Si la crise financière de 2008 qui a explosé avec la faillite de la banque Lehman Brothers a mis à nu les dessous malhonnêtes d'une monde de la finance qui avec ses jeux de passe-passe des subprimes endettaient des gens insolvables et revendaient ensuite leurs dettes aux banques et à leurs clients comme la meilleure des affaires, à mon avis, avec la Grèce on assiste à une réplique. Mais si avec la première crise j’avais cru comprendre que le renflouement successif des banques par les Etats servait à éviter la panique des épargnants, à la seconde, j’ai finalement compris qu’il sert surtout à en garantir les créanciers.
La Grèce dans l’Union Européenne : affaire de cœur ; selon Valéry Giscard D’Estaing, sans la Grèce, l’UE serait sans carte d’identité. On l'a donc fait entrer en 1981. En 2001, pays en croissance apparente, mais gangréné par un clientélisme et une corruption qui cachait bien son jeu, on l'accueille dans la zone Euro sans aucun des contrôles qui auraient mis en évidence la falsification de son déficit public et de sa dette. Ceci parce que, d’après Romano Prodi, à l’époque Président de la Commission Européenne, « aucun des pays membres ne voulait de contrôles financiers supranationaux et que, somme toute, elle ne représentait que 2,6% du PIB de l’UE » (vidéo en it). Ensuite, grâce à ses bilans toujours plus truqués, aux fraudes de Goldman Sachs qui cherchait à placer ses insolvables, puis aux jeux douteux des agences de notation financière, la Grèce a pu continuer à vivre au-dessus de ses moyens, à fermer les yeux sur évasion fiscale et à s’endetter avec le concours de nombreuses banques européennes et américaines. Jusqu’au jour où ces mêmes agences l'ont déclassée. Coup de foudre dans un ciel qu’on croyait redevenu serain ou presque pour les banques prêteuses.
Alors, à la Grèce, après que l’Allemagne se soit trop longtemps fait tirer une oreille qui coûte cher à tout le monde, les 16 pays UE de la zone Euro se sont finalement mis d'accord pour prêter, à 5 % cela va de soi, 80 des 110 milliards d'€ d’aide concordés sur trois ans pour lui éviter la faillite, la BCE ajoutant une garantie plus souple à ses dettes. « Parce qu’il est normal que les membres de l’UE soient solidaires », a-t-on entendu ici et là ; « Pour sauver l’Euro », a-t-on entendu ailleurs.
Mais quand on sait que parmi les banques étrangères impliquées dans ses 236 milliards de dollars de créance (177,9 milliards d’Euros à fin décembre 2009), les banques françaises le sont pour 75,2 milliards de dollars, les allemandes pour 45 milliards, les américaines pour 16,6 milliards, les britanniques pour 15 milliards, les néerlandaises pour 11,9 milliards, etc., et que ces mêmes banques, françaises, allemandes, britanniques, américaines et néerlandaises pourraient couler avec la Grèce, on comprend qu'il s'agit d'un effet d'annonce, d'un joli camouflage politique, pour éviter de mettre sous les yeux de tous la grande inconsistance à laquelle nos gouvernants actuels ont réussi à réduire l'UE, avec la disparition progressive des ambitions à long terme chères à ses créateurs, remplacées peu à peu par la vacuité d'une lourde bureaucratie des détails, et l'incapacité de tirer des leçons de ses erreurs.
Un résumé extrêmement réducteur, je vous l’accorde, mais qui ne trahit en rien la réalité.
Quelle solution géniale, en effet, que de demander à des pays en difficulté ou carrément à risque (les PIIGS) de s'endetter pour pouvoir endetter un peu plus une Grèce dont le déficit est déjà à 14 %, et qui, de l'avis unanime et même en étranglant carrément son secteur public, ses retraités, ses consommateurs et ses chômeurs, sera incapable de rembourser !!! Et, si le déclassement enfonce un autre de ces PIIGS, que fera-t-on ? On demandera à la Grèce d'y aller de son obole ?
Après l’explosion de la crise, en 2008, on espérait un grand nettoyage dans les milieux financiers, ou tout du moins l'instauration de quelques règles. C’était oublier l'assujetissement des Etats à l'hégémonie du marché créée par le néolibéralisme.
Dans cette histoire, tout le monde a tort.
