Caro Direttore, E’ con senso di urgenza e con entusiasmo per un'iniziativa che si muoveva nel senso della giustizia che ho aderito all'appello dei sei premi Nobel in favore di Roberto Saviano e alla vostra raccolta di firme. E’ con grande gioia che ho visto la lista delle firme, italiane ma anche straniere, allungarsi a vista d’occhio, e quella dei Premi Nobel passare da
Voi avete invece deciso di chiudere la raccolta a 250.000 firme e di riportarla alla manifestazione odierna del PD, conferendole così un colore politico.
Io sono e sono sempre stata di sinistra, ma nel caso presente mi sento profondamente offesa da quello che ritengo essere un “dirottamento abusivo”, poiché un movimento di protesta contro la negazione della libertà di espressione attraverso una violenza senza legge non è soltanto della sinistra, ma di tutti gli uomini di buona volontà.
Qui si trattava di protestare, innanzitutto per esprimere la nostra solidarietà a Roberto Saviano, ma anche di esprimere un profondo sentimento d’indignazione contro uno stato di malavita, sopruso e indifferenza che continua, nel 2008 e in modo inaccettabile, a cancrenare l’Italia e ormai anche molte delle democrazie occidentali. Questo era il significato dell’appello dei sei premi Nobel. E non penso di sbagliare se credo che questo era il desiderio di Roberto Saviano quando ha scritto Gomorra.
Qui, non m’importa quanta gente sarà alla manifestazione di un PD prima incapace di governare e poi di fare un'opposizione seria, in quanto si sa bene che in Italia, per fare numero, qualsiasi partito, movimento o tendenza vi paga il viaggio. Comunque vada, non sarà nemmeno un campione rappresentativo delle persone che in questo paese aspirano a un mondo più pulito e più giusto. Con questa raccolta di firme, però, voi avevate la possibilità di dar loro voce, ma una volta ancora, come la sinistra da parecchi anni, avete perso di vista lo scopo primordiale e essenziale e scelto l'opportunismo. Se fossi Roberto Saviano, io avrei il sentimento di essere stato strumentalizzato… e mi sentirei di nuovo più solo.
Ecco perché in questo paese che è anche il mio la sinistra non arriva mai più da nessuna parte.
En français :
Lettre ouverte au quotidien italien La Repubblica
Monsieur le Directeur,
C’est avec un sentiment d’urgence et avec enthousiasme pour une initiative qui bougeait dans le sens de la justice que j’ai adhéré à l’appel des six Prix Nobel en faveur de Roberto Saviano et à la pétition que vous avez mise on-line. C’est avec beaucoup de joie que j’ai vu s’allonger à vue d’œil la liste des signatures, italiennes mais aussi étrangères, celle des Prix Nobel passer de 6 à au moins 17, auxquels se sont joint de nombreux écrivains mondialement connus, metteurs en scènes, acteurs, philosophes, associations, etc.. et de rares hommes politiques. La reprise de ce mouvement de protestation par de nombreux organes de presse étrangers a réanimé en moi l’espoir d’un possible réveil des masses silencieuses qui, dans notre Occident en pleine déliquescence, croient encore à la possibilité d’un monde meilleur, à condition que chacun retrouve l’honnêteté et le sens des responsabilités. Plus de 250.00 signatures en trois jours est un résultat extraordinaire, mais moi, des signatures, j’en attendais 1.000.000 ou encore plus, depuis le début. Et pour votre journal, quel meilleur sondage d’opinion, vu que cette pétition n’avait aucune couleur politique ?
Mais, au contraire, vous avez décidé d’interrompre la pétition à 250.000 signatures, et de la rapporter à la manifestation nationale organisée aujourd’hui à Rome par le Parti Démocratique, lui conférant ainsi une couleur politique.
Je suis et j’ai toujours été de gauche, mais dans le cas présent, je suis profondément indignée par ce que je perçois comme un « détournement arbitraire », vu qu’un mouvement de protestation contre la négation de la liberté d’expression à travers une violence sans loi n’appartient pas seulement à la gauche, mais à tous les hommes de bonne volonté.
Ici, il s’agissait de protester, avant tout pour exprimer notre solidarité à Roberto Saviano, mais également pour exprimer un profond sentiment d’indignation contre un état de pègre, abus et indifférence qui continue, en 2008 et de façon inacceptable, a gangréner l’Italie, s’étendant désormais à bon nombre de nos démocraties occidentales. C’était cela, la signification de l’appel des six Prix Nobel. Et je ne pense pas me tromper si je crois que c’était le but que Roberto Saviano poursuivait quand il a écrit Gomorra.
