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Italie, la liberté d’expression comme une peau de chagrin avec l’accord de la population

Hier, 14 juillet, jour symbolique même en Italie, c'est le jour qu'avaient choisi les blogueurs, juristes et journalistes italiens qui adhèrent au Diritto alla Rete (droit au réseau) pour organiser une grève des blogs « bruyamment silencieuse », en protestation, plus spécifique cette fois, contre un des aspects du décret de loi sur les interceptions, rebaptisé « ammazza Internet »(tue Internet) parce qu'il reprend à l’usage du Web et pour tous les sites l’« obligation de rectification dans les 48 heures » conçu il y a soixante ans pour la presse, sous peine d’amendes pouvant aller jusqu’à 25 millions des anciennes Lires, soit près de 13.000 euros. "Le gouvernement démontre ainsi", écrit Guido Scorza, "qu'il ne comprend rien à la Toile mais qu'il la craint terriblement, parce que différente d'une chaîne de télévision." Déjà adoptée par le Sénat, si le Président de la République n'y met pas son véto cette loi risque de bâillonner tous ceux qui utilisent les blogs, Twitter, Facebook, YouTube, etc. pour diffuser librement informations et courants d’idées, "risque de modifier la dynamique de l'information on-line, sacrifice inutile de la liberté d'expression qui réduira les droits du plus grand nombre sans fournir aucun avantage même à un petit nombre." 

Bien que je sois d'accord sur le fond, je n'ai cependant pas pu m'empêcher de me poser des questions sur la forme de cette protestation, bien mal choisie à mon avis. Quel impact peut bien avoir une grève « silencieuse » exercée ostenciblement par un millier de participants (alors que les blogueurs italiens sont plusieurs millions) même si elle est suivie par un sit-in à Piazza Navona à Rome avec quelques noms importants, sur une majorité parlementaire qui ne demande pas autre chose que le silence du peu d'opposition réelle qu'il reste, et sur une population dont la majorité est prête à avaler n'importe quoi et qui ne s’en apercevra même pas si les JT n'en parlent pas ? En désespoir de cause ? Pour pouvoir (éventuellement) dire plus tard "j'en étais" ? L'article qu'Umberto Eco a écrit cette semaine pour l'hebdomadaire L’Espresso tombe bien à propos.


“L’ennemi de la liberté de la Presse”

"C’est peut-être dû au pessimisme du grand âge ou à la lucidité que l’âge apporte avec soi, mais j’éprouve une certaine hésitation mêlée de scepticisme, à intervenir, sur l’invitation de la rédaction, en défense de la liberté de presse. Je m’explique : quand quelqu’un doit intervenir en défense de la liberté de la presse, cela signifie que la société, et avec elle une grande partie de la presse, est déjà malade. Dans les démocraties qu’on peut définir « robustes », on n’a pas besoin de défendre la liberté de la presse, parce que personne n’a l’idée de la limiter.

Ceci est la première raison de mon scepticisme et elle implique un corollaire. Le problème de l’Italie, ce n’est pas Silvio Berlusconi. L’Histoire (j’entends à partir de Catilina) a été riche en hommes aventureux, non dépourvus de charisme, avec un sens de l’Etat presque inexistant mais un sens de leurs propres intérêts très élevé, qui ont désiré instaurer leur pouvoir personnel en ignorant les parlements, magistratures et constitutions, distribuant des faveurs à leurs propres courtisans et (d’autres fois) à leurs propres courtisanes, identifiant leur propre plaisir à l’intérêt de la communauté. Le fait est que ces hommes n’ont pas toujours réussi à conquérir le pouvoir auquel ils aspiraient parce que la société ne le leur a pas permis. Quand la société le leur permet, pourquoi s’en prendre à ces hommes plutôt qu’à la société qui les a laissés faire ?

Je n’oublierai jamais une des histoires que me racontait ma mère qui, à l’âge de vingt ans, avait trouvé un bel emploi comme secrétaire-dactylo d’un député de l’aile libérale – libérale, j’insiste. Le jour suivant l’ascension au pouvoir de Mussolini, cet homme avait dit : « Mais, au fond, vu la situation dans laquelle se trouve l’Italie aujourd’hui, il se peut que cet homme trouve le moyen de remettre un peu d’ordre ». Et voilà ! Ce n’est pas l’énergie de Mussolini (occasion et prétexte) qui a instauré le fascisme, mais l’indulgence et le laxisme de ce député libéral (représentant exemplaire d’un pays en crise).

Il est donc inutile de s’en prendre à Berlusconi qui, pour ainsi dire, fait son propre métier. C’est la majorité des Italiens qui a accepté le conflit d’intérêts, qui accepte les rondes, qui accepte le « lodo Alfano » [qui bloque tous les procès relatifs aux quatre plus hautes charges de l’Etat, NdT], et qui, maintenant, était prête à accepter assez tranquillement la muselière (pour l’instant expérimentale) mise à la presse, si le Président de la République n’avait pas froncé les sourcils. La même nation accepterait sans hésitation, et même avec une malicieuse complicité, que Berlusconi ait sa cour de soubrettes, si une prudente censure de l’Eglise n’était pas à peine intervenu pour troubler la conscience publique. Laquelle sera bien vite dépassée vu que depuis ce jour-là les Italiens, et les bons chrétiens en général, vont chez les p. même si le curé dit que ce n’est pas bien.