La Grèce en premier lieu bien entendu, "qui en a fait de toutes les couleurs", selon Romano Prodi. Mais aussi l'UE qui s'est donnée une monnaie unique, mais sans unité politique, sans obtenir le respect des ses règles et sans contrôles. Quant à l'Allemagne qui se sent plus vertueuse (sa participation au sauvetage n'égratignera qu'environ 1/12 de ses "profits" 2009), elle aussi a sa part de torts : parce que même si les réticences qu'elle affiche (des élections en vue, les Allemands ne veulent pas payer pour les malversations des autres) ne sont pas sans fondement, non seulement elle n'a jamais tiré sérieusement la sonnette d'alarme face à la généralisation des dérives et falsifications financières dont elle était le témoin, mais, parfaitement au courant de la situation grecque, elle a laissé que ses banques participent à la pâtée.
Quant aux votes qui, dans nos démocraties théoriques désormais au service du marché, avaliseront ou non le prêt à la Grèce, ils seront tout aussi erronés l'un que l'autre. Car ceux qui diront "oui" donneront leur accord, non pas à un geste de solidarité, mais à une mentalité de syndrome de Stockholm qui donne raison à un marché qui bafoue toutes les règles, fausse l'économie et dépossède les Etats de leur souveraineté ; et ceux qui diront "non", comme l'ont fait les communistes français, se déclareront d'accord avec le principe qu'il est normal que les victimes paient pour les margoulins. L'impasse désormais habituelle des questions faussées qui vous obligent à des réponses corrompues.
Alors, ce prêt ne ressemble-t-il pas plutôt à un miroir aux alouettes ? Car il est fort probable qu'en fin de compte ce seront les Etats qui devront de nouveau banquer, aux frais des contribuables, cela va de soi. Quant à l'Euro, on commence à douter de son avenir, on parle déjà d'en faire une monnaie à deux vitesses : moi je trouve l'idée scandaleuse, mais, hélas, c'est assez dans l'air du temps. (1)
Bref, que l'on retourne la question comme on veut, il n'y a pas d'issue possible en dehors d'un retour à l'éthique, à la redécouverte du sens des responsabilités, à la pose de certaines règles. C'est en tout cas la raison pour laquelle j'ai aimé cet article. En espérant qu'on n'aboutisse pas une fois de plus à un nouveau renvoi aux Calendes grecques...
(1) P.S. du 07.05.2010 : Lu dans Les Echos : "La crise grecque a révélé au grand jour toutes les failles de la zone euro : la disparité des économies qui la composent, l'absence totale de discipline dont ont fait preuve ses pays membres sur le plan de la gestion des finances publiques et privées et l'incapacité des gouvernements comme de la Commission à faire respecter les règles du traité de Maastricht et du Pacte de stabilité. Les leçons à tirer de cet échec sont claires : la survie de la zone euro passe par une refonte complète des règles du « vivre ensemble » : la gouvernance économique ne doit plus être un vain mot mais une réalité reposant sur une stricte discipline budgétaire, mais aussi sur une solidarité assumée entre Etats membres au travers d'un système d'emprunts européens ou d'une ligne de crédits disponible en cas de difficulté d'un Etat membre. La zone euro doit entièrement reconstruire la crédibilité de sa gestion des finances publiques."
Mots-clefs : Union européenne, Sujets brûlants, Europe, France, Italie, Société
Commentaires et Mises à jour :
Vu du côté des Grecs
Re:
Bonjour ImpasseSud, que rajouter à ton article qui est très explicite sur cette crise fabriquée dans les coulisses des bourses mondiales ! Cela ressemble à un gros soufflet que certains gourmands attendent qu'il se dégonfle pour se jeter sur les miettes.
