Est-il utile de rappeler que les XXèmes Jeux Olympiques d’hiver commencent ce vendredi, et Turin, après avoir été longtemps en chantier, est désormais en effervescence. Mais, chose étrange, aucun commerçant n’ose en parler. Sur une pancarte collée à la porte d’un restaurant non loin du Pô, on peut lire : « Durant l’évènement sportif turinois, ce local sera ouvert même le lundi ». Le lecteur se demande tout à coup quel peut bien être cet « autre » évènement, d’une importance telle qu'on obligera les cuisiniers et les serveurs à sauter leurs jours de repos. Un peu plus loin….
… la vitrine d’un buraliste donne d’autres indices : « Ici on vend des cartes postales de Turin, siège de compétitions de portée internationale ». Le passant se sent mieux, il croit avoir deviné. En bon Italien, il pense à un concours culinaire. A la télé, en effet, on passe un service sur les ressources gastronomiques de la région, et on donne la parole à un producteur de vin. A un certain moment, cependant, celui-ci lève son verre : « Je voudrais trinquer aux… ». «…. Aux exhibitions athlétiques des prochaines semaines », lui coupe la parole le journaliste, juste à temps.
Il ne reste plus qu’à passer à côté du Stade de l’évènement sportif, tourner autour de l’Arc des compétitions de portée internationale et enfiler la rue qui porte au PalaVela des exhibitions athlétiques, et pour finir, entrer dans un McDonald’s. Ah ! Tout à coup le monde change. Il y a des cercles un peu partout, et sur les hamburgers-frites-coca flambe le mot dérobé : « Olimpiadi ». Eux, ils ont le droit de l’utiliser, c’est ce que dit le fameux Traité de Nairobi.
Le journaliste de
Commentaires et Mises à jour :
Ca me paraît d'une absurdité tellement fuligineuse, que je ne suis pas certaine d'avoir tout comprendu : est-ce que le MacMachin a le droit d'utiliser le mot Olimpiadi et les symbôles y afférents parce que "cette marque a été enregistrée dans cet Etat avant la date d’entrée en vigueur du présent Traité" ?
On croirait rêver. Je pense qu'un jour viendra où nous devrons payer une redevance à qui aura déposé certains prénoms d'enfants si nous voudrons choisir l'un d'eux pour un bébé qui vient de naître.
En attendant, sur le terrain, et puisqu'il ne s'agit encore que d'une compétition sportive c'est sans doute drôle. Si j'habitais à Torino je m'en donnerai à coeur joie.
Il y a une embrouille du même type, je crois concernant le tour de France cycliste des femmes, qui en pratique n'a plus le droit de s'appeler ainsi.
PS : A-t-on le droit de prononcer le mot en Piémontais (je ne sais pas comment on dit, mais j'imagine qu'il existe) sans être contraint de payer des royalties ?
Si c'est ça je comprends que les habitants ne se sentent pas motivés...J'entendais aujourd'hui à la TV française une turinoise évoquer aussi le prix des places : Minimum 40 euros...
Et le mépris du president du comite des jeux (ou qque chose dans le genre) qui repondait que les turinois payaient le double pour assister à un match de foot...
Entre sports de pauvres et et sports de riches...ou plutôt sports populos et sports bourgeois...Ca enlaidit les JO d'hiver tout ça...
Un salut à toi au passage .
Re:
Jenny, il semble bien. As-tu jeté un coup d'oeil à la version anglaise du Traité ? Peut-être est-elle plus limpide.
Re:
Gilda, Je crois qu'on est en train de révolutionner la signification du mot "absurdité", bientôt il correspondra à la "normalité". Quant au Traité, son texte est assez retors. Pour ma part, ce que j'en ai compris c'est que le mot et le logo sont protégés. Il semble que certaines marques auraient des droits suite à leur enregistrement dans l'Etat des jeux avant 1981, mais il semble également que le Comité, durant certaines périodes que j'imagine être celles qui précèdent les jeux et les jeux eux-mêmes, accorderait des autorisations moyennant participation à la recette. N'est-ce pas ce que dit l'article 3 ?
Vu que Bill Gates a breveté le 0 et le 1, je ne serais pas plus surprise que cela si un jour on décidait de breveter les prénoms célèbres. Je ne sais plus quelle multinationale américaine a breveté une qualité de riz cultivée en Inde depuis toujours, mais pour l'utilisation de laquelle l'Inde est obligée de payer des royalties.
