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Sans logis

S’il y a une chose qui me choque profondément, c’est bien celle-là. Je défie qui que ce soit, à condition qu’il soit doté d’un minimum de sensibilité, à lire sans frémir d’horreur et de révolte « Un jour, dans une vie de squat », paru dans Le Monde de samedi dernier. Travailler du matin au soir, toucher un ou même deux salaires, et être contraints à vivre dans de telles conditions ! Et, qui plus est, comme si les descentes de plafonds, le froid, l'humidité, les incendies, les insectes, les rongeurs, le saturnime et d'autres horreurs ne suffisaient pas, devoir craindre chaque jour que l’épée de Damoclès de l’expulsion* vous tombe sur la tête ! Cela m’a remis en mémoire un autre article paru également dans Le Monde il y a près d’un an, en novembre 2004, « Travailleurs sans logis ».


Que dans le premier cas entre en ligne de compte un facteur de racisme, cela est possible, mais dans le second, il faut prendre note qu’une étude de « la section régionale de l’INSEE publiée en septembre 2004 » faisait déjà état du fait que 35 % des SDF de l’Ile-de-France ont un emploi. Une autre enquête a mis en évidence le fait qu’en 2002, au niveau des communes françaises de plus 20.000 habitants, ce chiffre s’élevait déjà à 26 %. Apparemment personne ne se fie de la fameuse « flexibilité » inventée par nos gouvernements, car entre CDD, temps partiel, intérim et travail au noir, parmi les sans domicile qui travaillent, - et même beaucoup -, un quart vit dans la rue et les trois autres passent d’un hébergement provisoire à l’autre. « 3 500 demandes en attente et nous n'arrivons qu'à en satisfaire 280 par an », dit le maire de Saint-Ouen. Sans compter ceux qui échappent aux décomptes officiels, ou ceux qui ont « la chance » qu'on leur loue à un prix prohibitif une taupinière sans sanitaires et avec les WC sur le palier. 


Oh ! Je n’ai nulle envie de développer une question où les chiffres parlent d'eux-mêmes, mais je ne peux pas m’empêcher de me poser de sérieuses questions à propos de l’évolution de cette société occidentale « civilisée et même avancée », qui n’est même pas capable de pourvoir aux besoins de logements d'une partie des travailleurs qui lui permettent de s’arroger ces titres. En tout cas, un fait est sûr, il semble que ce problème pourtant urgent n'émeuve pas outre mesure nos gouvernements, et ceci depuis longtemps.

 


*Lire sur Place-des-Fêtes le récit de trois expulsions : 1 + 1bis , 2, 3.

 

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Ecrit par ImpasseSud, le Mardi 18 Octobre 2005, 13:00 dans la rubrique "Actualité".

Commentaires et Mises à jour :

alice
19-10-05 à 15:06

Dans ma petite ville très riche aussi, je croise de plus en plus de gens qui errent et de plus en plus jeunes. Les loyers sont exorbitants et les chantiers de constructions sont le plus souvent des immeubles luxueux pour retraités fortunés qui quittent Paris pour le bord de mer...A l'opposé, les artisans se plaignent de ne pas trouver d'employés (le bâtiment marche à fond ici), les entreprises sont débordées de travail, par exemple dans l'entretien des jardins. Je ne comprends pas comment tout cela fonctionne...

 
ImpasseSud
19-10-05 à 16:45

Re:

Les bords de mer attirent souvent des gens qui, pour une raison ou pour une autre, décident de vivre en marge de la société. Ici, ils arrivent des pays plus nordiques, comme l'Allemagne ou les Pays-Bas, à la recherche d'un climat plus clément. Mais en général ils ne recherchent aucun travail.
Ceux auxquels je me réfère ici, travaillent au contraire pour essayer de se construire une vie décente, ou de la retrouver s'ils l'ont perdue, mais ne trouvent aucun logement à leur portée. Je crois que les pouvoirs publics, après avoir construit de nombreux HLM dans les années 60 (les fameuses villes dortoir tant critiquées) se sont endormis entre incurie et indécision. Les mélanges sociaux fonctionnent rarement, alors les chantiers s'occupent plutôt des bâtiments publics ou des immeubles privés, assurément plus rentables.

 
alice
19-10-05 à 19:20

Re: Re:

Oui, cette fois j'avais bien lu tes lignes, simplement je suis permis d'écrire ce que cela suscitait chez moi, c'est-à-dire ce décalage qui va s'amplifiant entre ceux qui ont déjà beaucoup et ceux qui ont de moins en moins. Mais bien sûr, quelque part, c'est encore plus choquant quand même le travail ne permet plus le minimum.

 
sarah-k
25-10-05 à 15:28

Le droit au logement

Il faut le dire clairement, le droit au logement n'existe pas.
Si l'on a vu dans les années 60 et 70 les immeubles pousser comme des champignons, c'est qu'il y a eu à cette époque un véritable engagement de l'état.
Aujourd'hui l'état se désengage du logement social en diminuant son aide à la construction(aide à la pierre) et son aide à la personne (APL). 
Construire des "HLM" revient très cher pour trois raisons, l'état s'est désengagé et accorde de moins en moins de subventions; les terrains en zone urbaine sont hors de prix et les taux d'intêrets sont à la hausse.
A Paris, il y a 100.000 demandes de logements sociaux et très peu de constructions nouvelles, la rotation des locataires est très faible, les gens restent dans leur logement.
les bailleurs sociaux se comportent comme des agents immobiliers, dans les commissions d'attribution, ils rechignent à loger les locataires en CDD ou ayant de faibles ressources.
La situation est complètement coincée.
Je ne vois aucune solution, sinon un réel engagement de l'état.
(En aparté: j'aurais bien aimé mettre un commentaire dans drames familiaux mais j'ai vu que tu as pris la décision de vérouiller)

 
ImpasseSud
25-10-05 à 17:15

Re: Le droit au logement

Sarah, merci pour toutes ces précisions, d'autant plus que tu es particulièrement bien informée et bien engagée à ce sujet.
En fait, dans un premier temps, j'avais pensé mettre un lien vers Place-des-fêtes, tes trois billets relatifs à des expulsions confirmant on ne peut mieux que l'épée de Damoclès existe bien, malheureusement. Je vais le faire.
Ces jours-ci, je suis un peu sens dessus dessous, il y a vraiment trop de choses inadmissibles qui se passent sous les yeux de tout le monde, mais qui, pour finir, n'émeuvent pas grand monde.
(Je dévérouille les drames familiaux car ce que tu en penses m'intéresse fort.)