Quand il y a des élections, moi je vais voter : pour, contre, blanc ou nul, mais je vais voter. Il y a un ou deux mois de cela, Berlusconi a proposé de déléguer les votes d’approbation ou de négation des décrets de lois du gouvernement aux seuls chefs des partis, « pour éviter les pertes de temps des discussions du Parlement » a-t-il dit. Bien sûr, il s’est heurté à un tollé de protestations, même dans son propre camp, mais le fait qu’il ait osé émettre ce type de proposition en dit déjà long : le parlement le gêne, la démocratie le gêne. En effet, il a recommencé cette semaine : « le parlement est pléthorique, 100 députés seraient suffisants ». A ce train-là, si l’ensemble de la population baisse la garde, il se pourrait bien qu’un beau matin elle découvre que son droit de vote s’est terriblement rétréci, ou encore pire, qu'on n'a plus besoin d'elle. En Italie ou ailleurs, il faut toujours se méfier de l’arrogance ou des fausses plaisanteries des petits chefs, elles ne sont jamais sans une seconde fin personnelle. Et à ce propos, justement, le véritable vent d’europhobie qui souffle en Italie ou en France (encore plus depuis que son semestre de présidence est terminé) devrait commencer à nous inquiéter.
Par un savant martèlement aux sondages, on essaie sans ambages de convaincre les citoyens que les élections européennes du 7 juin prochain sont sans grande importance vu que l’Union européenne semble incapable de résoudre les problèmes de la crise en cours. En France, les médias répètent à longueur de journée que l’abstention sera élevée, et, en Italie, la gauche comme la droite réduisent cette consultation à un simple test de popularité. Il s’agit là d’un ignoble lavage de cerveau et d’une façon de prendre les électeurs pour des idiots ! Car, qu’on l’aime, qu’on la dénigre, qu’on s’en gausse, qu’on y croit ou qu’on l’ignore, l’Union Européenne « est déjà » une union de fait depuis des décennies, malgré ses imperfections (comme son douteux Traité de Lisbonne et sa Directive service encore trop Bolkestein, par exemple). Ce qui compte, c'est qu'elle soit fonctionnelle, mais aussi de ne pas oublier que son fonctionnement reflète toujours le bord (et non pas les discours en campagne) des députés qu'on a envoyés au Parlement. A mon avis, jouer à l’eurosepticisme est une forme de snobisme, et ne pas aller voter une forme d’irresponsabilité, comme en 2002 (avec les conséquences que l'on connaît). C’est plus ou moins ce que raconte la journaliste italienne Barbara Spinelli dans un de ses articles.
« L’Union européenne escamotée »
« Parmi les nombreuses questions qui concernent les élections du 7 juin prochain, on cite continuellement l’Union européenne et son Parlement, mais on ne nous en parle pratiquement jamais. Tout au plus, on nous dit que ce serait une erreur de s’abstenir ou que certains candidats sont des incompétents. Mais de ce que signifient ces élections qui auront lieu dans 27 pays, de ce que représente l’UE en ce moment de crise et de mutation, on n’en sait pas grand-chose. Ce qui règne, c’est le silence, les cachotteries, les escamotages. Dans de nombreux pays, au sujet des élections nationales, régionales, etc. qui auront lieu le même jour, les gens ont leur petite idée, mais en ce qui concerne les élections européennes, là où on n'en parle pas ils ne savent pas trop qu’en penser. Sur le plan des individus, c’est encore une réalité abstraite qui ne leur appartient pas vraiment. Si l’affluence aux urnes est faible, on dira de nouveau que l’UE est « distante des citoyens ».
L’UE, au contraire, nous est toute proche, elle occupe au moins la moitié de nos existences. Il y a des décennies qu’elle a transformé notre citoyenneté, qui n’est plus unique. Chaque citoyen italien [ou français, NdT] est en même temps un citoyen européen, et même s’il ne pense pas encore « européen », il vit déjà comme tel. Nous avons une monnaie unique, les frontières internes de l’UE sont tombées, et le droit lui-même est identique dans bien des matières. Plus de la moitié des décisions qui façonnent notre vie quotidienne n’est plus prise au niveau national, mais au niveau européen.
Le sociologue Ulrich Beck a écrit : « Dans les sociétés étiquetées comme « nationales », il n’y a plus le moindre coin sans Europe ». En fait, nous sommes déjà des citoyens aux identités variés, non pas par idéologie mais parce que nous nous déplaçons dans une réalité double ou triple (nationale et cosmopolitique européenne).