Alors pourquoi dédier un numéro de L’Espresso à ces alarmes si on sait qu’il arrivera à ceux qui sont déjà convaincus des risques que court la démocratie, mais ne sera pas lu par ceux qui sont prêts à les accepter à condition qu’on ne touche pas à leurs rations habituelles de Big Bother ou de nombreuses affaires politico-sexuelles dont au fond on ne sait pas grand-chose vu qu’une information en grande partie sous contrôle n’en parle même pas ?

En effet, pourquoi faut-il le faire ? La réponse est simple. En 1931 le Fascisme avait imposé aux professeurs universitaires, qui à l’époque étaient 1.200, de jurer fidélité au régime. Seuls 12 d’entre eux (1%) refusèrent et ils perdirent leur place. Certains disent 14, mais cela nous confirme combien, à l’époque, ce phénomène est passé inaperçu vu que la mémoire qu’il laisse est si vague. Tant d’autres qui par la suite sont devenus des personnages éminents de l’antifascisme de l’après-guerre, jurèrent sur les conseils de rien de moins que Palmiro Togliatti ou Benedetto Croce, pour pouvoir continuer à diffuser leur enseignement. Il se peut que les 1.188 qui sont restés ait eu leurs raisons, des raisons différentes les unes des autres mais toutes très honorables. Mais ce sont les 12 professeurs qui ont dit non qui ont sauvé l’honneur de l’Université et en définitive l’honneur du pays.

Voilà pourquoi il faut parfois dire non, même si le pessimisme vous dit que ça ne servira à rien. A moins  qu’un jour, on puisse dire qu’on l’a dit."

Umberto Eco, « Il nemico della Stampa », publié sur L’Espresso le 9 juillet 2009

(Traduction de l’italien par ImpasseSud)


Hier soir je n'ai pas regardé les JT, mais ce matin, pas un mot (pas encore ?) dans la grande presse, et, dans la blogosphère que je fréquente, juste une vidéo d'Antonio di Pietro qui ne montre rien. Parce qu'il était trop tôt ou parce quon a décidé d'étendre « le silence » au récit de cette journée ? ai-je fini par me demander, exaspérée. Une façon de protester qui ressemble étrangement aux prises de position en faveur de l'abstention, donc du silence, comme forme de protestation lors des élections, et qui, à l'inverse du but recherché laisse les mains plus libres aux vainqueurs, avec, comme cerise sur le gâteau, la possibilité de pouvoir dire : "La liberté d'expression ? Elle se porte bien. La preuve, c'est que personne ne les a empêchés de manifester leur mécontentement."

En ce 14 juillet 2009, on était bien loin du 1% de la population des blogueurs, juristes et journalistes italiens, et tout comme Umberto Eco, je pense que cette grève n'a intéressé que ceux qui s'y intéressaient déjà et qui continuent et continueront à s'y intéresser. Passer ce risque de bâillonnement sans en parler aurait été/serait une erreur et il est bon de rapeller que cette journée de lutte a déjà été précédée par une nuit blanche contre la loi bâillon, le 8 juillet dernier.

Mais résister de cette façon-là est-il utile ? Est-il suffisant que quelques-uns aient manifesté même si cela ne servait à rien pour racheter l'honneur d'un pays ? Moi, je pense que non. L'honneur d'un pays se base sur le présent, et il ne se rachète que quand une grosse partie de sa population réagit face aux infamies, ou, tout du moins, est prête à suivre ceux qui s'y opposent. Le type d'opposition sporadique illustré ici, hélas (je suis de plus en plus pessimiste moi aussi), ne sauve l'honneur que ceux qui la font, en cohérence avec eux mêmes et avec ceux qui pensent comme eux. L'Italie des années 30 s'identifie au Fascisme et non pas aux 12 professeurs unversitaires qui ont refusé de signer, tout comme la Shoah s'identifie au nazisme, et non pas aux Justes qui s'y sont opposés. En Italie, face à un si petit nombre d'opposants (un Etat démocratique présupposant l'existence d'une opposition subtentielle), ne faudrait-il pas plutôt commencer par se demander le pourquoi d'une aussi grande absence de maturité civique ? N'y-t-il pas une sorte de repoussoir dans les divisions, dans l'extrême morcellement de l'opposition ? Faute de quoi, manifestations silencieuses ou non, résistance ou non, l'Italie (comme tous les Etats soi-disant démocratiques qui glissent sur cette pente, d'alleurs) risque de ne pas s'en sortir de si tôt.

 

Bien entendu, dès que j'en saurai plus...

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Ecrit par ImpasseSud, le Mercredi 15 Juillet 2009, 10:09 dans la rubrique "Actualité".