Je pense qu'à l'heure de la mondialisation, il est très facile de fabriquer des scénarios catastrophes, pour effrayer les consciences tranquilles, des peuples qui ne demandent, rien de plus, que de travailler pour assurer leurs besoins au quotidien. Pendant ce temps les robinets de la bourse mondiale s'ouvrent et se ferment, au gré d'une poignée de nantis, qui se goinfrent de cette curée jusqu'à plus soif, derrière des claviers ou autres programmes automatiques qui veillent sur leurs comptes en banque. On joue avec des milliards d'euros quand le peuple essaie de joindre les deux bouts à chaque fin de mois. On prend l'argent public pour combler des pertes privées! Les réunions, de la soit disante dernière chance, se multiplient au frais du contribuable, laissant plané le doute sur une crise majeure à venir et un effondrement de la zone euro. Jusqu'à quand vont-ils essayer de nous faire avaler toutes ces couleuvres avec un effet de cascade de pays en pays ? Tous ces grands princes de la finance jouent avec le feu et après ils appelent les pompiers sauveurs. On assiste à un film en direct de l'incompétence des Etat à se mettre d'accord sur "qui fait quoi?"
Re: Re:
Bon retour Pierre,
Je suis bien entendu d'accord avec ce que tu écris, mais moi, ce que je vois de plus en plus clairement dans cette situation folle, c'est la mort de la démocratie dont personne ne veut prendre conscience, à laquelle personne ne veut réagir, que personne ne veut défendre.
En maintenant un état de crise continuelle, on oblige nos Etats, nos gouvernements, dans une sorte de chantage, à sauter d'un "traitement de choc" dans l'autre, dévastateur dans tous les cas mais présenté comme unique solution au nom de l'urgence et d'une plus grande sécurité, qui rejette tous les électeurs dans l'état inconditionnel d'enfants qui ne peuvent qu'obéir.
(Comme à L'Aquila par exemple : excellent laboratoire, excellent exemple, excellente réalisation, excellente réussite !!!! Espérons que ça puisse encore changer !!!!)
Ce processus est extrêmement bien décrit par Naomi Klein dans son livre La Stratégie du choc, la montée d'un capitalisme du désastre, puis dans le film-documentaire qu'on en a tiré "La Stratégie du choc".
Quand on sait qu'en Grèce ou dans un autre des PIIGS, si le pays était déclaré en faillite, on pourrait vivre la situation qu'a vécue l'Argentine en 2002, avec l'arrêt de l'économie, la crise des liquidités, les faillites en cascade, le chômage à plus de 50%, la forte recrudescence du vandalisme et de la criminalité, etc., il y a de quoi vous mettre froid dans le dos.
Mais renflouer continuellement les banques n'est-ce pas entrer dans un cercle vicieux ? N'est-ce pas donner prise au chantage?
Quand, au lendemain des régionales en France, j'écrivais que j'attendais pour voir... Si je ne m'abuse, il faudra que j'attende encore longtemps, car il semble que la seule chose dont s'occupe la gauche française depuis cette date ce soit de choisir son candidat pour 2012. En Italie, il n'y a pas moyen de sortir la gauche de son état d'ébétitude, mis à part pour le gouverneur de la région des Pouilles, réélu fin mars 2010, mais bien seul sur le plan national.
Re: Re:
""L'Europe ne pouvait se permettre une fois encore "de décevoir les marchés" après avoir déjà beaucoup tergiversé ces derniers mois pour aider la Grèce surendettée, a estimé le ministre des finances suédois, Anders Borg. Il a, dans le même temps, appelé à "stopper la horde" des spéculateurs se comportant comme "une meute de loups". ""
Bonjour ImpasseSud, j'ai eut la réponse à ma question ce matin et cela a confirmé aussi tes craintes de voir ainsi les démocrfaties se plier aux ordres des "loups" affamés de manger tout le gateau !
Pendant qu'on essaie de dormir en paix, les requins mondiaux restent éveillés et circulent en rangs d'oignons, bousculant tout sur leurs passages en quête de la moindre miette d'€uro ou de dollar$ .
Combien de temps va tenir cette digue de ""60 milliards de prêts apportés par la Commission européenne et 440 milliards de prêts et garanties par les pays de la zone euro, soit 500 milliards au total. Le Fonds monétaire international apportera une contribution additionnelle sous forme de prêts, pour un montant pouvant atteindre 250 milliards d'euros.""
Cette argent qui est, je le pense, issue des richesses du travail des pays membres stoppera t'il ces fous du fric qui sont insassiables ?? Je pense qu'ils s'arrangeront encore pour prendre leurs parts d'une manière ou d'une autre par des moyens détournés !