Toutefois, nous vivons en Européens en esquivant le mode de pensée européen. De ce grand mensonge (que Beck appelle « nationalisme méthodologique ») sont responsables les classes dirigeantes de chacun des pays membres. La réalité que nous vivons est éludée, non seulement par les gouvernements, mais par les syndicats, les entrepreneurs, les intellectuels, les journalistes. Ils font tous une distinction entre l’intérêt national et l’intérêt européen, comme si l’UE, aujourd’hui, n’était pas le lieu où l’on optimise aussi bien les intérêts propres à chaque nation que ceux du simple citoyen qui a besoin de protection dans les deux sphères publiques ; qui, dans les deux cas, a besoin d’interlocuteurs forts, donc d’avoir, même en Europe, un gouvernement qui « marche », incriminable, censurable comme dans son propre pays. Les sphères publiques auxquelles nous appartenons sont désormais multiples : communales, nationales, européennes, mondiales. On peut l’ignorer, (...(1)) , mais l’ignorance est une mauvaise excuse, et toujours un prétexte.
Ce mensonge nationaliste ne tombe pas des nues : il naît quand on s’appuie sur des raisons peu nobles qui se prétendent réalistes même quand elles ne le sont pas. C’est là que se trouve l’escamotage, avec la réalité qu’on fait disparaître en changeant les cartes. Le truc sert à feindre une souveraineté nationale absolue et à cacher le fait que, désormais, celle-ci est partiellement déléguée à une nouvelle "res publica", parallèle à la nation. Ce mensonge sabote le "penser européen", mais ne contrecarre pas la rébellion de la réalité, constante et têtue. Les citoyens le savent. Les situations changent suivant les pays, les Etats-nations conservent une ample hégémonie législative dans les secteurs-clefs, mais une grande partie des législations nationales est d’origine européenne (consommateurs, environnement, marché interne, etc.)
L’UE n’est pas l’organe international que certains utopistes voudraient fédéral, doté d’une constitution. Les plus grands chercheurs affirment qu’il s’agit d’une institution constitutionnalisée depuis longtemps, vu que les sujets de son ordonnancement ne sont pas seulement les Etats (comme dans les traités internationaux), mais aussi les citoyens. Et les citoyens le sont d’une façon très concrète : depuis le début des années 60, le droit européen a la primeur sur les législations nationales et s’applique directement. L’UE est incomplète, elle n’a pas les attributs basilaires du constitutionnalisme, mais ceci ne l’empêche pas d’être constitutionaliste dès à présent, affirme le juriste Joseph Weiler (The constitution of Europe).
Bien sûr l’UE est délicate, souvent aphone. Accrochés au droit de veto, les Etats l’empêchent de gouverner. Bien sûr, son Parlement devrait avoir plus de pouvoir, bien qu’il en ait déjà pas mal (comme celui d’accepter ou de refuser les décisions de la Commission, par exemple). Certains doutent qu’elle sache affronter la crise économique actuelle, et c’est leur droit. Ils ajoutent que les règles de Maastricht ont vieilli, qu’elles freinent une relance semblable à celle d’Obama parce qu’elles sont trop sévères sur les déficits publics. Cette dernière critique oublie de tenir compte d’un fait : si les USA avaient respecté des règles semblables aux nôtres, qui veillent sur les endettements excessifs pour sauvegarder l’état social, ils n’auraient jamais connu une crise aussi catastrophique.
L’européisation de notre quotidien est une évidence qui écorne profondément les Etats-nations et leur souveraineté présumée. Mais le mensonge aussi écorne, la crise en a fourni la preuve : en se limitant à une simple coordination, les ministres de l’UE ont empêché la mise sur pied d’actions communes qui auraient beaucoup mieux sauvegardé les intérêts nationaux et les personnes. Ils n’ont pas pensé européen. Une coordination entre les Etats n’est pas une façon d’agir commune, et ce que Jean Monnet disait en 1940 est encore valable : « la coordination, c’est une méthode qui favorise la discussion, mais elle ne débouche pas sur la décision… Elle est l’expression du pouvoir national, tel qu’il est ; elle ne peut pas le changer, elle ne créera jamais l’unité….»