Commentaires et Mises à jour :

ImpasseSud
16-07-09 à 14:10

Pour ceux qui veulent savoir comment ça s'est passé

Ici on peut lire, de la bouche de Guido Scorza, que le Dirittto alla rete a reçu 7.000 e-mails depuis sa création (sans préciser le nombre des pours et des contres), qu'à Piazza Navona, à 19 heures, il y avait de 200 à 250 personnes dont Antonio di Pietro et Derrick de Kerckhove (photos 1-2), qu'on a trinqué au prosecco (spumante envoyé par un blogueur-gréviste), que le bar qui leur avait promis du courant s'est rétracté au dernier moment, et on cite les quelques personnes qui ont manifesté leur soutien. 
A ma connaissance (mais je ne demande qu'à être démentie), les quotidiens qu'on y cite en référence ont parlé de ce projet avant le 14 juillet mais pas après. La Repubblica n'a ajouté qu'une photo sans rien raconter. Pour savoir quelque chose, j'ai dû me rabattre sur le site promoteur et quelques blogs.
A cela j'ajouterai que les blogs ostensiblement protestataires qui s'étaient enregistrés sur Diritto alla Rete sont (pour l'instant) 1.319.

"Bilan positif, qui va au-delà des espérances", a conclu Guido Scorza.
Moi, je veux bien...

 
JvH
16-07-09 à 14:12

J'aime vraiment ce qu'écrit Umberto Eco, en général, mais aussi sur ce sujet en particulier. Il est tellement lucide, cultivé, et pour ne rien gâcher il a de l'esprit... Et malheureusement il a raison, pourquoi s'en prendre à Berlusconi, qui ne fait que son métier!

 
ImpasseSud
16-07-09 à 14:18

Re:

Tiens, tiens, ta petite (dont je suis la croissance avec plaisir)te laisse le temps de jeter un coup d'oeil à la politique italienne ? J'en suis enchantée. Nous avons dû poster nos deux commentaires en même temps. Moi, ce que je déplore dans cette affaire c'est l'aveuglement, le goût d'élitisme et de protagonisme personnels qui règne à l'oppostion, tellement occupée de ses cocoricos ou de ses guéguerres internes, qu'elle laisse un bon nombre d'Italiens dans le désespoir.
Umberto Eco a sans autre raison, mais son article ne va certainement pas remonter le moral des gens.

 
sarah-k
16-07-09 à 17:07

Oui! Umberto Eco a raison.
Cela fait longtemps que je ne me pose plus la question du plus grand nombre, je fais ce que je dois faire.
En france, j'ai l'impression d'une telle régression depuis des décennies mais j'ai cessé d'être troublée par ce fait.

 
ImpasseSud
16-07-09 à 18:38

Re:

Moi, au contraire, Sarah, ça continue à me déranger, et de plus en plus. Moi aussi je fais ce que j'ai à faire, mais je n'arrête pas de me dire que ce n'est pas possible, que ça ne peut pas continuer comme cela, et que les gens vont finir par se réveiller. S'il y a un petit coup de pouce à donner, je le donne même s'il n'est pas tout à fait de mon goût, mais rien ne change et je n'arrive pas à accepter que tout, quoi qu'on fasse, finisse au contraire et toujours en profits personnels. Je n'arrive pas à me faire une raison à propos de ce qui se passe à L'Aquila, ni que la presse passe sous silence l'acquittement de toutes les entreprises en odeur de mafia qui ont mal reconstruit en Irpinia. Je n'arrive pas à me faire une raison à propos de l'explosion de Viareggio qui a fait au moins 24 morts (bilan provisoire) parce qu'on laisse que des wagons qui transportent du GPL entrent sans contrôle dans le pays avec des charriots rouillés, je n'arrive pas à me faire une raison à propos du "paquet sicurezza" qui oblige les gens à dénoncer les sans-papiers, qui interdit de leur donner un toit, qui, dans la pratique, les empêche de se soigner ou de déclarer la naissance d'un enfant, qui fiche les SDF et légalise les rondes, qui pénalise les victimes du racket, etc, mais consiste surtout à transformer le simple citoyen en coupable potentiel ; qui laisse des êtres humains en pleine mer; qui tolère l'esclavagisme sous les yeux de tous pendant des années ; je n'arrive pas à me faire une raison à propos des continuels opportunismes moraux qui jouent avec la vie, les droits des femmes, les femmes tout court quand les critères primordiaux pour faire carrière en politique sont la beauté et la disponibilité, sans oublier ce que rappelle Umberto Eco dans son article; je n'arrive pas à me faire une raison à propos des grands indigents à qui l'Etat fait cadeau de 40€ par mois sur carte mais dont il oublie de recharger la carte, ni à propos des véritables victimes de la crise que B nie tous les jours, etc... Et la liste est encore longue, les espaces libres de plus en plus rares. Non, je n'arrive pas à me faire une raison....
Parce que j'ai un gros défaut, à chaque injustice flagrante, à chaque cochonnerie, je souffre d'empathie. Parce qu'il existe un moyen de vivre sans piétiner son voisin !!!
Mais vu l'exemple qui vient d'en haut, de la classe politique dans toutes ses tendances, de l'Eglise catholique, et de la coutume du clientélisme, il semble que tout le monde ou presque l'ait oublié, sauf une minorité de citoyens, groupes, associations ou ONG propres, honnêtes et respectueuses des besoins de l'homme, de ses droits, et quelques prêtres et évêques rebelles à la pauvreté et aux systèmes mafieux, qui vont de l'avant en aidant et qui ont raison, mais qui ne rachètent en aucune manière l'indifférence scandaleuse et immorale dans laquelle la majorité de la population s'est enfoncée. Sans parler de toutes les bonnes idées se perdent en route parce qu'écrasées sous la recherche de protagonismes, comme pour les élections européennes, comme pour cette grève des blogueurs qui m'a irritée parce qu'élitiste, sectaire, pleine d'un gargarisme suffisant qui ne voit même plus l'erreur dans le moyen, en s'alliant avec des gens qui te lâchent ensuite sur les pétitions qu'ils t'ont fait signé, que tu as signées parce que tu trouvais juste de contribuer à l'annulation d'une loi antidémocratique qui empêche les électeurs d'élire directement leurs représentants au Parlement, mais qui, après avoir recueilli assez de signatures pour déclencher un referendum, tournent leurs vestes au dernier moment.
Dans un pays où le ciel tombe souvent sur la tête des gens parce qu'on ne fait pas grand chose pour l'en empêcher, la seule chose que tu puisses faire, c'est d'espérer que ce ne soit pas sur la tienne.
Sarah, tu ne comprendras certainement pas grand chose à ce défoulement et je suis sûre que tu excuseras ma véhémence, mais je suis continuellement en colère, je ne décolère plus, et je pense que tous ceux qui peuvent/arrivent encore à se faire une raison de cet état de fait dans une république des bananes où malgré toutes les restrictions qu'on impose désormais au pas de charge les riches continueront à avoir tous les droits (ne vient-on pas d'amnistier = dépénaliser l'évasion fiscale pour la troisième fois, au lieu de frapper les paradis fiscaux comme on en prend la résolution tous les deux mois ?) tout en continuant à laisser que le peuple se croit dans une démocratie occidentale avancée soit ont bien de la chance d'avoir un caractère aussi heureux, soit habitent dans un pays où l'air est plus respirable, soit ont les moyens d'aller habiter ailleurs, ce qui leur évite de devoir prendre position sérieusement. 

Umberto Eco n'est-il pas souvent en France ou à l'étranger ? Il me semble que le "non" des 12 anti-fascistes avait un tout autre poids. Tout comme Antonio Tabucchi qui vit à Lisbonne d'ailleurs mais signe de nombreuses pétitions en Italie, ou, preuve qu'il a perdu bien des contact avec l'Italie d'aujourd'hui, va inutilement se fourrer dans un guépier pour défendre un journaliste à la dent dure qu'on n'a jamais réussi à condamner à cause de l'exactitude de ce qu'il rapporte.
Après réflexion, du coté d'Umberto Eco, je vais jusqu'à penser qu'il y a omission ""C’est peut-être dû au pessimisme du grand âge ou à la lucidité que l’âge apporte avec soi",... ou parce qu'au fond je m'en f." En attendant, son nom fait vendre l'Espresso qui, lui, contribue à sa renommée.


 
sarah-k
17-07-09 à 17:58

Oui! Peut-être pour Umberto Eco, je n'en sais rien.
Je comprends tout à fait cette colère qui est aussi mienne mais ce que je veux dire c'est qu'elle ne me trouble plus comme avant.
Je ne sais pas pourquoi les gens ne bougent pas et ne se révoltent plus et votent comme des pieds.
J'imagine qu'ils pensent qu'ils sont encore protégés, qu'ils protègent encore leurs maigres privilèges.
Je ne m'illusionne plus et je suis la ramasseuse de cailloux, je fais patiemment des petites choses qui servent aux gens dans la ville et je travaille avec des gens qui font la même chose que moi et peut-être qu'avec ces cailloux au bout du compte, on aura construit quelque chose.
Sinon, je vais péter les plombs!

 
ImpasseSud
18-07-09 à 10:41

Re:

La ramasseuse de cailloux que tu es a sans autre raison, mais quand je me demande pourquoi les gens ne se réveillent pas, j'arrive au moins à deux réponses.

D'une part l'éducation qu'ont reçue, dans la plupart des cas, tous ceux qui aujourd'hui ont entre 20 et 40 ans. Une éducation laxiste, aussi bien institutionnelle que parentale, du tout permis, du tout dû  et du tout excusé, pour ne pas les traumatiser, mais qui, au cours de la crise physiologique de l'adolescence, n'ont pu exprimer leur rébellion et la recherche de leur personnalité qu'à travers les caprices ou la dépression. Vu qu'on ne leur a jamais enseigné que la qualité de la vie est une conquête personnelle, quotidienne et difficile, ils continuent à attendre du "tout servi", les plus agressifs d'entre eux étant prêts à se plier à tout pour pouvoir entrer dans le club des plus forts. Des phrases comme : "Les vieux ne veulent pas nous laisser la place", ne sont-elles pas plus que significatives, alors que depuis la nuit des temps, le fils a toujours dû bousculer le père pour pouvoir prendre sa place ? A ne pas confondre avec les licenciements massifs des personnes de 45-50 ans à des fins exclusivement économiques.

