A L’Aquila, dimanche prochain, on votera pour le renouvellement de la Présidence de la Province, actuellement dans les mains du Parti Démocrate, le principal parti d’opposition au Popolo delle Libertà de Berlusconi. Mais, régionales, provinciales ou communales, on vote aussi dans toute l'Italie. Pour le petit homme, c'est un test, et comme le « fair-play » n’est pas sa principale caractéristique, la campagne fait rage sur un ton qui n’a rien de joli-joli, repoussant un peu plus chaque jour les limites de l’acceptable. Ou de l’inacceptable ? C’est ce que je me suis demandée ce matin.

Etant donné que l’histoire de ce séisme du 6 avril 2009, je la suis régulièrement depuis le jour où il s’est produit, depuis près d’un an je suis une grande habituée des articles relatifs à « L’Aquila » et au « Terremoto dell’Aquila del 2009 », sur Wikipédia justement, en italien et en français. Non pas que j’en aie besoin pour m’informer puisque je possède un assez grand nombre de sources en temps réel, plus proches et plus détaillées, mais si j'y vais souvent, c'est pour deux raisons bien simples : pour voir si le site est mis à jour régulièrement, et pour contrôler la validité de mes liens à chaque fois que je suis sur le point de poster un billet sur le sujet.

Donc, alors que j’en étais aux dernières retouches du billet que je posterai ce soir ou demain, quelle n’a pas été ma surprise de trouver les deux pages complètement remaniées. Rien de plus normal, me dira-t-on, tu es sur Wikipédia. Je veux bien, mais ici il s’agit d’un véritable débordement entre l'indécence et l’irréel !

Sur la page de « L’Aquila », entre l’ancien texte et le nouveau, la ville se serait-elle agrandie démesurément ? Bien sûr, on y cite le tremblement de terre à plusieurs reprises, mais un peu comme de l’histoire ancienne, en passant. Dans cette espèce de dépliant touristique sur une ville en pleine santé, où est passée « L’Aquila » du centre historique martyrisé, désert, silencieux, bouclé, encore comble de gravats et qu’on laisse mourir depuis un an ? Où sont passés ses quartiers résidentiels fantôme, tout ce qu’on a montrée à toute l’Italie il y a un mois dans cette vidéo ? Où est L'Aquila dont les habitants, encore dispersés dans les 19 groupes d'HLM disséminés dans une lointaine périphérie ou un peu partout à des dizaines de kilomètres de là, celle où aucune reconstruction ni réparation n'a encore démarré, celle de la révolte de ceux qu'on appelle désormais le "peuple des brouettes" qui a réussi à réveiller une population contrainte par la force à l'inertie ? Bien sûr, avant L’Aquila était une belle ville, au passé extrêment riche, et elle renaîtra tôt ou tard, dans trois, cinq ou dix ans, sans doute plus belle. Mais, entre temps, le trou noir où l'a précipitée le 6 avril 2009 est-il inexistant, voire fugace ? N'a-t-il pas droit de cité dans les justes proportions qui sont les siennes ? On en viendrait presque à se demander si... si les effets de ce séisme ne sont pas une légende métropolitaine. Qui a osé écrire cette page mystificatrice ?

Quant à la page « Terremoto dell’Aquila del 2009 », il ne s’agit plus d’une page d’encyclopédie, avec des données froides et réelles comme il siérait à un tel évènement, mais d’un véritable manifeste politique, d’une fatuité démesurée et trompeuse. A la gloire de qui ? Je vous le donne en mille !