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Tsunami 1 : une réflexion peut-être prématurée…

"La grande Onda di Kangawa". Katsushika Hokusai (1760-1849)Face au raz-de-marée qui vient de se produire en Asie, mes pensées sont comme paralysées par les nouvelles et les images, par l’immensité du désastre, par le spectacle de la douleur et de l’impuissance, par la Terre en folie. Le 26 décembre est décidément un jour maudit : 40.000 morts à Bam l’année dernière et ici probablement le double ou même plus car un autre désastre ne tardera pas à s’ajouter au premier. La puissance dévastatrice de l’eau a déterré des milliers de mines antipersonnelles. D’après les premières informations, le raz-de-marée aurait déjà provoqué un certain nombre d’explosions, et un grand nombre de ces engins de mort seraient en train de flotter dangereusement dans les campagnes inondées. Le Sri Lanka est un des pays les plus minés du monde, suite à la guérilla entre les Tigres Tamouls et les troupes gouvernementales et on parle d’ 1,5 million de mines non explosées. La grande question reste donc : pouvait-on limiter l’ampleur du désastre ?

 

D’après George Pararas-Carayannis qui a longtemps dirigé le Centre international d'information sur les tsunamis (ITIC), basé à Hawaï, il paraît en tout cas que "personne n'aurait dû être surpris" parce qu’un autre séisme de magnitude 8,1 s’était déjà produit le 24 décembre. Deux jours, ne s’agit-il pas d’un délai suffisant pour déclancher une alerte ? Mais en fait il semble que la seule partie du globe où on ait pris des mesures concrètes à ce sujet soit le Pacifique, entre USA et Japon. Apparemment, le reste de la planète peut attendre…  

 

A Bam, il y a exactement un an, on s’est ému pour le nombre de morts et la grande perte archéologique. Et qui se souvient encore de la promesse de rapprochement entre les USA et l’Iran ? A un an de distance, rien n’est reconstruit ou presque et les gravats sont toujours là. L’émotion passée, on a oublié et laissé l’Iran à ses difficultés. Comme l’a écrit l’Iranienne Narges Bajoghli ce 24 décembre sur Peacereporter « Dans toutes les rues les squelettes des édifices gisent en morceau sur le sol, tandis que pour certains, on  a l’impression que Mère Nature a appuyé sur le bouton « pause », les congelant dans leur écroulement ».

 
Aujourd’hui, c’est le tour de l’Asie, et si, chez nous, l’émotion est aussi forte, la mobilisation aussi intense, c’est parce qu’il y avait des milliers de touristes occidentaux sur ses plages, sans parler des VIP. Mais dans un an qui s’en souviendra encore, quand les catastrophes suivantes auront pris le relais ? Il suffit de cliquer ici pour savoir qu’il y en aura d'autres. Et alors qu’en sera-t-il des pays touchés par le cataclysme de ce dimanche, après l’immense perte financière que la fuite des touristes causera ?

 

Car il y a oubli et oubli.

Il y a l’oubli nécessaire à l’homme pour qu’il puisse aller de l’avant, celui qui efface ses souffrances, adoucit sa douleur face à la perte des êtres chers, amenuise ses difficultés passées. J’ai moi-même vécu un tremblement de terre (pas trop grave heureusement), suivi par 135 répliques en l’espace d’un mois. Ça n’a rien de drôle, je vous assure. La première nuit, les gens la passe hors des maisons, dans la rue, sur les places, dans leurs voitures. Au bout de quelques jours on rentre dormir chez soi (quand on a encore un chez soi), mais on se couche tout habillé, une valise à portée de main avec des bouteilles d’eau, de la nourriture, des vêtements chauds et des couvertures si on est en hiver, des lampes de secours et des piles, etc… Et puis la terre s’assagit, et un soir, sans s’en rendre compte, on se déshabille, comme si l’habitude n’avait jamais été interrompue. La valise est toujours là, et comme elle gêne le passage ou le ménage on la met dans un coin. Et un beau matin, comme son contenu n'est plus à jour, on la vide et on la range à sa place. Quand on habite dans une zone sismique, la sagesse voudrait qu’elle soit toujours prête, mais on oublie vite le danger, même si le souvenir de la terre qui tremble vous assaille parfois alors que vous êtes sur le point de vous endormir. Et là où tout a été détruit, on reconstruit, comme si c’était la région la plus sûre du monde. La vie a repris le dessus.

 

Mais que penser de l’autre oubli, celui qui veut que nous passions d’une émotion à l’autre, comme dans une course aux coups d’adrénaline ? Si ces pays sont bons pour nos vacances, ne peuvent-ils pas également être bons pour un meilleur respect de la planète, une meilleure protection civile, de meilleures conditions de vie ? Notre planète est de plus en plus petite, l’avez-vous remarqué ? Ne serait-il pas temps de réaliser qu’aucun de nos choix n’est plus innocent ?