 

De l'autre, la perte totale de cohérence et de crédibilité du côté "socialiste" (dans ce mot j'inclus toutes les tendances, religions, syndicats et idéologies altruistes qui ont contribué aux progrès sociaux et égalitaires du XXe siècle). Les dirigeants "socialistes" d'aujourd'hui sont tellement embourgeoisés qu'ils sont incapables de se remettre en question face à la dégradation sociale survenue suite au triomphe absolu du capitalisme néolibéral après la chute de l’URSS et l’ouverture de la Chine au marché mondial. Tous à l’abri du besoin ou même très bien nantis, ils n’en perçoivent ni les angoisses, ni les effets, ni les urgences dramatiques. S’ils dénoncent encore la croissance de la pauvreté c’est par habitude, car, trop occupés à défendre leur leadership et/ou leurs intérêts personnels ou à étaler sous les yeux de tous leur luttes intestines pour le pouvoir, ils n’ont ni le temps ni l’idée ni l’envie réelle de concevoir, en alternative, concrètement et à l’unisson, un nouveau modèle de société, efficient, non pas la myriade d’ONG, mouvements, associations, etc… qui non seulement (et à condition qu’ils soient honnêtes et du fait de leur utilité à très court terme) ne sont que des emplâtres sur une jambe de bois, mais fournissent un alibi à tous les requins, quel que soient leur bord. C’est désormais en vain que les Iraniens, Tibétains, Palestiniens, Birmans, gens du Darfour, etc… continuent à s’égosiller pour demander de l’aide. Le temps où une partie de l’humanité venait en aide à celle qu’on opprimait, quelles que soient les motivations qui se cachaient derrière, est terminé. Aujourd’hui le camp « socialiste » ne propose plus que des prises de position verbales, quelques manifestations, quelques aides humanitaires (quand il ne saute pas sur l’occasion, lui aussi, pour se débarrasser des surplus), car, et en se retranchant derrière une casuistique des plus douteuses, il a choisi de se rallier à l’unique camp existant, celui du capitalisme avide, tyrannique et tout-puissant.

 

Alors indolente par éducation, le ventre de plus en plus vide, et sans alternative crédible, l’ensemble de la population préfère se rallier aux beaux parleurs qui les flattent ou les font rire tout en désignant des boucs émissaires, évidement responsables de tous leurs malheurs.
Et ceci, d'un point de vue général et si on part d'infrastructures étatiques qui fonctionnent relativement bien.


 
Giovanni Incorvati
19-07-09 à 17:50

Re: L'Italie, la liberté d'expression et l'accord de la population

Le dernier point, celui qui regarde les socialistes, la gauche, me paraît le plus important. Je ne serais pas aussi pessimiste. Si je ne me trompe pas, nous sommes d’accord sur l’idée d’une démocratie participée. C’est la seule qui peut être efficace dans nos sociétés. Or, à cette idée les partis de la gauche s’y sont toujours opposés. Cela a été vrai surtout en Italie, où la gauche était la plus forte de l’Occident. Il a fallu une crise totale des partis de la gauche, une crise dont nous ressentons aujourd’hui la violence, pour permettre une relative diffusion de cette même idée. C’est autour d’elle que pourront renaître des partis unitaires de la gauche, avec des dirigeants sans conflits d’intérêt. L’exemple d’une force politique où la participation ne serait pas simplement formelle pourrait s’avérer contagieux.

 
ImpasseSud
20-07-09 à 14:11

Re: L'Italie, la liberté d'expression et l'accord de la population

Giovanni, merci d'avoir donné votre avis.
Disons tout d'abord qu'ici, même avec un tas de liens en référence surtout pour permettre aux lecteurs de la sphère francophone d'approcher le contexte italien, c'est volontairement que je me suis tenue sur un plan général qui colle aussi bien à la France qu'à l'Italie.
Si, en effet, nous sommes d'accord sur le principe de "démocratie partagée", en ce qui concerne l'expression je ne le suis pas du tout, parce qu'elle est l'emblème d'une société qui a perdu le sens des mots, alors que dans les Larousse, Devoto Oli ou autres, il n'y a pas la moindre équivoque à propos du mot démocratie/democrazia, c'est-à-dire gouvernement par le peuple sans intermédiaire. A ce mot-là, dès qu’on juge nécessaire d’ajouter un adjectif qui va au-delà de l’indication nationale, cela signifie qu’on commence à la dénaturer, à la rogner, à la noyer, à faire des sélections, et cela devrait nous mettre la puce à l'oreille. 

