Il a ramené à la maison une tablette de chocolat : 100 gr. de chocolat noir extra avec 60% de cacao en provenance des circuits du commerce équitable et solidaire. Les fèves de cacao ont été produites par des petits agriculteurs de l’Equateur et/ou de
J’avais treize ans et j’étais en cinquième, interne dans un pensionnat de bonnes sœurs, une grande « boite » rose qui, sur la Route impériale, au-delà du très vieux pont qui franchit la rivière, regardait le Mont-blanc. A quatre heures et demie, la cloche sonnait pour le goûter. Les portes des classes s’ouvraient toutes grandes et les élèves sortaient en désordre, en courant pour les plus jeunes, enfilant les longs couloirs vitrés, puis dévalant la dizaine de marches qui précédaient le parloir à droite, la salle des fêtes à gauche et, au fond à droite, le réfectoire. On passait alors la porte vitrée et sur la première table il y avait une grande corbeille avec des tranches de pain et une plus petite avec les barres de chocolat, deux par élève. Chacune de nous allait ensuite consommer son goûter dans l’immense jardin qui entourait les bâtiments. Un jour cependant, j’avais manqué la première marche et après un véritable vol plané, j’avais atterri au bas des escaliers, ma cheville à l’envers. Cela m’avait valu une semaine de vacances à la maison, des applications électriques un peu piquantes (???), et une paire de chaussures neuves….
Qu’en est-il de ce pensionnat aujourd’hui ? Non loin de l’autoroute, je sais qu’il existe toujours, mais je suis quand même allée voir sur les Pages Jaunes et il semble qu’il a fait des petits : au lycée, s’est ajouté, non loin de là, une école maternelle et une école primaire. Aujourd’hui, le privé a le vent en poupe.
Hier je faisais allusion aux libertés dont mon enfance et mon adolescence ont joui. Pour rentrer à la maison, dès douze ans, nous prenions toutes le train, seules, dans nos uniformes bleu marine, notre petite valise à la main. Personne ne venait nous chercher, personne ne nous raccompagnait et pour ma part il me fallait même changer à mi-parcours. Nos parents étaient tranquilles car il n’y avait aucun danger. A C. les garçons de l’Ecole de d…. montaient et, pour les plus délurées d’entre nous, c’était le signal du début des rires sous cape, des coups de pieds ou de coudes en cachette… Mais il n’y avait rien à craindre, la grossièreté et le tout-permis n’étaient pas encore à la mode…
Aujourd'hui, où en est Chantal et son mari malade ? Et Annie avec toutes ses sœurs ? Et Brigitte avec ses boucles blondes ? Bernadette est morte dans un accident de voiture, mais qu’est devenue Marie-Christine qui venait de loin et dont la famille était un peu énigmatique? Et Danièle, à l’élégance innée, que je craignais un peu mais qui était devenue une excellente amie ? Et Nicole, Michèle, Liliane, Anita, Colette, Geneviève….
A la cave, il y a cette vieille boite avec tous ces billets, tous ces noms…. Je crois que je vais descendre ….. Mais avant, je reprendrais bien une autre barre de chocolat…
Mots-clefs : Planète Terre, Société
Commentaires et Mises à jour :
Re:
Ce qui m'étonne, par contre, c'est que cette boîte ait suivi tous mes déménagements sans que j'aie jamais eu l'idée de la jeter. On s'attache parfois à de drôles de choses. Il va vraiment falloir que je descende.
Quant au chocolat, il en reste encore deux barres. On partage? :-))))
Comme avant
Re: Comme avant
je n'étais pas au courant de la négation des droits de production de chocolat imposée aux pays producteurs de cacao. En février dernier, quand j'ai fait des recherches pour dénoncer le "lourd prix" que paient les ouvrières agricoles du Tiers-monde pour satisfaire la demande des roses de la St Valentin, j'étais, par hasard, tombée sur ce site qui parlait également des problèmes liés à la vente du cacao (les boites de chocolat étant, elles aussi, très prisées ce jour-là), mais il n'y avait aucune allusion à ces restrictions.
Il faudra donc que j'en avise mon "fournisseur" de chocolat équitable et solidaire...
A propos de tes problèmes de popups, je suis contente que tu aies finalement trouvé le "bug" :-)))
Re: Re: Comme avant
http://www.elcorreo.eu.org/article.php3?id_article=1689
C'est un article que j'avais d'abord traduit à partir de sa traduction en espagnol (d'où son titre qui ne correspond pas à celui de l'original) et que j'ai corrigé après avoir trouvé l'original sur Znet et sur le site du journal indien qui l'a plublié la première fois.
A la suite de ma traduction, il y a l'original en anglais. Tu choisiras ce que tu préfères.
Personnellement, j'aime beaucoup sa façon directe de dire les choses, d'appeler les choses par leur nom. Elle en effraie plus d'un, parce que dans d'autres textes, elle n'hésite pas à légitimer la lutte armée, notamment en Inde, face aux pogroms organisés par le gouvernement.
Mais je trouve que c'est malheureusement la bonne question : jusqu'à quand va-t-on tolérer tous les assassinats perpétrés directement ou indirectement par les gouvernements au profit de grandes transnationales sans réagir avec autre chose que des protestations de principe ?
Indirectement, je veux dire par les paramilitaires notamment, par les mafias aussi, ce qui en Colombie par exemple veut dire la même chose.
Une autre "bonne question" qu'il faudra aborder de front un jour, c'est celui du rapport entre justice et légalité, car on ne peut pas dire que ces deux concepts se recouvrent, n'est-ce pas ?
En ce qui concerne Arundhati Roy, je suis incapable de lire son roman "Le Dieu des petits riens (The God of Small Things)" sans sombrer dans l'ennui, en revanche, ses articles, même si elle se répète, sont clairs, documentés (elle cite les événements plutôt que de dire des généralités), et virulents.
Force est de reconnaître que ce sont les femmes qui font les meilleures combattantes : Arundhati Roy, Naomi Klein...
Pour les produits du commerce équitable, la seule marque que je connaisse, c'est Max Havelaar, pour le café notamment.
Voilà. Si tu t'intéresses à Arundhati, tu trouveras l'ensemble de ses articles (en anglais) sur Znet.
A bientôt. Philippe.