Le monde de la finance ne m'a jamais intéressée. Cependant, vu qu'on ne peut pas ignorer la crise en cours, voilà une quinzaine de jours que je m'y suis mise, pour essayer de mieux comprendre ce qui se passe. J'ai cependant encore du mal à me faire une idée au sujet du pourcentage de personnes qui suivent son évolution. Non pas en tant que possesseurs d’avoirs à risques ou de dettes à taux variables difficiles ou impossibles à affronter, mais dans une optique plus généralisée, pratique, celle de la récession qu’elle devrait générer (n'est-elle pas déjà bien commencée?), celle qui devrait rendre les emplois encore plus précaires, les échéances et les fins de mois plus difficiles, et que les médias se plaisent à annoncer avec emphase et en boucle, comme après l’attaque du WTC au lendemain du 11 septembre. Car le fait est qu'à ma grande surprise elle ne fait pas partie des conversations dont je suis le témoin, de celles que je saisis au vol, et que j'assiste, au contraire, à une espèce de front de légèreté, de discussions banales, comme si on voulait à tout prix éluder une peur qui vous voit impuissants, comme si, face à un tournant économique qui semble imminent, la seule solution était de faire semblant de rien.
Pendant ce temps-là, cependant, pendant que nos gouvernements cherchent avec acharnement comment éviter le naufrage bancaire qui précipiterait tout le monde dans le gouffre, le naufrage d'un système évolutif qui "rançonne" les simples particuliers depuis des années, légalement et de toutes les manières, se camouflant derrière des tas de conseillers au service d’une désinformation qui les engraisse, nos grands et petits pontes, nos managers aux parachutes dorés lancent des augmentations en sourdine, sans doute sûrs qu'au milieu de la tourmente actuelle elles vont passer inaperçues.
Le 1er octobre dernier, à la poste (italienne), le prix de la commission pour une opération de paiement au guichet (1) est passé de 1€ à 1,10 €. Ne s’agit-il pas d’une augmentation de 10 % ?! En pleine crise et après l'envolée du coût de la vie de ces derniers mois, l’augmentation arbitraire d’un service public (même si privatisé) ne devrait-il pas déclancher le holà immédiat d'un gouvernement qui se dit responsable, désormais plus attentif, la fureur de l'opposition (à condition qu'elle existe), mettre sens dessus dessous les associations de consommateurs ? Mais non, le silence est total et les médias préfèrent fouetter d’autres chats.
Pour l’instant, il est encore difficile de savoir ce que l’avenir nous réserve, mais vu qu’occupés à sauver les gros, nos gouvernements continuent à ignorer les petits, j’ai vraiment tendance à penser que le citoyen lambda, celui qui voit son modeste bien-être se transformer en peau de chagrin ou a déjà du mal à joindre les deux bouts, ne verra pas un seul centime de ces centaines de milliards d’euros qu’on brandit et qu’on est prêts à distribuer aux banques, aux frais des contribuables. J’ai tendance à penser que les gros spéculateurs sortiront de cette crise sans gros dégâts, qu'ils ne présenteront même pas leurs excuses et qu’ils n’en tireront aucune leçon. Je vais même jusqu'à me demander si, au bord du gouffre de l'insolvabilité, ils n'ont pas provoqué intentionnellement la crise des marchés dans la but d'exercer une sorte de chantage sur les gouvernements. Les chutes et remontées spectaculaires des bourses mondiales et l'incroyable dégringolade du prix du pétrole en l'espace de quelques jours ne sont-elles pas terriblement suspectes ?
A bon entendeur salut, car dans votre pays, quel qu'il soit, on est sans doute, tout comme ici, en train de continuer à vous présenter la note en sourdine ! Aujourd'hui, ces 10 centimes d'augmentation me pèsent encore sur l’estomac, ma colère est toujours aussi noire et j’ai bien du mal à cacher une humeur qui n’est pas des meilleures.
(1) En Italie, la domiciliation est encore peu répandue et la plupart des paiements des notes d'électricité, gaz, téléphone, eau, ramassage des ordures, etc., se fait aux guichets de la poste.
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Commentaires et Mises à jour :
Re: Poker menteur !
Cher Pierre,
Tu imagines sans peine combien je suis d'accord avec ton commentaire. Cette crise, tous ceux qui sont attentifs à ce qui se passe dans le monde, comme nous deux par exemple, savaient qu'elle était imminente. Ce que nous ne savions pas exactement, c'est comment elle allait se présenter. En effet, depuis quelques années déjà, les grains de sable étaient récurents dans les rouages financiers : l'affaire des subprimes, celle de la SG au début de l'année, pour ne citer que les plus récentes. Mais ceux qui y échappaient se contentaient de pousser un soupir de soulagement et de vite retourner la tête de l'autre côté vers le monde des fêtes, des distractions à go-go et du tout facile. Maintenant qu'on sait qu'elle touche et finira par toucher tout le monde, le bon peuple va-t-il finalement se réveiller, se sortir de ses agitations factices à la vue courte ou complètement aveugles qui éludent depuis des années les véritables causes de cette lente descente aux enfers ?