A ce propos, aujourd'hui en France on s’exprime avec une telle langue de bois qu’il m’arrive de ne plus comprendre ce qu’on raconte, ce qu'on écrit, où on veut en venir. En Italie, dans ce pays sous l’emprise du Vatican, ce n’est que grâce au fort antagonisme entre la Démocratie Chrétienne et le PCI que les Italiens ont pu goûter à la démocratie. 

Quand, au tout début des années 90, le système de corruption et de collusion mafieuse de la DC et du PS au pouvoir ont été mises à nue (opération Mains Propres dont les gens ont tant espéré, en vain) et que le PCI, affaibli en même temps par la chute du mur de Berlin, s’est assoupli, dégringolant ensuite vers toutes les compromissions, changements de noms et divisions, pour la démocratie italienne cela été le début de la fin. Tout d’abord parce que Berlusconi a saisi au vol l’occasion qui se présentait pour arranger ses affaires personnelles, puis celle de manipuler l'opinion publique à travers ses télévisions obtenant même de la gauche une main-mise partielle sur la RAI. Ensuite avec le coup de grâce de la loi « porcellum » qui, sous prétexte de favoriser la stabilité des gouvernements, a introduit entre le peuple italien et son/ses gouvernements l’absolutisme des partis qui désormais nomment directement leurs représentants au Parlement (pour plusieurs législatures, et y compris les délinquants : pour l’instant il y en a 70) et récompense de façon disproportionnée le parti majoritaire. Quand Prodi, donc la gauche, est arrivé au pouvoir en avril 2006, a-t-il fait la moindre chose pour modifier cette loi, pour redimensioner la main mise de Berlusconi sur les médias ?
Donc si je suis d'accord sur ce que vous dites à propos du PCItalien qui a incontestablement été le plus fort de la sphère occidentale, d’accord à propos du dirigisme rigide que vous évoquez (suivi cependant avec enthousiasme par une classe ouvrière qui lui faisait confiance et qui y a gagné en même temps que tous les Italiens, et par une classe révolutionnaire qui, grâce à lui, a pu faire aboutir les réformes les plus importantes de l’après-guerre), je pense que le contexte d’aujourd’hui est tellement différent avec ses vieux leaders rancis, profiteurs, hypocrites et traitres (à tel point qu’une certaine partie des « compagni » (= camarades) d’hier vote désormais pour la Ligue du Nord), ou avec la myriade élitiste (ou carrrément puriste 1-2) qui résiste mais qui plane loin de la réalité des besoins immédiats ou de la nécessité de s’unir pour réussir à entrer au Parlement, que, même en y mettant tout l’espoir et le peu d'optimisme qui me reste, je ne vois aucune solution possible de ce côté-là.... Et je ne suis pas la seule.


 
Giovanni
21-07-09 à 12:21

Re: L'Italie, la liberté d'expression et l'accord de la population

Françoise, vous souligniez tout d’abord « l'aveuglément, le goût d'élitisme et de protagonisme personnels qui règne à l'opposition, tellement occupée de ses cocoricos ou de ses guéguerres internes, qu'elle laisse un bon nombre d'Italiens dans le désespoir. »  D’emblée j’avais été frappé par le fait que dans ce texte la responsabilité était mise sur le compte des dirigeants des partis, non pas des simples citoyens. A ce moment-là j’étais aussi en train de lire les Notes du cours oral de Histoire de la pensée politique de David Servaty, http://www.candiulb.be/forum/index.php?act=Attach&type=post&id=944 . Celui-ci (p. 16), à la suite de Rousseau qui « prône la démocratie participée » contre le système représentatif traditionnel de l’Occident, pose cette question: « Que fait le citoyen entre deux élections ?» A ça je me répondais, en actualisant : « Il est dégoûté des partis et perd toute confiance dans les possibilités d’un choix autonome en politique ». Et c’est bel et bien sur ce manque de démocratie (sans phrase) que nous sommes d’accord. L’idée absolument dominante est que la démocratie peut avoir lieu partout, sauf que dans les partis politiques. Tandis qu’au contraire, selon moi, les partis de la gauche devraient être le premier endroit pour en faire l'expérience et la mettre à l'épreuve.

Maintenant je relis votre premier point aussi, celui sur l’éducation institutionnelle et parentale. Je dirais, tout simplement : l’éducation politique, ce qui revient au même. Parce que les dirigeants politiques que nous connaissons sont les véritables héritiers de l’autorité paternelle, tout en demeurant des grands enfants gâtés. Et les partis, télévisés et non, sont devenus l’établissement central de l’éducation nationale. On rêve de l’écrivaine, ou du groupe d’écrivaines et d’écrivains, voire de différentes nationalités, qui ait la force d’imiter Rousseau, de resserrer l’ensemble des expériences de notre siècle et d’atteindre quelque synthèse critique dans ce domaine. Pour ce qui me regarde, je m’attendrais une sorte de « Nouveaux Emile et Sophie, ou de l’éducation aux droits politiques, à l’usage des militantes et des militants de la gauche », ou quelque chose comme ça. Je rigole, bien sûr. Mais de toute façon je n’arrêterais pas de prendre au sérieux les mots de Sénèque en exergue de l’original à dépasser : « les maux dont nous souffrons sont loin d’être incurables ».