Pour Beck, c’est cela le mensonge nationaliste des élites : « Elles déplorent la bureaucratie européenne sans visage, c’est-à-dire le congé de la démocratie, et ensuite elles partent de l’affirmation totalement irréelle selon laquelle il y aurait un retour à l’idylle nation-Etat. » Un retour irréaliste, même si on le travestit en Realpolitik. Prenons Andrea Ronchi, ministre [italien] des politiques européennes : à chaque fois qu’il parle, c’est pour dire qu’il y a des « eurocrates » qui sont la ruine de l’Europe. C’est faux : ceux qui sont la ruine de l’Europe, ce sont les Etats-nations. Les nombreuses décisions eurocratiques dont se plaignent les gouvernements sont prises par eux-mêmes, aux Conseils des Ministres. Ronchi ne dit pas la vérité, et le pire, c’est qu’il n’en est peut-être même pas conscient. L’imaginaire national reste ancré dans les esprits, même quand la réalité le démentit : « Il devient un spectre sentimental, une habitude rhétorique dans laquelle les peureux et les indécis cherchent un refuge et un avenir ». (Qu’est-ce que le cosmopolitisme ? p 225)
Le changement ne peut venir que des citoyens, à condition qu’ils commencent à raisonner de façon cosmopolite, à condition qu’ils votent pour des partis et des personnes qui veulent plus d’Europe, pas moins. (... (2))
Aujourd’hui, le penser européen est faible partout, surtout à droite mais aussi à gauche. Rien de surprenant car le saut est risqué. Il s’agit de rien de moins que de consentir à une seconde conquête de la laïcité dans l’histoire de l’Europe. Tout d’abord, on a séparé la politique de la religion, et maintenant, un second acte laïc s’impose, celui de la séparation entre Etat et nation. Sans démolir l’Etat, mais en mettant en correspondance la nation et ses multiples sphères publiques. Cet acte ne sera pas moins décisif que la chute du Mur de Berlin, et ici aussi sera valable ce que Mikhaïl Gorbatchev opposa à l’aveuglement du gouvernement de la RDA en octobre 1989 : « La vie punit ceux qui arrivent en retard ».
Barbara Spinelli, « L’Europa sparita » publié sur La Stampa du 10 mai 2009
(Traduction de l'italien par ImpasseSud)
Il me semble avoir fait le tour de la question. Que tous ceux qui voudraient en savoir plus sur le Parlement européen, sur ce qu'il fait, sur les innombrables petits pas qu'aucun JT ne nous raconte jamais, aillent faire un tour sur son site.
Il ne me reste donc plus qu’à me chercher un candidat philo-européen qui n'ait pas oublié les idéaux de progrès, de justice et de coopération économique, sociale et culturelle à l'origine de la création de l'UE. Un défi insensé ? Ce ne sera pas facile, d’autant plus que je ne voudrais pas gâcher ma voix en votant simplement CONTRE, ou À VIDE pour un de ces petits partis de gauche ou verts qui me plaisent mais qui, incapables de mettre de côté leurs dissensions, insignifiantes pour les électeurs, séparément n’attendront pas le seuil-barrage des 4%. Ici, en Italie, c'est bien là le drame, car leur incapacité à trouver un terrain d'entente(3) va obliger beaucoup d'électeurs de gauche à mettre de l’eau dans leur vin, ou, comme on le dit ici, à "voter en se bouchant le nez" pour un parti de l'opposition qui ne s'oppose pas, pas assez ou pas assez largement. Plus qu'un défi, il s'agit d'un véritable dilemme !
(1) Ici BS fait référence au récent refoulement italien de barcasses de migrants vers la Libye.
(2) Ici, BP s'attarde sur le refus de l'Italie de se soumettre aux récentes mesures sur le climat.
(3) Les élections législatives italiennes d'avril 2008 les ont déjà fait disparaître du Parlement italien, mais apparemment, ils n'ont pas encore compris la leçon.
Mots-clefs : Union européenne, Société, France, Italie, Médias, Sujets brûlants
Commentaires et Mises à jour :
Re: Le dilemme
Moi aussi, mais ici, en Italie, le dilemme reste entier. Mon coeur balance entre deux des cinq partis possibles mais qui ont tous des défauts.
- Le plus gros, c'est-à-dire le Partito Democratico (ex Ulivo, ex DS, ex PC + un mélange d'ex démocrates-chrétiens) qui ferait encore le poids s'il n'était pas en déconfiture (faute de se décider à faire un ménage interne), incapable de faire de l'opposition et si sa tiédeur n'avait pas fait fuir tout ceux qui ont encore quelques idées de gauche. Il ne me plaît pas, par contre une remontée dimanche prochain ferait peut-être comprendre à Berlusconi qu'il n'a pas encore tout gagné ;
- le parti du juge de Tangentopoli (Mains propres) qui se bat pour un strict retour de la Justice dans un pays où on fait les lois ad personam et où au Parlement, il n'y a pas moins de 76 élus, entre députés et sénateurs, qui ont ou ont eu des ennuis avec la justice ;
- deux petits partis qui sont plus ou moins le ramassis de gauche, extrême-gauche et Verts, issus des myriades de partis évincés du parlement italien aux dernières élections législatives pour ne pas avoir atteint le seuil-barrage. Le ou les succès de ces deux partis serait une belle réussite pour aider la gauche européenne à reprendre du poil de la bête au Parlement européen, mais sur le plan intérieur où ils n'ont aucun représentant, cela ne fera qu'affaiblir un peu plus le PD, c'est-à-dire donner un peu plus d'espace à Berlusconi.
