Dans une pension de
Bien que l’écriture y soit excellente comme d’habitude, malgré quelques longueurs dans la description du jeu des mains sur le tapis vert, bien que l’étude psychologique dénote une fois de plus la profonde connaissance de l’être humain de l'auteur, j’ai trouvé ce récit, pourtant court, ennuyeux et interminable. Sans compter que j’ai éprouvé une sorte de malaise face à l’étalage de ce « secret ». Comment cette vielle dame pleine de dignité et de réserve jusque-là peut-elle se déclarer « soulagée » après avoir mis à nu ses sentiments les plus intimes devant un parfait inconnu ? Se trouve-t-on face à un autre comportement « incompréhensible » ?
Je ne comprendrai jamais ce goût du déballage (si répandu aujourd’hui). Dans quel but ? Pour démontrer aux autres qu’on n’a pas toujours été celui ou celle qu’on est aujourd’hui ? Mais rien de plus évident, tout le monde change, la vie vous change ! Ce genre de souvenir, il faut au contraire le conserver pour soi, le chérir, le reparcourir mentalement quand la vie se fait trop plate. Le raconter, c’est le trahir, l’amoindrir, le déformer, car un récit, le plus complet soit-il, ne l’est jamais complètement, et celui ou ceux à qui on s’adresse ne peuvent le recevoir, le comprendre. l'interpréter qu’à leur propre façon, selon leurs propres connaissances de la vie et leurs possibilités.
Puisque ici c’est de cela qu’il s’agit, moi aussi, tout comme le narrateur de ce récit, je crois au « coup de foudre », non seulement quand on est jeune, mais quels que soient le type de personne, l’âge ou le milieu. Rien de tel qu’une vie trop régulière, trop monotone ou trop frustrée pour l’attirer. Quant à son accomplissement ou à son refoulement, il me semble qu’il dépend en effet beaucoup plus du concours de circonstances qui lui a permis de se déchaîner que de la volonté réelle et consciente de celui ou celle qui en a été frappé.
Bref, j’aurais préféré que Mrs. C. se souvienne… au lieu de raconter. Quant au sort de Mme Henriette, eh bien il faut rester sur sa faim, car les vingt-quatre heures décrites ici ne sont pas les siennes.