 

Alors, rendez-vous dans un an, pour voir s’il s’agissait d’autre chose que de l’émotion d’un moment…

 

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Ecrit par ImpasseSud, le Mardi 28 Décembre 2004, 17:43 dans la rubrique "Actualité".

Commentaires et Mises à jour :

Incognito
28-12-04 à 20:13

Lien croisé

HaloScan.com - Comments : " Tiens, ta réflexion a un peu le même ton que la mienne"

 
PierreDesiles
28-12-04 à 21:46

    ImpasseSud, je partage comme d'habitude tes idées sur l'égoïsme humain.

Les remarques des touristes français chanceux de rentrer d'asie, n'avaient pour seule inquiétude, la perte de leurs biens! Alors qu'ils ont été choyés par un peuple qui ne peut survivre que du tourisme, c'est manquer de beaucoup d'égards, vis à vis de ceux-ci, dont les rescapés les ont aidé à pouvoir partir!

Les mauvaises habitudes de se plaindre de son sort reprennent vite le dessus même si on a frôlé la mort! Ont-ils eut un mot pour les sinistrés? Savent-ils que des milliers d'habitants des côtes de centaines d'îles ont disparus corps et bien? Mesurent-ils l'ampleur de cette catastrophe qui sera bientôt mondiale si les épidémies se déclenchent? Pensent-ils à ces milliers de gens rescapés qui ont tout perdu et qui sont dans la détresse totale assis à même le sol devant un champs de ruine avec leur famille qui a disparue sans laisser de traces là où la vie prospérait quelques heures avant ? Savent-ils que le plus dur est à venir car la famine engendre des drames et que la faim pousse à bout jusqu'aux émeutes? Savent-ils que des milliers de gens ont faim et qu'il n'y aura pas assez de vivres acheminés à temps pour les sauver car les infrastructures ne le permettent pas et qu'il faudrait une armada d'hélicoptères?

Il faut être conscient d'être du bon côté car un jour ce peut être notre tour. Depuis le temps qu'on nous dit que nous vivons sur des plaques tectoniques qui flottent sur un magma en fusion et que les immenses réservoirs que sont les océans et les mers sont négligeables par rapport à ce magma, on pourrait peut-être faire profiter le monde des technologies existentes dans la région du Japon! Des milliards de dollars sont dépensés pour faire la guerre, et rien(ou si peu) pour la prévention des catastrophes naturelles!

Après ce sera les effets grandissants de la polllution humaine, que les nouvelles générations recevront comme un cadeau empoisonné et qu'il faudra encore traiter dans l'urgence!

J'ai une forte pensée pour les sinistrés et ne manquerait pas d'aider une organisation humanitaire!


 
ImpasseSud
29-12-04 à 13:09

Re:

Pierre, ton commentaire complète parfaitement mon billet.

Habituée aux démostrations de douleur souvent grandiloquentes des bords de la Méditerranée (chaque pays a sa propre façon d'exprimer sa douleur), je dois dire que l'épidémie d'émotionite (allant parfois jusqu'aux larmes alors que leurs auteurs disent n'avoir perdu ni parents ni amis) qu'on peut retrouver ici et là sous des latititudes plus nordiques, m'exaspère plutôt et c'est un peu ce qui a motivé ce billet.

Heureusement certains ont parlé d' "humilité", et je crois vraiment que c'est ce qu'il faut : humilité, silence et aide humanitaire à long terme afin que les survivants puissent reprendre la situation en main le plus vite possible et, en plus, améliorer chez eux la prévention et la défense contre ce genre de cataclysme. D'autant plus, - je viens de le lire sur un journal italien - que le coût du monitorage des tsumanis n'est pas très élevé et dépend presque exclusivement d'un choix politique (José Borrero, expert en tsumani, Tsunami Research Group della University of Southern California).

Mais aide humanitaire à long terme, cela implique aussi une révision complète de notre mode de vie, réfutant toute consommation basée sur l'exploitation des plus pauvres. Et ça, y-a-t-il beaucoup de monde parmi ceux qui pleurent des larmes de crocodiles et même parmi nous tous prêt à le faire?


