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Woolf Virginia, « Mrs. Dalloway » (1923), « La Promenade au phare » (1927)

Virginia Woolf par George Charles Beresford, en 1902Il y a quelques mois encore, je ne connaissais Virginia Woolf que de réputation et parce que, il y a des années, j’avais acheté un recueil de plusieurs de ses romans à un prix très intéressant, en en renvoyant cependant la lecture à une date indéterminée, car ce grand nom de la littérature ne m’attirait pas particulièrement. Ce qui a fini par éveiller ma curiosité, cependant, c’est tout d’abord la sélection que fait Sim Stuart, dans son Manifesto for silence, insérant son nom dans la liste des écrivains qui privilégient les non-dits, les flux de conscience, le silence. Ensuite, le hasard qui a voulu que je tombe sur plusieurs critiques franchement invitantes a fait le reste, et j'en suis enchantée.

 

Mrs. Dalloway 

Une journée à Londres, au début des années 20, rythmée par les heures qui sonnent à l’horloge de Big Ben : par une lumineuse matinée de juin, Clarissa, épouse apparemment trop gâtée du député conservateur Richard Dalloway, la cinquantaine bien portée mais, au contraire, inquiète, va à pieds acheter des fleurs pour la réception qu’elle doit donner le soir même. Tandis qu’elle plonge dans ses souvenirs (Peter, son amour d’autrefois qui vient de rentrer de l’Inde lui rappelle Sally, son amie de jeunesse dont elle est sans nouvelles), rien de ce qui se passe autour d’elle ne lui échappe. Pas même, dans le parc qu’elle traverse, ce jeune couple étrange dont le mari a un air particulièrement égaré : les horreurs de la Grande guerre et l’indifférence qu’il a éprouvée ont plongé Septimus dans une profonde dépression.

De retour à la maison, Clarissa reçoit la visite de Peter qui réveille des sensations oubliées. Durant l’après-midi, Elizabeth, sa fille qu’elle craignait d’avoir perdue, éprouve le désir subit de se rapprocher de sa mère, et même son mari, profondément épris, a tout à coup ressenti le besoin de la revoir dans de la journée. Le soir, la fête est le point de convergence de tous ces évènements. Peter l’honore de sa présence, Sally, son amie de jeunesse réapparaît, et, à travers les mots prononcés par un hôte, Clarissa apprend par hasard que l’homme entrevu le matin vient de se suicider. Mais pour elle, la vie….

 

La Promenade au phare

La famille Ramsay se trouve dans sa maison de vacances dans une des îles Hébrides, avec plusieurs hôtes habituels. Un soir de septembre 1914, Mrs. Ramsay, épouse aimante et mère dévouée, se réjouit, assise à la fenêtre, de l’excursion au phare prévue pour le lendemain et qui, aux yeux de James, le plus petit de ses huit enfants, représente la réalisation d’un rêve riche de mystères. Mais Mr. Ramsay insiste : il faudra la remettre à plus tard, à cause du mauvais temps. La journée se termine sur un souper réussi qui réunit la famille et tous les hôtes, dont Lily Briscoe. 
Les années passent, la guerre tient les Ramsey loin de l’île et de leur vieille maison qui tombe en ruine. Mrs. Ramsey est morte, ainsi que deux de ses enfants, Andrew et Prue. Dix ans plus tard, ce qu’il reste de la famille Ramsey revient dans l’île avec quelques-uns des hôtes d’autrefois. Ramsey et deux de ses enfants, James et Cam, vont en excursion au phare. Pendant ce temps-là, Lily Briscoe finit de peindre le tableau commencé dix ans plus tôt, rattachant symboliquement passé et présent, mettant ainsi sous une lumière révélatrice les personnages et les rapports qui les lient. Avec, pour toile de fond, les silences de la veille maison, le phare et les pulsations de la mer.

 


Comme je l’ai lu un peu partout, dès qu’on aborde Virginia Woolf, on pense tout d’abord à Proust, mais il n’en est rien. Si la lenteur de l’écriture (que j’aime) est là, si les descriptions sont minutieuses, ce qui change tout, c’est le mode d’introspection, où chaque personnage pense à la première personne. Pas de narrateur unique, pas de rapporteurs, pas de suppositions, pas de médisances (c’est ce qui m’a détachée de Proust), pas de dialogues superflus, mais des personnes d’un même groupe ou dont les groupes se croisent, qui prennent conscience de leurs pensées en temps réel, chacune par rapport à soi, à propos du sens de la vie, de la façon dont ils la voient, de ce qu’ils en attendent, à propos des liens qui se créent puis se délient, de « ces petits miracles quotidiens, ces petites allumettes inopinément allumées dans le noir » de la vie.

Peu d’action, peu d’intrigue, mais le rythme du temps. Et il n’a rien d’autre à faire qu’à se laisser porter.

 

C'est extrêmement reposant. Un véritable havre de calme, de détente, de ceux dont on éprouve le plus grand besoin par ces temps agressifs, dépourvus de stabilité. Ce gros recueil n’est pas prêt de quitter ma table de chevet.


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Ecrit par ImpasseSud, le Mardi 19 Mai 2009, 18:21 dans la rubrique "J'ai lu".