- un autre petit parti "radical" au passé glorieux parce que c'est grâce à lui que les Italiens ont acquis bon nombre de droits "de l'homme", mais qui a fait l'erreur de se déclarer pour la guerre en Iraq ;
Pas facile ! hein ? :(
Le dilemme
Le parti socialiste conduit par Harlem désir (il était sur Place des fêtes, dimanche dernier, trop bôoooo)
-Mais le parti s'entretue et ne bosse pas beaucoup
Le front de gauche conduit par Mélanchon (dissident socialiste) et le PC de Marie-Georges Buffet
-Mais ils me cassent les pieds avec leurs rengaines
Les Ecolos avec Daniel Cohn Bendit, Eva Joly (la juge) et José Bové (le casseur de hamburger)
- J'aurais aimé plus d'enthousiasme
Re: Le dilemme
Bien sûr, je ne connais le monde dont tu parles que de nom, et encore... à part Cohn Bendit parce qu'il appartient à notre génération, et Eva Joly parce qu'elle a été faire un tour en Guadeloupe (j'ai suivi son discours sur RFO), mais ne s'est même pas donné la peine de rencontrer mon aîné qui y est responsable des Jeunes Verts et y est très actif. Au lieu de cela, elle a laissé mettre en tête de liste un Vert qui ne fait rien depuis des années, simplement parce qu'il a profité du mouvement du LKP pour se mettre en vue.
Dans les faits, l'outre-mer n'intéresse pas beaucoup les Verts de métropole. Ils ne vont jamais voir ce qui s'y passe sous prétexte qu'ils n'ont pas les moyens de se déplacer, alors qu'il y a vraiment beaucoup à faire en ce qui concerne la pollution des sols aggravée par les dérogations particulières accordées aux békés par l'Etat. Idem dans l'autre sens, ils invitent leurs inscrits aux congrès de métropole et aux congrès européens.... à condition qu'ils avancent l'argent de leur voyage et finissent par en payer une bonne partie de leur poche. Ce qui fait que personne ne se déplace.
Le grand défaut de tous les candidats, c'est qu'ils ne perdent plus beaucoup de temps à écouter les électeurs, à prendre note de leurs besoins ou de leurs aspirations.
En Italie on vote sur deux jours, à partir de cet après-midi 15 h. Je suis toujours un peu indécise, mais ce qui va peut-être l'emporter quand je serai dans l'isoloir, c'est le parti (de gauche bien entendu) dont le secrétaire a silloné toute l'Italie, non plus seulement à travers les écrans de télé, mais à l'ancienne, en train, dans les gares, les marchés, les magasins, les usines, au milieu des problèmes des gens, clôturant même sa campagne ici au sud (chose exceptionnelle !), où la coutume très ancrée du clientélisme porte plus souvent du côté de la droite et de l'Eglise catholique.
Re: A voté
A la fausse, oui ! mais peut-être pas à ceux qui y croient vraiment ;-) Ne serait-il pas temps de commencer à montrer les choses telles qu'elles le sont, d'arrêter de tricher ? Te rends-tu compte que mon aîné s'est retrouvé contraint à voter pour une liste socialiste ?!
Ai voté ! moi aussi... un peu en me bouchant le nez, un peu pour récompenser une redescente sur terre, mais ai voté !!!
A voté
Le problème est qu'aujourd'hui dans cette autoroute de l'info, il faut trouver une place médiatique pour avoir un espace de paroles audible.
Perdre le droit de vote
Le droit de vote est un privilège dont les gens n'ont plus conscience. Les deux faits suivant devraient faire réfléchir :
1) pendant que les électeurs de l'UE votent du bout des doigts, à L'Aquila on fait des pieds et des mains pour pouvoir aller voter, sous la tente et en faisant des heures de route.
2) environ 30% des électeurs Italiens résidant en Hollande et en France se sont vus refuser le droit de voter dans les Consulats après avoir disparu des listes électorales sur ordre de la Farnesina, le ministère des affaires étrangères italiens, parce qu'ils auraient soi-disant opté de voter pour les listes hollandaises et françaises. Ce qu'ils nient tous catégoriquement. Bien entendu, il faudrait approfondir cette question, mais le fait est qu'en Hollande on a voté le 4 juin et qu'au Consulat on leur a refusé le droit de vote le 7 juin. Ils vont déposer plainte, mais pour ces élections, c'est râpé.
