Naplouse – A Naplouse, il y a des trous de projectiles partout, dans tous les murs. Les incursions de l’armée israélienne font partie de l’histoire récente, tout comme les blessures qui brûlent encore. Pas la moindre maison ou famille qui n’ait eu un ou deux morts au cours des derniers combats entre Israéliens et Palestiniens, et les innombrables affiches-faire-part avec les photos de ceux qui sont morts en combattant rappellent à tout instant, de façon obsessive et paroxystique, que la guerre et la mort sont passées par ici.
Ammar Gamous, 18 ans, est sur une chaise roulante. Il a perdu l’usage de ses jambes parce qu’il s’est retrouvé au milieu d’un coup de feu. « Nous sommes las, nous n’en pouvons plus, nous voulons la paix », dit le jeune homme qui accompagne la caravane de "Follow the Women", les 250 femmes à bicyclette pour de la paix au Proche-Orient [voir le parcours, le programme, NdT].
Dans la nouvelle et moderne université de Naplouse il y a 16.000 étudiants, dont la moitié sont des femmes. Dans la bibliothèque, il y a 200.000 publications. « Etudiants et professeurs ont un rêve », raconte le directeur des Relations publiques de l’université, « c’est d’aller sans permis spéciaux, sans check-points, de leur village à l’université ».
Pour "Follow the Women", arriver à Naplouse n’a pas été facile. Il faut passer un check-point terrible : il y a deux ans, l’organisation avait essayé de le faire, mais elle avait été refoulée. Alors cette fois, dès que les femmes ont réussi à passer, c'est la fête : « Welcome in Palestine ! » Hommes et femmes lancent des pétales de fleurs, ils applaudissent, klaxonnent tandis qu’ils accompagnent le cortège des cyclistes qui arrivent du monde entier.
Parmi les femmes à bicyclette, il y a aussi Lina, une des filles adoptives d’Arafat. Le leader palestinien l’a adoptée après le massacre de Sabra et Chatila, en 1982. « J’avais un ou deux mois », raconte Lina, « toute ma famille est morte au cours de cette attaque. Moi, je ne me souviens de rien, mon seul souvenir, c’est cette cicatrice », dit-elle en montrant sa cheville gauche. « Autour de Naplouse et de ses villages, il y a 106 check-points. Nous vous sommes grés d’être arrivés jusqu’ici, » disent les organisateurs palestiniens. Puis, à bicyclette jusqu’à Djénine, où il y a un camp de réfugiés avec 3.000 personnes. Ici aussi, les signes de la guerre passée depuis peu sont évidents et douloureux.
Encore à vélo vers Roumana. C’est l’heure la meilleure pour pédaler, le soleil se couche et un petit vent léger rafraîchit les cyclistes déshydratées par la canicule palestinienne. Scénarios de champs cultivés, coups de pinceau de jaune, de vert et de brun, paysans qui s’arrêtent pour regarder et saluer. Des coups de pédales qui soulagent les cœurs alourdis par les témoignages de mort et de douleur.
Le dernier soir se passe chez les habitants, en famille. Les femmes ôtent leur voile, on dirait des jeunes filles. Depuis la terrasse des hôtes on voit les lumières d’Israël, de Nazareth, la ligne du mur. « Maintenant, vous êtes nos ambassadrices », disent les Palestiniens qui nous reçoivent. « Racontez ce que vous avez vu dans vos pays. Dites-le, que nous, nous voulons la paix ».
(
Cecilia Gentile « Un diario in bici : 6) Palestina » publié sur
Traduction de l’italien par Impasse Sud
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