En la circonstance, peu m’importe l’ampleur de la foule qui se rendra à la manifestation d’un Parti Démocratique tout d'abord incapable de gouverner et ensuite de faire une opposition sérieuse, parce qu’en Italie, on sait bien que pour faire du nombre tous les mouvements et tendances vous paient le voyage. Quoi qu’il en soit, ce ne sera même pas un échantillonnage représentatif des gens qui, dans ce pays, aspirent à un monde plus propre et plus juste. A travers cette pétition, cependant, vous aviez la possibilité de leur donner la parole. Mais une fois encore, comme la gauche depuis de nombreuses années, vous avez perdu de vue le but primordial et choisi l'opportunisme. Si j’étais Roberto Saviano, j’aurais l’impression qu’on s’est servi de moi… et, de nouveau, je me sentirais plus seul.
Voilà pourquoi, dans ce pays qui est aussi le mien, la gauche n’arrive plus jamais nulle part.
Commentaires et Mises à jour :
Re:
Non, ici, je ne pense pas que la peur entre en ligne de compte. La Repubblica n'est pas une feuille de chou, mais le second quotidien italien qui, sans parler des lecteurs on-line, a un tirage de près de 800.000 copies par jour (50.000 de moins que Il Corriere della Sera qui, à mon avis, a beaucoup perdu de son sérieux et de son indépendance depuis qu'il appartient à Berlusconi).
Pour en revenir à la pétition, La Repubblica a joué un drôle de rôle. Roberto Saviano étant un de ses journalistes depuis qu'il est célèbre, il était normal que la pétition parte de là. L'appel des Prix Nobel en fait d'ailleurs état. Ensuite, d'après les différents articles publiés dès le 2ème jour, le journal a annoncé un objectif de 250.000 signatures et que la liste de ces signatures serait portée au Quirinal (la résidence du Président de la République, Giorgio Napolitano). Jusque là rien d'anormal ni de politique puisque un "objectif" ne signifie ni "plafond" ni "clôture" vu qu'il peut toujours être dépassé, et que le chef de l'Etat est au dessus des partis et directement concerné vu qu'il s'agit d'un problème tout d'abord italien. Ensuite le journal a laissé entendre que la collecte des signatures se poursuivrait lors de la manifestation du PD. La pétition ne datant que de quelques jours et l'Italie étant, chaque weekend, pleine de ces petites tables sous gazebos où on recueille des signatures pour ceci ou contre cela, rien de choquant là non plus. Donc quelle n'a pas été ma surprise, puis ma colère, quand hier matin, j'ai découvert qu'elle était close et qu'on la rapportait à la manifestation du PD ! Etait-ce prévu dès le début mais tu ? Moi, je trouve que ce n'est pas correct pour ne pas dire que c'est franchement malhonnête vu qu'on a mobilisé une bonne partie du monde entier qui n'a rien à voir avec ce parti italien, et que ceux qui ont signé n'ont pas forcément les mêmes idées politiques. Quant à ceux qui ne l'ont pas fait, retenus par le fait que La Repubblica est un journal de gauche, aujourd'hui ils doivent se dire qu'ils ont bien fait, qu'ils avaient vu juste et qu'il sagissait bien d'une "pétition de gauche".
Moi non plus je ne retirerai aucun de mes liens, mais ici et une fois de plus, la gauche s'est démontrée opportuniste et a trompé et déçu les gens honnêtes qui aspirent à un monde meilleur. C'est ce qu'elle fait depuis des années, et il ne faut donc pas s'étonner si nous avons les gouvernements que nous avons. Aujourd'hui, sur La Repubblica, pas le moindre mot sur Saviano. Prochainement il sera reçu par l'Académie des Prix Nobel en Suède, il sera peut-être invité à la Chambre des députés italienne, mais je ne sais pas si cela sera suffisant pour que son sort soit de nouveau plus vivable ou pour que l'Italie prenne de sérieuses mesures contre sa pègre.
Bon je laisse les liens quand même, mais tout ceux qui comme nous ont signé peuvent se sentir abusés, on ne signait pas pour tel ou tel parti on signait pour un homme qu'on sentait en danger.
Aurait-il eu peur d'être à son tour menacé si la pétition avait trop de succès ? (l'a-t-il été ? ce qui expliquerait une décision si étrange de "plafonner" la pétition)