Quand on sait que c'est le gouvernement de Berlu de 2001 à 2006 qui a instauré le droit de vote dans les Consulats pour les Italiens à l'étranger, mais que c'est le vote massif pour la gauche de ces Italiens à l'étranger qui avait permis à Prodi d'arriver au pouvoir en 2006 et que les élections de 2008 ont confirmé cette tendance..... il y a de quoi se poser des questions.
Comme quoi, si, de temps en temps, les gens avaient peur de perdre leur droit de vote, ils l'apprécieraient certainemenet beaucoup plus et l'exerceraient certainement beaucoup mieux.
Perdre le droit de vote
Reste que cette élection laisse comme un goût amer dans la bouche, le peu d'enthousiasme dans la campagne reste quelque chose d'étonnant, on veut construire quelque chose mais les personnes ne s'intéressent pas et bien souvent elles ne comprennent même pas les rouages de ce quelque chose. (personne n'explique vraiment)
Mon père, hier soir au téléphone m'a dit qu'il n'était pas allé voter, il a l'impression que quelque chose lui échappe, il ne comprend rien à ces directives européennes, il est scandalisé par l'histoire du rosé, il ne peut admettre que du rosé soit du blanc mélangé au rouge, je lui dit que c'est caricatural de présenter les choses ainsi, il préfère se replier sur lui-même et ne plus rien comprendre, ça le fatigue maintenant.
Je crois que c'est la première fois de sa vie qu'il n'a pas été voter.
Toujours est-il que si mes comptes sont bons, on a envoyé au Parlement beaucoup trop de Députés de droite!
Virage à droite :(
Ce matin, l'Union européenne a effectivement viré un peu plus à droite. On peut se consoler en regardant ce graphique qui met en évidence un 50/50 un peu en faveur de la gauche. Ceux qui feront pencher la balance, ce seront les "others", surtout britanniques et conservateurs paraît-il.
Mais le véritable drame c'est que la gauche a une fois de plus fait tout ce qu'il fallait pour s'enfoncer encore plus. Partout en Europe, elle devait profiter de ces élections pour balayer ses anciens leaders, désormais incapables de la renouveler, de la gérer.... disons-le carrément imbuvables !
En Italie, c'est flagrant. Le Parti Democratico (ex PC, ex Ulivo, ex DS, ex Margherita, ex, ex, tous de gauche) a perdu des voix à cause de ses divergeances intestines et de la permanence de ses anciens leaders. Mais les électeurs qui l'ont lâché pour voter plus à gauche, pour un de deux petits partis (ramassis de socialistes, communistes et verts) qui n'ont pas réussi à se mettre d'accord (sur des détails!) pour ne présenter qu'une seule liste ont voté à vide parce que, séparemment et comme cela était à prévoir, ils n'ont pas atteint le seuil-barrage des 4%. Cette étroitesse d'esprit multipliée par toutes les gauches européennes en recul, cela fait un tas d'excellentes voix perdues, un tas d'idées généreuses perdues, un tas de probabilités pour un monde meilleur perdues !!! C'est désastreux, et il n'y a rien d'étonnant à ce que des personnes comme ton père, convaincues autrefois, finissent par se décourager et ne plus aller voter. (Ici on peut signer une pétition pour défendre le rosé).
Ici, le Berlu a quand même eu droit à son petit coup de frein, au sud en particulier, vu que qui gouverne l'Italie dans la réalité, c'est la Ligue du Nord, et qu'elle tire toute la couverture à soi.
Heureusement, en France et en Belgique, les Verts ont fait un sérieux bon en avant. La projection de "Home" y est-elle pour quelque chose ? (J'ai vu que Le Monde on se pose la même question) Ah! ce bon vieux Cohn-Bendit.... les bons crus de mai 68 ! avec les autres Verts, ils devraient rassembler Parlement, mais je me réjouis quand même de leur avancée, car, chez les Verts comme ailleurs, ce que je n'aime pas, c'est quand on utilise un mouvement pour faire carrière.
P.S. Sarah, tu devrais remettre ta pendule-PC à l'heure. Si je n'étais pas aussi lente, j'aurais pu te répondre avant que tu ne postes :-))))
A lire dans Le Monde
"L'Europe, ça ne tombe jamais bien" et "En France, les candidats s'accusent de double langage" qui mettent à nu les fins nationalistes cachées de toutes les campagnes électorales européennes.
"Qui vote quoi au Parlement européen" qui montre combien les tendances majoritaires nationales se reflètent sur le Parlement européen.