Tout le monde aura fait son petit commentaire (ne serait-ce qu’en pensée) à propos du volte-face politique de l’Espagne quatre jours après les attentats de Madrid. Tout comme en France en 2002, au deuxième tour des élections présidentielles, quand la grande majorité des électeurs s’est jetée dans les bras de Chirac. « Les gens sont versatiles, » auront opiné certains, « on peut leur faire voter ce qu’on veut ». Dans un cas comme dans l’autre, cependant, on ne peut pas ignorer que ce sont les voix des « habituels abstentionnistes » qui ont renversé la situation (une augmentation des votants supérieure à 7% en Espagne et personne n'a oublié le raz-de-marée français). Ils ont jugé nécessaire de se déranger parce que, leur pays s’étant retrouvé de façon inattendue face à un fait d’une certaine gravité (un gouvernement pris en flagrant délit de mensonge en Espagne, la peur du FN en France), il était urgent de changer les choses pour les premiers et de parer au pire pour les seconds. Cependant, si on se penche un instant sur la question, on se rend vite compte qu’il n’y a rien de constructif dans ce type de « vote d’urgence ». Les abstentionnistes ne sont pas allés voter pour promouvoir une personne, une conviction, un programme, mais bien pour empêcher le pire. Et on ne peut que constater les résultats : dans les deux cas, ce sont justement leurs voix qui ont eu un poids décisif, changeant de côté le fléau de la balance.
Il est encore trop tôt pour connaître l’impact des dernières élections espagnoles sur la politique future de l’Espagne, mais il est un fait certain, c’est qu’en France, le choix de la majorité de Chirac n’a porté qu’à une augmentation des privilèges pour les plus riches au dépend des classes les plus défavorisées d’une part, rognant d’autre part sur le statut d’une partie des institutions républicaines dont
« Je ne sais pas pour qui voter », disent certains, « et de toute façon, c’est tous des pourris ». Je pense assez souvent la même chose, mais, là encore, il faut se poser une nouvelle question : le fait qu’un pourcentage important des électeurs ne se déplace pas pour voter, n’est-il pas un encouragement implicite à la légèreté, une sorte de blanc-seing à tous les choix du gouvernement en place ? Cette attitude a deux conséquences :
1) L’ensemble des élus ne représente pas l’ensemble de la population, et l’existence même du pourcentage des électeurs qui juge inutile d’aller voter leur laisse les mains plus libres. Car, de leur point de vue, - et c’est celui qui compte -, une abstention ne correspond pas à un « je m’en moque, ça ne m’intéresse pas, je ne suis pas d’accord avec le système», mais bien à un « faites ce que vous voulez ».
2) La conviction qu’une partie de la population n’ira pas voter encourage le clientélisme, c'est-à-dire qu’une partie de ceux qui vont voter se sentent presque autorisés à prétendre des faveurs personnelles en échange de leur voix.
Au contraire, si tout le monde vote, l’optique change complètement, les élus n’ont que peu d’échappatoires, et ils savent que « l’ensemble de la population » peut leur demander des comptes.
Alors ne serait-il pas plus intelligent et plus juste d’aller voter, chaque fois qu’on sollicite notre avis, de façon à n’envoyer dans nos mairies, à
Si nous voulons éviter que les hommes politiques fassent, EN NOTRE NOM, des choix injustes, irresponsables ou catastrophiques, sans parler des malversations en tous genres, alors il faut aller voter, à toutes les élections. C’est parfois difficile, c’est souvent ennuyeux, ceux pour qui nous voterons ne seront pas forcément élus, mais nos élus sauront que le peuple veille. Et la démocratie, c’est ça justement.
Commentaires et Mises à jour :
Re: Puisque............
Il faut se serrer les coudes! Espérons que les gens n'auront pas la mémoire courte! :-))))))
VOTONS !
Pour moi la question du vote ne s'est jamais posé, puisque je suis issu de la génération "soixante huitarde" et que beaucoup de combats ont été gagné par les urnes, après la rue. Dans mon quartier de banlieu parisienne des années soixantes, il n'était pas bien vu de s'abstenir et cela m'a "conditioné" à vie. Il y a tant d'endroits au monde où le vote est encore tabou et même impossible (en Birmanie je crois encore), que cette liberté est, pour moi, un bien précieux que j'utilise à chaque consultation.
J'éprouve un malin plaisir à regarder les pages des journaux locaux avec les résultats des bureaux, quartier par quartier, et d'y voir ma voix en pensant que le 663ème bulletin est le mien, sinon il n'y en aurait que 662 (c'est un exemple). C'est ça être citoyen, c'est participer. Chaque bulletin vient grossir la liste, et on peut perdre à une voix près!
Merci pour ton article, Impassesud, il est d'actualité.
Re: VOTONS !
Moi aussi, je vais toujours voter, par principe. Imagine qu'on supprime le droit de vote! Pierre, quand tu parles de ta voix, cela veut-il dire qu'à la Réunion vous avez déjà voté, et que le journal publie la liste des votants ?
(A propos, est-ce que tu as accès à la correction? Est-ce que ça marche? )
Re: Re: VOTONS !
Non, nous votons aux mêmes dates qu'en France métropolitaine. Je voulais dire qu'après chaque élection, tous les détails sont dans les journaux car ici, il n'y a que 23 communes. Je peux donc avoir un regard détaillé dans le moindre bureau de vote. Tout comme chaque année il y a aussi dans les journaux les résultats du bac au grand complet, sauf que là, ce n'est pas anonyme!
Bonne journée et bon vote à tous.
Retour de la gauche!
Re: Retour de la gauche!
Quelle belle vision tu as ImpasseSud du paysage poétique de ce lendemain des élections. La Réunion reste à gauche et à augmenté le score! http://www.clicanoo.com/ Je ne cache pas ma joie !
Puisque............
Puisque tout est dit, alors :-))))))!