait peut-être à être moins pessimistes et à retrouver l’envie d’agir à notre tour.
Commentaires et Mises à jour :
Nos dirigeants pratiquent un génocide consciement, délibérément en Afrique. Pire la pluspart du temps l'aide internationale permet de maintenir en place des dictateurs corrompus qui ont pour tâches de gérer la corruption. Et pour finir la Banque Mondiale et le FMI qui forcent les pays à privatiser les écoles et les systèmes de santé et à transformer l'agriculture de subsistance en agriculture d'exportation, réduisant à néant tout avenir.
Certains intellectuels d'Afrique du Nord disent que le seul espoir pour l'Afrique est de couper toute relation avec l'Europe et l'Amérique. Parfois je me demande s'ils n'ont pas raison.