Avant il y avait les "corbeilles" à bourses où les gens pouvaient se voir et discuter, maintenant il y a les pro du Web anonymes et sans aucune morale pourvu que ça rapporte gros ! Nos démocraties parraissent bien désuettes face à tout cela. Il serait grand temps de s'unir en Europe pour mettre toutes les cartes sur la table et parler d'un même language économique. L'€uro en soit n'est pas un gage d'unité solidaire, et on s'en rend compte lors des crises. Chaque pays sauve ses meubles avant tout.
@
Re: Re:
Pierre, j'ai lu l'article que tu me proposes.
Tout ce que j'en retiens c'est qu'il y a encore quelques mois, disons plus ou moins 1 an 1/2, avant la crise de septembre 2008, on nous saoulait du matin au soir avec des histoires de "centaines de millions de $ ou d'€". En 1 an 1/2, nous sommes passés aux "centaines de milliards de $ ou d'€", comme si les "centaines de millions de $ ou d'€" étaient passés au stade d'argent de poche.
Que nos chefs de gouvernement aient magouillé quelque chose ce weekend, cela ne fait aucun doute, mais là où le doute devrait s'installer, à mon avis, c'est face à ce genre d'article qui se veut tranquillisant. Bon, celui-ci vient de deux agences de presse, mais il fait incontestablement parti de ce qui, dans mon récent billet sur le vérouillage global de l'information, était sous accusation : .... le verrouillage de l’information par les agences de relations publiques, chargées de porter la bonne parole économique ou politique.
A mon humble avis, cette mesure est d'une grande complicité ou d'une grande stupidité. Mais comment ça ! L'Euro est sous attaque, on dit qu'on ne sait pas d'où cela vient, mais tout ce qu'on trouve de mieux à faire, c'est de grossir les sommes à rafler !!! C'est d'un infantilisme !
Vois-tu, depuis que j'habite au sud de l'Italie, sous le règne des 4 mafias (Camorra à Naples, Cosa Nostra en Sicile, 'Ndranghetta en Calabre et Sacra coronna unita dans les Pouilles), j'ai découvert et compris bien des choses. La grande erreur aujourd'hui, c'est de croire que ce phénomène s'arrête au racket et à l'assassinat ou ne touche que l'Italie. Aujourd'hui, les mafias ne tuent plus beaucoup, elle font des affaires, énormes et illicites bien entendu. Elles se sont infiltré dans le monde entier et à tous les niveaux (dans le secteur tertiaire en particulier), et petits génies du clavier et multinationales inclus ou mis à part, elles peuvent faire la loi sur les marchés grâce à l'abondance de liquidités dont elles disposent continuellement grâce au marché de la drogue par exemple ou aux cartels de toutes sortes sur lesquels elles mettent la main ou encore du côté du recyclage d'argent sale, des trafics humains, etc. Ce qui leur permet de profiter immédiatement de toutes les crises et aux tarifs les plus avantageux.
C'est ce qu'explique et démontre Roberto Saviano dans son Gomorra... qu'il faut a-b-s-o-l-u-m-e-n-t que tu lises.
A propos des meutes de loup qui voudraient saborder l'Euro et les PIIGS, on peut vraiment faire des tas d'hypothèses, les plus baroques étant probablement les plus exactes, mais s'il y a une chose de sûre, c'est que ce n'est certainement pas en rajoutant du grain qu'on arrêtera les appétits, au contraire !
Ici, il y a un bon nombre de juges courageux qui sont condamnés à vie à vivre sous escorte policière (avec toute leur famille) parce qu'ils ont décidé de combattre la mafia. Et eux, ils savent depuis longtemps :
1) que la force de la pègre(financière ou autre) est directement proportionnelle à la faiblesse de la politique. Ce qui, dans le cas présent, s'applique parfaitement à l'UE qui n'a aucune unité politique.
2) qu'il ne suffit pas d'élaguer les branches (c'est-à-dire de prendre un coupable comme un chef mafieu ou comme le petit Kerviel de la SG ou le petit Fabrice Tourre de Goldman Sachs) pour éradiquer le mal.
3) au sein de l'UE, il n'y a encore aucune homologation des codes d'identification qui permettent de suivre les tranferts d'argent.