Je me permets de reprendre ici un excellent commentaire à l'article de la TDG mise en lien dans mon billet à propos des milliards d'euros : Il faudra un gros effort pour que le peuple borné puisse comprendre qu'une simple mesure budgétaire de quelques millions pour réparer parfois des décennies d'injustice soit qualifiée d'impossible par la plupart de nos gouvernements, alors que des milliards puissent être tirés de nos poches pour renflouer des banquiers mégalomanes et incompétents. Mais peut-être cet argent sera tiré du néant. Personnellement je ne demande qu'à être convaincu.
Si on n'a pas écouté DSK, c'est parce que désormais la classe des super-riches à laquelle on a mis la bride sur le cou avec le néolibéralisme n'écoute plus personne et ne veut plus aucun bâton dans les roues. Peu importe qu'on s'agite autour d'eux, leur arrogance est telle qu'ils ne prennent même plus la peine de faire de la censure. Tu es certainement au courant de la longue position contradictoire de Paul Krugman, le récent Prix Nobel de l'Economie, journaliste au NewYork Times. Hier, j'ai lu un de ses derniers articles (il faut que je le retrouve) où il écrit que si Obama est élu aux USA, les deux années qui viennent seront très très difficiles parce qu'il aura à faire front aux attaques sans quartiers de la classe restreinte mais extrêmement puissante des super-riches républicains qui n'accepte même plus le principe libéral du bipolarisme, et qui feront tout pour le détruire.
A propos du chaos écologique, as-tu lu mon récent billet à propos du dernier livre de Dario Fo ? Voilà aussi un grand homme qui annonce la catastrophe aux quatre vents, mais qu'on n'écoute pas plus que DSK apparemment. Hier, la chef de la Confindustria (l'équivalent italien du Medef) a déclaré sans vergogne qu'à cause de la crise justement, il n'était plus question que l'Italie respecte ses engagements environnementaux pris au sein de l'UE, parce que ses industriels, en récession, ont des chats bien plus urgents à fouetter. Une fois de plus, la classe riche et polluante a trouvé le moyen de tirer ses marrons du feu et de profiter de la situation.
""Hier, la chef de la Confindustria (l'équivalent italien du Medef) a déclaré sans vergogne qu'à cause de la crise justement, il n'était plus question que l'Italie respecte ses engagements environnementaux pris au sein de l'UE, parce que ses industriels, en récession,...""
Hier dans un reportage télé, on nous montrait les nouveaux riches habitants de l'Arizona qui vendent leurs terres à des compagnies pétrolières qui font des forrages sans scrupule sur un énorme gisement de brut. Les exploitants agricoles deviennent des spectateurs payés !
Les grandes plaines désertes où vivent encore quelques bisons en liberté, s'enlaidissent de nombreuses pompes à frics, sans compter le pourrissement du terrain de leurs ancêtres qui auront bientôt un goût amer dans leurs tombes !
Les USA ne reculent devant rien pour garder leur sacro-sainte liberté de poluer notre planète, malheureusement commune !
Poker menteur !
""J’ai tendance à penser que les gros spéculateurs sortiront de cette crise sans gros dégâts, qu'ils ne présenteront même pas leurs excuses et qu’ils n’en tireront aucune leçon...""
Je partage le contenu de ton article, car c'est aussi ce que je pense de cette fausse crise financière tirée par des ficelles de marionettistes au dessus de tout soupçon !
A qui profite le crime ? sûrement à une poignée d'individus dotés de moyens financiers colossaux qui peuvent s'offrir les services de cracks de l'informatique et qui ont déjà élaboré ce plan mondial de domino-poker-boursier en sachant d'avance tous les tenants et les aboutissants.
On dirait vraiment un scénario tiré d'un polar de série noire. "Comment ouvrir les coffres des trésors publics pour alimenter les banques privées en faillite !?" Tous les gouvernements se sont précipités pour ouvrir les vannes des coffres pour laisser couler à flot les deniers publics afin d'étancher la soif de ces pauvres traders pris d'une pépie alarmante ! Ces pauvres chérubins assis durement derrière leurs écrans de contrôle des cours mondiaux et qui devront passer encore des nuits blanches à jouer avec notre argent ! Eux non plus ne comprennent pas ce qui leurs arrivent.
Dans quelques temps, on comprendra mieux le pourquoi du comment, en espérant qu'il n'y ait pas un conflit de grande ampleur derrière tout ça. On avait craint un passage de l'an 2000 pour les ordinateurs et il ne s'est rien passé, aujourd'hui, on n'a rien vu venir sauf DSK à la tête du FMI qui avait flairé le danger http://cozop.com/viatolosa_net_news/crise_financiere_ce_qu_avait_dit_le_directeur_du_fmi
et il a vu juste.
Je suis comme toi, ImpasseSud, spectateur de ce vaste foutoir, où on veut nous faire avaler toutes sortes de couleuvres pour ajouter quelques centimes par ci, par là, pendant qu'on nous brandit le spectre de la récession pour tous ! Ici, on nous a augmenté l'essence et le gazole, alors que le cours du baril est en train de plonger ! Personne n'a bronché, et le prédet de se frotter les mains pour cette manne financière à l'approche des fêtes de fin d'année!
Ce monde de l'obsession de gagne petit, est un monde indésirable qu'on va laisser en cadeau aux générations suivantes et qu'il leur faudra tout reprendre à zéro, pour éviter le chaos écologique provoqué par l'anarchie de l'apauvrissement des ressources naturelles et où l'argent n'aura plus aucune valeur.