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300 Femmes à vélo au Proche-Orient (4ème étape)
--> 4ème étape de « Follow the women » : « en pédalant dans le cœur de l’histoire en plein cauchemar de la guerre du Liban »

"Follow the women" 2008Amman – La première journée en Jordanie de Follow the Women, la manifestation en faveur de la paix de 250 femmes à bicyclette au Moyen-Orient [voir le parcours, le programme, NdT], commence mal. Du Liban voisin arrivent les nouvelles d’un pays dans le chaos, à la veille de la guerre civile (1). L’aéroport est fermé, la frontière avec la Syrie est fermée, la moitié de la capitale est aux mains du Hezbollah, 11 morts. Huit femmes du groupe italien doivent rentrer à Beyrouth et elles ont peur. Ensuite, que ce passera-t-il en Cisjordanie ? La prochaine étape de la manifestation entre dans les Territoires occupés et la tension monte.

Jawad, le jeune manager libanais qui loue les bicyclettes et accompagne la caravane par hobby, s’est retrouvé coupé au dehors avec toute son équipe, et il a un regard soucieux. Toutes les nouvelles qui arrivent sont mauvaises. Nous recevons un coup de téléphone de l’Unité de crise de la Farnesina [Ministères des affaires étrangères italien, NdT] qui veut savoir où se trouvent les Italiennes.

Le temps aussi s’y met : ciel gris, vent, mais on pédale. Le début est à vous donner un infarctus : pour rejoindre Amman, on parcourt l’autoroute pour l’aéroport, mais contrairement à la Syrie, elle n’a pas été fermée au trafic. Les voitures passent à toute allure et les femmes pédalent en file indienne, en un long serpent dont on n’arrive pas à voir la fin. Les cyclistes cherchent des yeux la médina. Mais Amman n’est pas comme Damas, elle n’a aucun centre historique aussi caractéristique et aussi antique. Amman court à toute vitesse vers l’Occident, son charme se trouve dans les groupes de maisons accrochées aux collines qui composent la capitale, de la même couleur que la roche : une couleur crème qui glisse vers le blanc et fait de la ville un ensemble aux tons homogènes.

Au centre, devant la mosquée principale, les gens attendent le passage de "Follow the Women". Mais il n’y a que des hommes, les femmes sont sans doute chez elles en train de préparer le repas car c’est vendredi et pour l’Islam, c’est un jour férié. Amman court vers l’Occident, mais les femmes voilées, le visage même complètement recouvert sont très nombreuses, la majorité. Au passage des femmes à bicyclette, un éclair de complicité féminine s’échappe de leurs yeux.

Les bicyclettes envahissent l’amphithéâtre romain, les femmes se dispersent avec des drapeaux, en chantant des chansons. De la partie la plus haute des gradins on voit toute la ville et on en devine l’histoire.

Le jour suivant, samedi, encore à bicyclette d’Amman à Madaba et son église grecque orthodoxe : les mosaïques qui recouvrent le sol représentent la carte antique de la Palestine avec le Jourdain, Jérusalem, la Mer Morte, Bethlehem.

La Palestine… Demain on passe la frontière. Attentes, angoisses, inquiétude. Maintenant, on va se baigner dans la Mer Morte qui pour l’instant absorbera les peurs dans son excès de sel. »

(10 mai 2008)

Cecilia Gentile, « Medio Oriente, un diario in bici : 4) In Giordania » publié sur La Repubblica

Traduction de l’Italien par Impasse Sud

 

A suivre…


Les autres étapes : 1ère, 2ème, 3ème, 5ème, 6ème

(1)

 

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Ecrit par ImpasseSud, le Dimanche 11 Mai 2008, 11:51 dans la rubrique "Les hommes de bonne volonté".

Commentaires et Mises à jour :

sarah-k
13-05-08 à 16:30

Merci beaucoup, Impasse pour ces traductions.
Je me dis qu'il y a de l'espoir quand je lis ce périple.

 
ImpasseSud
13-05-08 à 17:34

Re:

Pour moi, ce genre de récit, cette preuve de bonne volonté, a une très grande importance. Je viens de poster la 5ème étape, mais je ne sais pas si c'est la dernière vu que l'arrivée est prévue pour demain. Je vais continuer à guêter  :-).

Deux détails :
1) dans tous ses articles, la journaliste parle de "Follow the womAn", le fameux "Suivez LA femme", ce qui à mon avis, est un peu ambigu. Alors, afin de remettre les choses à leur vraie place, j'ai froidement décidé de "trahir" en traduisant, pour rétablir la vérité. :-)
2) Le 12 avril dernier, Detta Regan, la fondatrice de FTW écrivait : "It's sad that we still have not managed to get a team of Israeli women to join the bike ride, but we are hoping this will happen in the future." (Il est triste de constater que nous n'avons pas encore réussi à obtenir qu'une équipe de femmes isréliennes se joigne à la course, mais nous espérons que cela se produira dans le futur). Ce que j'aimerais savoir, c'est si le petit groupe isrélien annoncé par la journaliste dans son premier article du 3 mai, est effectivement venu, ne serait-ce qu'à la fin. Ce ne doit pas être facile pour elles.