4) Tous les combats qu'on veut gagner ne peuvent que commencer par une bataille pour la légalité. Dans le cas présent, qu'a-t-on prévu pour remettre la Grèce corrompue sur le droit chemin ? Ensuite, y a-t-il une réelle volonté de le faire vu que cette même corruption règne souveraine en Italie par exemple et dans un bon nombre de pays de l'UE ?
5) Il ne faut jamais légiférer sur une onde émotive déchaînée par des faits qui frappent l'opinion publique, parce qu'on risque de produire des normes qui sur le moment semblent efficaces, mais qui perdent leur validité face aux capacités d'évolution des pouvoirs criminels.
6) Pour finir, il faut faire en sorte, à travers la confiscation des biens gagnés de façon illicite, qu'il ne soit plus "économiquement intéressant" de faire du business criminel. Là, tu dois rire, mais y a-t-il vraiment une différence entre les mafieux et les traders et leurs banques quand ils font d'immenses profits sur le dos des gens honnêtes ?
Le néolibéralisme a laissé le champ libre, non pas à la libre entreprise, mais aux profiteurs de toutes sortes et aux plus malhonnêtes. Fallait-il vraiment s'attendre à autre chose après qu'en Occident, il ait fallu des siècles pour arriver à la démocratie ? En 20 ans, sous l'influence de la clique de Bush-père, on a réussi à tout mettre par terre. De quoi être fiers, assurément !
Re: Re:
Bonsoir ImpasseSud, merci pour ton exposé très explicite qui va exactement dans le même sens que mes propos, mais nul n'a d'égal que ta plume pour le dire. L'article que je citai n'était qu'un prétexte à la discussion pour étaler les derniers chiffres trouvés à la hâte par l'UE en réponse à la "crise". Je ne prenais nullement cet article comme étant la vérité, car comme toi j'ai appris à lire entre les lignes.
Les financiers de ce monde jouent avec les virgules pour gonfler la note et impressionner la galerie, mais c'est peine perdue devant cette meute d'affamés. Pouvons-nous faire l'autruche devant ce déballage des trésors publics, garant de la stabilité politique, dilapidés contre les deniers véreux des joueurs de l'ombre?. S'ils veulent la peau de l'€uro, ils l'auront car leurs moyens sont énormes et cet argent sale n'a pas de cours des comptes, comme on dit "l'argent n'a pas d'odeur!". Quant à ce trader français qui confond les millions et les milliards, n'est-il pas téléguidé lui aussi par les "joueurs de l'ombre" ?
La chancelière allemande a perdue sa majorité, pourra t'elle débloquer la somme promise à la Grèce ? Je plains le peuple grec qu'on accuse de tous les maux ! Qui sera le suivant ? On assiste à un vaste "bordel" où tout part dans tous les sens, prélude à quoi dans un avenir proche...? Seuls les tireurs de ces ficelles savent les tenants et les aboutissants...
Re: Re:
En effet, Pierre, personne ne semble plus savoir où on en est.
Hier soir, à la télévision j’ai regardé un débat sur les 750 milliards, sur les rebonds de la bourse ce lundi (qui dégringole déjà aujourd’hui) et sur la défaite de Mme Merkel (qui n’a récolté que ce qu’elle a semé avec ses années de protectionnisme et de bienveillance cachée envers Karamanlìs, a-t-on sentencié). Il s’agit d’un débat hebdomadaire que j’aime bien (quand le sujet m’intéresse) parce que le journaliste qui le conduit garde toujours la situation en main. Il invite des gens de tous bords et de tous niveaux, étroitement liés au thème qu’il propose, et la règle interdit de couper la parole, d’applaudir et de sortir du sujet. (Assez rare de nos jours !) Il en ressort une très belle discussion, où quelqu’un pose forcément les questions qu’on se posait soi-même, avec des réponses sérieuses et ciblées et une vision d’ensemble où on apprend beaucoup de choses.
Cette-fois-ci cependant, j’en suis ressortie profondément déprimée par l’esprit de fatalisme qui en a émergé, comme si tous les hôtes présents (éminemment connus ou parfaits inconnus) ne s’étaient tous attendu qu’à un renflouement automatique qui leur permette de pousser un soupoir de soulagement, déjà conscients, cependant, que celui-ci n'évitera pas une prochaine réplique. Car il y en aura une.