Il est vrai que les habitants de Turin aurait pu choisir de s'en donner à coeur joie encore plus ouvertement. Par exemple en utilisant ces symboles mais avec des erreurs. C'est ainsi qu'il y aurait eu des "Oloimpiadi" ou des "Ulimpiadi" rel="nofollow" avec 5 cinq cercles carrés.... ou, comme tu le suggères si justement, l'écrire en piémontais. Par contre, je me demande s'il existe car quand les patois s'enrichissent de mots récents (c'est le cas du mot Olympiades entré dans le langage commun surtout depuis la création des jeux) ne le font-il pas sous la forme de la langue nationale ?
Re:
Avanaé, bonjour à toi! :-)
Moi-même, je n'éprouve plus beaucoup d'intérêt pour ce genre de manifestations. Ce qui est sûr, c'est que les pays organisateurs sont toujours déficitaires et que leur présence encourage à la spéculation. Sans oublier que cela coûte cher aux contribuables. Si seulement tout ce qui tourne autour était propre...
Je crois que c'est surtout pour le pestige et la notorité que les pays et les villes se les disputent. Bien entendu cela peut donner un coup de pouce au tourisme et les installations construites pour l'occasion restent un acquis.... à condition qu'elles soient bien faites. Ce qui n'est pas toujours le cas. Par exemple après les championnats du monde de foot de 1990, l'Italie a dû refaire plusieurs stades et même fermer pour un certain temps (?) une ligne de métro construite pour cette occasion.
Ici, ce dont on parle à la télévision, c'est de la préoccupation de tous les gens qui grâce à cette manifestation ont trouvé un emploi temporaire. Et après ?
Re: Re:
Fidèle á mes manies, je fait du hors-sujet.... :)
En plus d'arrogante et ridicule, l'idée de déposer "Olympiade" révèle en plus une ignorance crasse digne des pires journalistes sportifs. L'Olympiade est la période de temps séparant deux jeux olympiques (voir wikipédia) : non seulement ce n'est pas un synonyme, mais c'est même l'antonyme parfait !
A moins que les Italiens aient traduit le terme différemment ? "Jeux olympiques" ne se dit pas en Italien ?
Re: Re: Re:
Bon retour!!!
Merci pour cette précision. Bien sûr que "Giochi olimpici" existe en italien. C'est en fait ce qui m'a fait penser qu'il s'agissait plus d'une réaction moqueuse plutôt que de stupidité.
Pour compléter sa satire, Massimo Gramellini, le journaliste de La Stampa, hier a écrit plus ou moins le billet suivant :
Vu que
- depuis deux jours les autobus marchent aussi bien qu'à Zurich, c'est-à-dire qu'ils passent toutes les cinq minutes (comme prévu par l'horaire) sans que les gens soient contraints à être congelés,
- les rues sont nettoyées,
- on a fait disparaître les dealers,
- dans la Via Nizza qui borde la gare principale les types louches ont disparu eux aussi, et qu'elle s'est transformée en jardin zen,
- sur les quaies de la gare il y a du personnel en uniforme qui répond aimablement aux demandes de renseignements et informe les gens sur les retards et les coincidences,
- les boutiques de vêtements ont finalement adopté l'horaire continu, permettant finalement aux gens de faire leurs courses même quand ils travaillent,
- Les bars et les épiceries servent des repas chauds jusqu'à 16 heures,
... la ville de Turin se déclare pleinement satisfaite et refuse de revenir aux vieilles habitudes à la fin des Jeux. Vu que le miracle semble dû aux JO, elle demande au Comité Olympique des les prolonger indéfiniment, d'en faire des jeux permanents, 365 jours par an, et est prête à organiser des descentes sur ski à roulettes en été.
Re: Re: Re: Re:
Ca part d'un bon sentiment tout ça, vont-ils tenir leurs promesses les jeux passés?
Y aura t-il encore des caméras braquées sur Turin?
L'avenir nous le dira, et certainement à trevers ta plume aux aguets.:-)
Re: Re: Re: Re: Re:
Moi aussi j'espère que les Turinois sauront faire en sorte que ces JO apportent un progrès permanent dans la qalité de leur vie.... Et puis, s'ils en ont un peu de trop, qu'ils l'envoient au sud... :-)