 
ImpasseSud
23-07-09 à 15:30

Re: L'Italie, la liberté d'expression et l'accord de la population

Merci pour votre lien dont j'ai apprécié la synthèse. "Que fait le citoyen entre deux élections ? " Voilà une excellente question que tout le monde devrait se poser, personnellement, ne serait-ce que pour voir comment il défend (bien ou mal) le pouvoir du peuple en contrastant ou en favorisant la corruption et le clientélisme. Le fait est cependant qu'en Italie, depuis la loi 2005 (voir plus haut), le citoyen n'a même plus le droit d'élire directement ses représentants. Ont-ils mal voté ou ont-ils été trompés ? En tout cas, en 2006, la gauche au pouvoir n'a rien fait pour remédier. Trop contente de cette aubaine elle aussi ? Sera-t-il possible de récupérer ce droit ? En tout cas, pour l'instant, il semble que ce soit le cadet des soucis de la population, dûment maintenue dans l'ignorance, ou plus exactement dans des limbes fictives d'une sélection mensongère et d'auto-satisfaction que diffuse le monopole des médias dans les mains de Berlusconi.

 

Du côté de l'éducation politique, moi je préférerais qu'on remette l'accent sur "l'éducation civique". Matière extrêmement rébarbative et ennuyeuse quand on est à l'école, au collège ou au lycée, négligée de façon incompréhensible, on devrait au contraire s’ingénier à rendre accessible et intéressante (1) cette matière essentielle, dans nos démocraties tout du moins, et aller jusqu'à la mettre comme matière d'examen. L’étude de la philosophie est-elle plus "utile" ?

Bien d'accord avec vous sur le fait que la gauche devrait être la première à donner l'exemple, j'ajouterai que le problème est exactement le même du côté de ceux qui se réclament d'une religion (comme la presque totalité de la population en Italie) mais dont la grande majorité ne suit pas les préceptes.

Quant à votre citation de Sénèque... Est-elle séparable de son contexte ? Sénèque (dont je ne sais que très peu de choses) était aussi le philosophe qui affirmait que personne n'a le droit de vous priver de la vie. Du côté de ceux qui sont morts à L'Aquila parce que les immeubles neufs qu'ils habitaient étaient en sable dans un pays sismique, à Viareggio parce que le charriot du wagon de GPL était rouillé, ou sur les chantiers où l'Italie détient une primeur à cause des normes de sécurité mal ou pas appliquées et des yeux volontairement fermés des adeptes aux contrôles, etc., il s'agit de maux prémédités non plus curables, et pour ce parfaitement inacceptables. Et qui continueront à l’être si tout le monde continue à rester idifférent, si personne ne fait rien pour inverser la marche. Pas seulement en Italie d'ailleurs, car il en est de même pour l’absence de mesures préventives pour freiner la diffusion de la grippe porcine, l’absence d’éthique face aux ressources du Tiers-monde, etc… Bref, tout un système à revoir et corriger.

 

Plus que d'optimisme, c'est d'une bonne dose de concrétisation d’utopie dont on a besoin aujourd’hui, comme vous le suggérez d’ailleurs vous-même (moi je trouve cette idée très sérieuse au contraire), en commençant par la remémoration de la force des utopies à travers les siècles, qui a fini par nous amener à la Déclaration des droits de l’Homme de 1948. Si vous comprenez l’italien, c’est exactement ce que dit Gherardo Colombo dans cette intéressante vidéo (de 12’50’’ à 15’ si vous n’avez ni le temps ni l’envie de la voir toute entière) à propos de son livre « Sulle regole ». L’utopie sert à montrer qu’il existe d’autres possibilités, d’autres solutions, l'utopie sème une façon de penser différente : « Une façon de penser qui semble utopique à un certain moment devient réalisable quand la façon de penser collective change ». C’est cette « autre façon de penser » qu'on est en droit d'attendre de "l'opposition" ! Mais la copie conforme du pire de la société qu'est la gauche actuellement a fini par le faire oublier.

 

(1) A ce propos, il est intéressant de savoir qu'en Italie, Gherardo Colombo, un ancien juge, fait le tour des écoles pour discuter de la Constitution avec les enfants. Il en a sorti un recueil « Sei Stato tu? La Costituzione attraverso le domande dei bambini » qui s’adresse aux enfants à partir de 9 ans !


 
Giovanni
27-07-09 à 12:39

Re: L'Italie, la liberté d'expression et l'accord de la population



Comme vous le dites, l’hypocrisie triomphe dans les partis comme dans l’Eglise et dans la société « civile ». Mais, comme l’Eglise est la plus ancienne institution du monde, elle préexiste à la société italienne, qui s’y conforme par le moyen des partis politiques, qui à leur tour se constituent par une sorte de clonage de l’Eglise. La disparition du Parti Communiste nous permet aujourd’hui de comprendre mieux le rapport partis-Eglise en Italie, dont autrefois une opposition bouffonne et maniérée (Peppone-Don Camillo, « celluletta-parrocchietta ») obscurcissait l’essence. Et la disparition en cours des partis traditionnels de la gauche nous permettra, peut-être, de changer aussi ce rapport.

