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Mahfouz Naguib, « Miramar » (1967)
--> Prix Nobel de littérature 1988

Nous sommes à Alexandrie, en Egypte, en 1966, à veille de la « guerre des six jours ». Une Alexandrie pluvieuse et froide à l’approche de l’hiver, en train de vivre l’épilogue de la présence européenne avec les derniers Européens qui se hâtent de partir et l’écroulement du mythe arabe face à Israël. A la Pension Miramar, d’une élégance décadente, arrivent différents clients pour les raisons les plus disparates, une poignée de personnages dont chacun est l’emblème des différents courants de la société politique et sociale égyptienne des années 60.

 

Tolba Marzuq, vieil aristocrate terrien exproprié par la réforme agraire faite par Nasser, et Hosni Allam, jeune homme riche et dissolu, représentent le courant réactionnaire ; le jeune Mansur Bahi, intellectuel de gauche, qui n’a échappé à la prison que parce que son frère occupe un poste important dans la police, le courant progressiste. Sarhan al-Buheyri, militant socialiste et défenseur de la révolution de 1952, est l’arriviste. Il y a également Amer Wagdi, vieux journaliste à la retraite, qui joue le rôle de mémoire historique, (sans doute le préféré et le plus proche de l’auteur), la Grecque Marianna, la patronne, que tout le monde appelle Madame, épave du naufrage de ce qui fut la florissante communauté cosmopolite d’Alexandrie ; et, pour finir, la fascinante domestique, Zahra, jeune et jolie paysanne de la campagne du Delta venue en ville à la recherche d’un emploi après avoir fui son village pour éviter un mariage forcé, laquelle suscite la passion et la cour de tous les clients.

 

C’est dans ce cadre qu’on arrive au cœur de ce roman, un fait divers, raconté par quatre des personnages selon leur point de vue personnel, avec leurs sensations, sympathies, antipathies, haines et passions, souvent en contraste avec ce que racontent les autres, mais chacun apportant, au fur et à mesure, des éléments supplémentaires, comme dans la trame d’un roman policier. Pas étonnant qu’en 1969 on en ait fait un film qui remporta un énorme succès, échappant même à la censure.

 

Je dois l’avouer, je ne connaissais pas Naguib Mahfouz, le plus grand écrivain de l’Egypte contemporaine mais aussi du monde arabe. Il a fallu le bruit qu’on a fait autour de son décès, le 30 août dernier, pour que je prenne finalement contact avec son oeuvre. Ce premier essai est concluant. Ce roman est à la fois captivant et enchanteur : la construction de l’histoire, la place des chapitres, les caractères des personnages, tout vous enlace, et on est surpris d’entrer dans un monde probablement disparu qu’on s’imaginait différent.

 

Aucun doute, je vais y revenir. Et je conseille à tout le monde d’en faire autant, ou, pour tous ceux qui n'ont jamais rien lu de cet auteur, de se lancer sans hésiter.

 

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Ecrit par ImpasseSud, le Vendredi 29 Septembre 2006, 16:20 dans la rubrique "J'ai lu".

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Incognito
13-05-08 à 13:46

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