Dans nos esprits embrumés, assoupis, voire endormis par une information routinière et partisane qui ne rapporte qu'une suite de faits violents, qui pourrait imaginer qu’au Proche-Orient, ces jours-ci, du 3 au 15 mai 2008, a lieu la quatrième édition de la « Follow the women » (Suivez les femmes), sorte de course cycliste féminine pour la paix ? Une belle histoire que la journaliste Cecilia Gentile est en train de suivre pour
1ère étape : Le départ. « Trois cents femmes les pieds sur les pédales dans un Liban en fête ».
Beyrouth – Des forêts de cèdres à l’odeur piquante au maquis méditerranéen, de la montagne à la mer en 40 kilomètres de splendides coups de pédales avec 250 femmes originaires de 39 pays différents. Le Liban, c’est cela aussi, c’est aussi « Follow the women », la manifestation qui s’est ouverte hier à Beyrouth, arrivée à sa quatrième édition et qui invite les femmes du monde entier à pédaler à travers les pays du Proche-Orient pour partager une expérience de paix.
La fondatrice et promotrice est une femme anglaise, Detta Regan, qui a amené ses deux filles. Autour d’elle, un petit groupe de volontaires qui, chaque année, cherche des sponsors et des contacts sur le terrain pour rendre leur initiative visible et fructueuse.
Cette année, on part du Liban, pour passer en Jordanie et en Syrie, et finir le tour dans les Territoires occupés de Cisjordanie. [le parcours, le programme, NdT] Les femmes qui participent viennent de Palestine, Iran, Turquie, Maroc, Estonie, France, Danemark, Espagne, Canada, et, les jours prochains, on attend un groupe de femmes israéliennes. Il y a vingt Italiennes, deux viennent de Rome, le plus grand nombre de Padoue, deux de la province de Sienne, les autres de Venise et de Trévise.
Après les discours officiels au Palais de l’Unesco, la caravane part de Bakleen, Mont-Liban, 900 mètres au-dessus du niveau de la mer ; elle monte et elle descend dans les tournants d’un paysage qui, en hiver, est recouvert de neige et qui, maintenant, est une explosion de vert. On passe par Aïn-Bal, Ghariefi, Hasrout, Aanout, Daraxa, Sheim. Dans chaque village les gens saluent, prennent des photos avec leurs portables, accueillent le groupe avec des danses, une distribution de fleurs, pâtisseries locales et narghilé. C’est la fête.
Mais pour protéger le cortège, il y a les mitraillettes de l’armée libanaise, ses camionnettes et ses motos. Une offensive armée pourrait éclater à l’improviste, les gens le savent. « Le pays est paralysé », disent les organisateurs locaux du PYO, Progressive Youth Organization, une émanation du parti au pouvoir, « mais il est libre et avec son agenda indépendant », répètent les leaders. Il est paralysé parce que d’un côté, il y a la coalition du gouvernement, et, de l’autre, le Hezbollah, un état dans l’Etat. Deux univers parallèles qui n’arrivent pas à composer. C’est pour cela que depuis trois ans, au Liban, on reporte les élections du président. Et au milieu de tout cela, les femmes et la bicyclette, moyen humble, pauvre, sans défense, presque ridicule dans la complexité et le drame de ces territoires. Mais les femmes pédalent….
(
Cecilia Gentile, “Medio Oriente, un diario in bici : 1)
Traduction de l’italien par ImpasseSud
A suivre....
Les autres étapes : 2ème, 3ème, 4ème, 5ème, 6ème
Mots-clefs : Femmes, Voyages, Hommes de bonne volonté, Question israélo-palestinienne, Asie, Sujets brûlants, Guerres. Méditerranée