Les partis et l’Eglise proclament de soutenir partout la cause des droits humains, sauf qu’à leur propre intérieur. Où les véritables mécanismes du pouvoir sont cachés par un système fumeux de normes. Dans les partis comme dans l’Eglise le manque de transparence doit empêcher è la base de participer aux choix. Pour ce qui regarde les fonctionnaires de parti, ceux-ci, exactement comme les religieux de carrière, afin d’avancer dans la hiérarchie, se consacrent fidèlement et totalement à la mise en œuvre des mécanismes du pouvoir. Dans l’un et dans l’autre cas les femmes sont rigoureusement exclues du parcours. L’unicité du leader, établie sur le modèle offert par le pape, doit donner aux partis comme à l’Eglise la plus grande visibilité médiatique et une place centrale dans l’éducation nationale.

Les règles internes établissent qu’on ne peut pas appartenir à deux Eglises ou à deux partis à la fois, ce qui renforce le caractère intolérant de ceux-ci. Du côté des partis, le principe des systèmes parlementaires, « one man, one vote », consolidé par la loi, affermit une telle règle. Dans les élections, en effet, on ne peut voter pour deux partis à la fois. En outre les sièges sont attribués aux partis selon le choix de ceux qui votent, avec un 'prix de majorité'. Leurs pourcentages sont calculés comme si tous les électeurs avaient voté. De la même façon, du côté des Eglises, la loi dispose que dans la déclarations d'impôt, au sujet de la destination de l’« huit pour mille », on ne peut exprimer plus qu’une préférence. Pour ce qui est de ceux qui n’expriment aucune préférence,  leur « huit pour mille » est donné automatiquement aux Eglises en proportion du nombre de préférences exprimées. Par ce système « majoritaire », les partis majeurs comme l’Eglise jouissent d’une masse considérable de financements publiques qui est à la base de leur mainmise sur la société italienne.

Peut-on changer tout ça? Certes, mais il faudrait être d'accord sur l'analyse, ce qui n'est pas du tout assuré aujourd'hui. 



 
ImpasseSud
27-07-09 à 15:00

Re: L'Italie, la liberté d'expression et l'accord de la population

Pourquoi en êtes-vous arrivé au "huit pour mille" ? Le scandale, ce n'est pas que l'Eglise catholique encaisse, mais plutôt le mode de calcul d'un Etat qui se déclare laïque et le "politichese" des formulaires. D'après ce qu'on peut lire ici, il n'y aurait que 37 % des contribuables qui fasse un choix, le reste étant persuadé qu'en l'absence de choix le "huit pour mille" revient à l'Etat !!!

Nous voilà bien loin de mon sujet initial qui se proposait de parler de l'esprit d'élitisme qui règne au sein du peu d'opposition qu'il reste, et qui, à cause de cela, défend bien mal la liberté d'expression. Les choses risquent même d'empirer si toutes les miettes d'opposition (parmi lesquelles il y a des personnes que j'estime) ne se décident pas à comprendre qu'ils ne servent à rien et n'ont aucun avenir s'ils continuent à refuser de s'unir pour pouvoir entrer au Parlement. A mon avis, pour l'instant, voter pour eux signifie voter à vide, et j'ai du mal à comprendre tous ceux qui continuent à le faire, presque avec fierté, pour se démarquer du PD qui les a trahis. N'y a-t-il pas là un peu d'enfantillage si on en reste là ? Tous autant qu'ils sont, ces petits partis sont pleins d'idées valables, mais tous autant qu'ils sont, ils savent qu'ils n'ont aucune chance de dépasser le seuil des 5% pour les législatives italiennes ou des 4% pour les européennes. Donc, dans ce cas spécifique, se proposer comme candidat alors qu'on n'a aucune probabilité d'être élu, c'est tromper ses propres électeurs et laisser qu'un tas de bonnes idées se perde. Par orgueil ? Par soif du pouvoir ? On en revient toujours là, ce qui amène à penser que dans le fond, ils ne sont guère différents de tous ceux à qui ils jettent la pierre. Vu qu'ils n'ont pas compris la raison de leur échec aux législatives de 2008, vu qu'ils n'ont pas hésité à répéter leur erreur pour les élections européennes, vu qu'ils ont perdu de vue la base qu'ila devraient écouter, cela signifie qu'ils ne sont pas encore prêts à se remettre en question, à analyser leur situation, comme vous le dites. Le fait est qu'en l'état ils ne représentent plus le moindre espoir et qu'ils méritent tout d'abord de disparaître. En espérant qu'après ...
Alors en attendant, c'est le coeur gros que je me décide à prendre note qu'il ne nous reste plus qu'à résister en solitaires contre les iniquités du gouvernement en place, et, dans le privé, à faire ce qu'on croit devoir faire comme le disait Sarah-k.
Giovanni, merci d'avoir participé à cette discussion.