Qu’est-ce qu’on en a à faire, penseront un grand nombre. Et bien à mon avis ils ont tort, car si les journaux du monde entier suivent avec attention l’évolution de la santé de Jean Paul II, s’ils sont à l’écoute de la moindre des déclarations officielles, s’ils ont même leurs « espions » sur place pour savoir à quel point on en est, c’est bien la preuve que les « états d’âmes » du Vatican ont une grande importance. Et, si on y regarde de près…

… l’Italie n’est pas le seul pays où ses désirs sont diktats, mais plutôt celui où on peut être aussi malhonnête qu’ailleurs, à condition de ne pas toucher aux crucifix sur les murs des institutions publiques et bancaires et, surtout, de ne pas donner trop de droits aux femmes.

A l’ONU, par exemple, le Vatican jouit d’un statut privilégié d’observateur permanent, acquis sans aucun vote et auquel il n’a pas droit, car non seulement il n’en est pas membre, mais il ne remplit même pas les conditions nécessaires pour le devenir. Cette position lui sert à renforcer l’influence considérable qu’il a déjà sur le monde entier, non seulement de façon directe sur les 800 à 900 millions de catholiques, mais dans ses prises de position en politique internationale (ces derniers temps dans le contexte de guerre contre l’Iraq et à propos de la Constitution de l’Union Européenne), par son prosélytisme à coup de canonisations des plus radicaux, et sur la vie des femmes qu’il continue, au sein de la société, à maintenir dans une position subalterne par rapport à l’homme, sur la sexualité et la procréation en général. Il n’est donc pas nécessaire d’être catholique pratiquant pour s’intéresser aux mutations des vents de bourrasque qui sont en train d’y souffler, car en tant que femme et membre de l’humanité, je me sens largement concernée.

Comme tout le monde le sait, l’état de santé de Jean Paul II est en nette détérioration, et il semble bien que son pouvoir effectif soit en nette régression, se limitant «à l'approbation bénévole d'un homme malade à la fin d'un repas». Certains vont même jusqu’à se demander s’il est pleinement conscient de son état. Toutefois l’Eglise catholique ne prévoit en aucun cas l’obligation à la démission, mais précise au contraire qu’un pape a un pouvoir suprême et exclusif jusqu’à sa mort. C’est ainsi que les deux factions qui s’opposent depuis des années déjà, sont en train d’apparaître au grand jour et de découvrir leurs cartes. D’un côté, le courant conservateur et presque réactionnaire, avec le cardinal italien Re, préfet de la Congrégation des évêques, le cardinal espagnol Castrillon Hoyos, responsable des 270.000 prêtres du monde, le cardinal allemand Ratzinger, préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi depuis un quart de siècle, et de l’autre, le cardinal italien Angelo Sodano (secrétaire d’état) qui, après la mûre réflexion d’un diplomate aguerri, n’a pas hésité à soulever la question d’une possible démission.

Cette affaire vous semble obtuse, ennuyeuse et peu compréhensible ? Rassurez-vous, car la question est très simple. Il s’agit une fois encore d’une banale lutte pour le pouvoir. D’un côté ceux qui espèrent que Jean Paul II vivra encore longtemps sans démissionner (ils n’ont pas hésité à qualifier « de mauvais goût » la déclaration du Cardinal Sodano) afin de pouvoir continuer à manœuvrer à leur guise mais en son nom. De l’autre, le courant plus réformiste de ceux pensent que ce dernier n’est plus en mesure d’assumer sa charge et qu’il serait temps qu’il laisse sa place. Tout cela « entre hommes », bien entendu.

Face à ce conflit, certains se sont même offert le luxe de l’offuscation : « Il ne s’agit pas d’une multinationale ! », se sont-ils écrié. Sans aucun doute, c'est quelque chose de plus. Et puis on n’y licencie pratiquement personne, même pour une question d’âge. Mais la lutte pour le pouvoir reste la même. Bref ! rien de réconfortant !

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