 
Incognito
29-12-04 à 13:26

Lien croisé

Un blog sur le Tsunami : "Entre mer et maquis - Une réflexion peut-être prématurée… : " Allez voir sur Quotidien durable.com " "

 
Incognito
31-12-04 à 09:45

Lien croisé

Songe ... - Tsunami : problématique d'un désastre ... : " Songe, Merci d'avoir si bien exprimé DANS LE DETAIL TOUT ce que je pense. C'est ce qui m'a fait posté ce billet, plus soft que le tien mais que j'ai complété dans les commentaires, et c'est ce qui va me permettre d'aller poster quelque chose sur CTC où, jusqu'ici, je me suis abstenue d'intervenir car je déteste les vents de ce que j'appelle l' "émotionite", et que j'aurais eu du mal à canaliser la colère (aussi forte que la tienne) que j'éprouve face aux informations (presque jouis"

 
Incognito
31-12-04 à 10:02

Lien croisé

Alors qu'est ce qu'on fait maintenant ? : "Entre mer et maquis - Une réflexion peut-être prématurée… : "entes des bords de la Méditerranée (chaque pays a sa propre façon d'exprimer sa douleur), je dois dire que l'épidémie d'émotionite (allant parfois jusqu'aux larmes alors que leurs auteurs disent n'avoir perdu ni parents ni amis) qu'on peut retrouver ici et là sous des latititudes plus nordiques, m'exaspère plutôt et c'est un "

 
ImpasseSud
31-12-04 à 11:03

A LIRE ABSOLUMENT!...

... car c'est ce que j'aurais aimé écrire : "Tsumani, problématique d'un désastre..."

 
ImpasseSud
03-01-05 à 17:56

Solidarité mondialisée

Lu dans Le Monde 
"....Il ne fait guère de doute que les groupes associatifs ou caritatifs tiendront leurs engagements. L'expérience prouve qu'il en va autrement des gouvernements et des organisations internationales. Sur le milliard de dollars (730 millions d'euros) promis à l'Iran pour reconstruire la ville de Bam, après le tremblement de terre de décembre 2003, 17 millions de dollars, seulement, ont été fournis, un an après. Il faut se méfier des effets d'annonce, recherchés ou imposés, sous le choc de l'événement, et qui restent sans suite...."



 
Incognito
07-01-05 à 01:16

Re: Solidarité mondialisée

Oui.
Mais la montée de prix du pétrole dûe en grande partie à la guerre en Irak aura peut-être fournit à l'Iran, pays producteur, de combler la différence. Comme quoi, les gouvernants ont financé d'une certaine façon.

 
ImpasseSud
07-01-05 à 07:32

Re: Re: Solidarité mondialisée

Quelle belle façon de se mettre la conscience en paix!!! (Si tant est que la conscience de nos gouvernants en éprouve encore le besoin).
C'est exactement le raisonnement que font les USA en Afghanistan en encourageant implicitement la culture du pavot pour la fabrication de l'opium!!!!!!

Le drame, cependant, c'est qu'il y ait encore des gens pour penser qu'ainsi "tout est au mieux dans le meilleur des monde".


 
ImpasseSud
19-02-05 à 20:08

Thaïlande : tsunami expropriateur...

Les habitants des baraques (habitations, commerce pêcheurs) du bord de mer qui ont été détruites par le tsunami étaient le plus souvent dépourvus de titres écrits de propriétés. Donc...., vu que le terrain "déblayé" par la mer augmente de valeur de jour en jour et que les grosses sociétés se bousculent pour acheter des lots dans le but de construire des villages de vacances, le gouvernement thaïlandais a décidé que seuls les gens en possession d'un titre ont le droit de reconstruire leurs maisons.

"Dopo il danno la beffa" (comme on dit en italien) ou comment devenir les dindons de la farce :( 


 
ImpasseSud
09-05-05 à 15:41

4 mois 1/2 après le tsunami, à Banda Atjeh situation CHOQUANTE!

D'après Kuntoro Mangkusubroto, à la tête de l'Agence pour la reconstruction à Adjeth, la reconstruction dans la province dévastée par le raz-de-marée du 26 décembre (128.000 morts et 50.000 disparus) est trop lente et la distribution des fonds pour les victimes est pratiquement nulle. De nombreuses familles manquent de nourriture et vivent encore dans les décombres de leurs anciennes habitations. Les routes et les ponts n'ont pas encore été reconstruits. Le gouvernement a prévu un financement équivalent à 613 millions de dollars, mais celui-ci doit encore être approuvé par le parlement, peut-être pas avant septembre prochain. Entre temps l'organisme dirigé par Kuntoro espère pouvoir compter sur les 2 milliards de dollars promis par les grandes ONG et autres instituions privées, mais, là aussi, il faudra encore attendre longtemps avant de pouvoir accéder effectivement à cet argent.
La situation dans laquelle vivent actuellement les habitants d'Adjeh a été définie come CHOQUANTE!

(Source : Peacereporter le 09.05.2005)