Mis à part le groupe d’ouvriers d’une fameuse usine italienne qui délocalise vers la Roumanie qui se demandait pourquoi on trouve de l’argent pour la Grèce quand on n’en trouve pas pour eux, et en dehors d’un professeur d’Economie italien en direct d’une université de New-York qui aurait voulu qu’on mette la Grèce à la porte de la zone Euro, ce qui permettrait finalement de châtier les coupables et de freiner les spéculations, tout le reste des hôtes (sous-secrétaire du Ministre des Finances, fameux professeurs d’économie, vice-présidente du plus grand syndicat italien, parlementaires, journalistes et Grecs) oscillait mollement entre un optimisme de fonction, un réalisme basé sur des « si » et un pessimisme dubitatif.
Quand on en est arrivé aux chapitres de la corruption et de l’évasion fiscale (les grands maux de la Grèce), il en est ressorti qu’en Italie, la corruption n’est ni le fruit d’un épisode occasionnel ou le fait exclusif des business criminels, mais bien un système enteriné par les partis politiques eux-mêmes, du nord au sud du pays, qui régissent le domaine public et tout ce qui en dépend, sans parler des lourdes sphères d’influence de l’Eglise catholique. En ce qui concerne l’évasion fiscale, si le bouclier fiscal actuel a effectivement fait rentrer de l’argent dans les caisses de l’Etat, il est bon de connaître son côté bon enfant, c’est-à-dire de savoir que contre un payement d’un impôt de 5% sur les biens déclarés, il absout complètement leurs proprétaires en leur conservant l’anonymat, sans aucune obligation de rapatrier ces fonds. Quand une des parlementaires présentes a dit que depuis des mois elle demandait l’établissment de contrôles par un système d’infiltration, tous les présents ont été unanimes : Impossible ! Si, de temps en temps, on accepte de sacrifier un VIP dont l’exposition a été trop manifeste ou trop stupide, on s’en sert ensuite comme alibi pour ne pas toucher au système.
Après avoir fait vaguement le tour de l’Espagne et du Portugal, on a découvert que même l’Allemagne avait ses trous bancaires et même... la Suède. Quant à la France, on s’est demandé de quel côté elle passerait si on faisait deux Euros. Faible avec les forts ou forte avec les faibles ?
Bref, aucun grand nettoyage en vue ! Alors, quand les médias nous répètent, comme dans une volière de perroquets, que dans la nuit de dimanche à lundi, les 27 de l’UE ont rétabli « le pacte de stabilité de l’Euro », je me demande si, au lieu de me poser des tas de questions angoissantes, je ne ferais pas mieux de boire un bon verre de whisky, de me trouver un excellent roman et d’aller me coucher. N’est-ce pas ce qu’on attend de nous, justement ?
La face cachée du mal grec...
A lire dans Le Temps : "La face cachée du mal grec : une économie aux mains des familles"
Si j'ai trouvé cet article intéressant, c'est parce qu'en fait il ne s'agit pas uniquement d'un mal "grec". Je crois au contraire qu'il est commun à tous les suds de l'Europe, où, faute d'emplois et d'investissements efficaces et efficients, soit on essaie d'entrer dans la fonction publique (corruption à la main), soit on reste en famille, soit on est contraint à émigrer.
La réponse de l'UE à la Grèce, ses impositions et ses restrictions semblent tout à fait inadéquates, issue d'une totale méconnaissance du pays.
Dans Le Monde, un autre article qui confirme ce que je viens d'écrire : Grèce : la vraie faille de l'Europe est sociale, pas économique, par Jean-Claude Barbier
Re: La face cachée du mal grec...
Pour ce qui est de l'Europe, je me souviendrai toujours d'un ami roumain qui s'en moquait ouvertement, il disait qu'ils (les Roumains) nous avaient bien eus, en disant "oui oui" à toutes ses exigences, pour ensuite profiter des subventions en se riant de nous. Triste...
Deux articles intéressants et symptomatiques de la situation actuelle
Zone euro : un sommet risqué sur la gouvernance : symptomatique de l'arrogance des plus forts au sein de l'UE, qui agissent en cavalier seul, et ne se donnent même pas la peine de convoquer ou même d'informer les autres pays-membres.
"Une implosion de l'euro ne peut pas être exclue", estime Nouriel Roubini : un expert qui avait prévu la crise de2007-2008 s'exprime.