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Tremblement de terre à L’Aquila (23) : deux films qui racontent l'amère réalité du post-séisme

Le premier « Draquila, L’Italia che trema » de Sabina Guzzanti, sélectionné dans la catégorie « Scéances spéciales » du Festival de Cannes 2010 qui commencera mercredi prochain, 12 mai ; et « Comando e controllo » d’Alberto Puliafito, un film documentaire qui montre comment, à L’Aquila, la « Stratégie du choc » a pris des commandes féroces au nom de l’urgence.

 

« Draquila, L’Italia che trema » / « Draquila, L'Italie qui tremble »
(un extrait sous-titré en français)

Draquila, l'Italie qui tremble« Durant les jours qui ont suivi le tremblement de terre », écrit Alessandra Mammì dans l'article qu'elle publie sur L’Espresso, « moi aussi j’avais cru que le gouvernement réagissait assez bien à l’urgence. J’imposais le silence à mon anti berlusconisme, et je me répétais : pourquoi pas, cette fois-ci, peut-être que...

Puis Sabina Guzzanti s’est rendue à L’Aquila en juillet 2009 : après tous les grands de la Terre, les bonnes sœurs, les scouts, les étudiants et George Clooney, comme elle le dit dans son film, pour voir la tragédie que Berlusconi avait transformée en évènement médiatique qui le faisait remonter dans les sondages. Avec une vague idée de film, une troupe de trois femmes et une caméra digitale, mais certainement pas dans l’idée d’y rester coincée pendant près d’un an, d’accumuler 700 heures de tournage, d’y vivre une expérience marquante et d’entrer dans les sélections du Festival de Cannes.

 

C’est un film sur le pouvoir et sur la douleur. Un film dur, mais étroitement logique dans la progression de la thèse qu’il défend : L’Aquila est un laboratoire, un test qui démontre comment on peut changer les pactes sociaux, altérer les principes constitutionnels et, de fait, tirer sur l’Etat avec un silencieux de façon à ce que les citoyens ne se rendent compte de rien. Le tout est expliqué sans hurlements factieux, mais avec un calme glacial. Un langage sec, sans larmes mais avec une pointe d’acidité, à la Michael Moore : les mêmes hors champ, les mêmes questions tellement pertinentes qu’elles en deviennent impertinentes, les mêmes tableaux de faits et chiffres, les mêmes montages serrés de témoignages, opinions et visages divers, mais tous emportés par le souffle de l’histoire.

Des hommes et des femmes dans des tentes militarisées, contraints à suivre le régime alimentaire de l’ « attentado » (celui qu’on a mis sous la tente, NdT) : pas d’alcool, pas de café, pas de coca-cola ; l'interdiction d'entrer aux non-résidents ; les sans-toit avec le nouveau toit que leur a assigné Berlusconi dont ils sont éperdument amoureux ; le vieux professeur qui fait de la résistance en se barricadant dans son appartement : « S’ils te mettent la main dessus, tu es fichu » ; l’urbaniste théoricien des new-towns qui explique qu'un centre commerciale est beaucoup mieux qu’un centre historique ; et une séquence féroce sur la tente du Partito Democratico (à l’opposition), vide d’hommes mais pleine de détritus et de restes de sandwichs en train de moisir.

...................................
« Un film rigoureux »,
explique Sabina Guzzanti, « mais sans pitié : L’Aquila est un papier-pH du mal-être du pays tout entier. J’y ai vu tous les ingrédients de notre crise : l’absence d’opposition, une déferlante de propagande, la spéculation, la criminalité organisée, l’indifférence des gens, l’impuissance de celui qui essaie de faire quelque chose mais reste seul, la naissance d’un Etat parallèle sans que l’Etat en place s’en rende compte. C’est un film sur comment construire une dictature. (…) Nous, les Italiens, nous avons beaucoup changé en cinq ans. On ne voit plus aucune capacité de réaction, le souvenir de la vie démocratique a pâli, on en a même perdu la nostalgie. On réagit à ce qui indigne en s’y adaptant, on se construit une vie parallèle, de petites stratégies de résistance. C’est ainsi que si à L’Aquila on te dit que « là, c’est le capocampo qui décide », tu n’as plus l’idée de répondre : « Mais qui est-il ce capocampo ? Il a été nommé par qui ? Il représente qui ? Sur quelle base est-il devenu fonctionnaire ? » On obéit comme si on était au club Mickey. »

« Au pouvoir, Berlusconi n’y est pas arrivé par la démocratie, parce que dans une démocratie on ne peut pas devenir premier ministre en contrôlant la télévision et la presse et en gérant soi-même la propagande. Ce qui m’a le plus choquée à L’Aquila, c’est de voir que la télévision y a été beaucoup plus forte que le tremblement de terre. Les gens ne font plus la différence entre la réalité et la fiction, je dirais même que la réalité télévisée est souvent plus forte que ce qu’ils voient ou entendent. Des femmes racontaient que leurs grands-parents leur avaient enseigné comment fuir dès la première secousse, mais que, le 6 avril, elles sont restées chez elles simplement parce que le JT les avait rassurées. Un homme a perdu ses deux enfants parce que, convaincu par les médias qu’il n’y avait aucun danger, cette nuit-là il les avait remis dans leur lit. C’est terrible à dire, mais à L’Aquila, la propagande a été plus forte que les ancêtres et même que l’instinct de survie, quand, avant le cerveau, ce sont vos jambes qui vous font prendre la fuite. Maintenant, vous avez compris de quel pouvoir je parle ? »

« (…) Je voulais comprendre et écouter. Comprendre comment on peut renoncer à une ville magnifique, faite de personnes et de monuments, de vie et de mémoire, pour la remplacer par 19 quartiers sans âmes, sortis de nulle part, au bord d’une route nationale, loin l’une de l’autre, qui attendent seulement un centre commercial. Il fut un temps où il m’était impossible de parler avec quelqu’un qui vote pour Berlusconi. L’Aquila m’a changée, je veux parler avec tout le monde. Et tout le monde avait envie de parler. Aucune interview n’a duré moins d’une heure. Parfois elles se prolongeaient pendant trois ou quatre heures. Il arrivait très souvent que ce soit moi qui m’en aille autrement on y aurait passé la nuit. C’est ainsi que j’ai fini par tourner 700 heures. »

 

En Italie, la férocité de la satire de Sabina Guzzanti est bien connue, mais, ce film ne fait ni rire malgré son titre, « Draquila », ni pleurer malgré son sous-titre « L’Italia che trema » (L’Italie qui tremble). Il est au contraire le produit d'une grande pudeur et "on finit par y admirer encore plus sa capacité de silence, même face aux phrases et aux gestes qui auraient facilement donné prise à des répliques ironiques", peut-on lire dans Il Corriere della Sera. "Ici c’est justement en laissant glisser le spectateur dans l’horreur d’une situation que personne ne met en discussion, encore moins une opposition balbutiante (pourquoi pense-on exclusivement à construire de nouveaux appartements sans que personne ait un plan pour faire revivre la cité fissurée ? pourquoi personne ne dit que dans ces appartements, personne n’a la droit de planter le moindre clou ?), que Draquila acquiert une force qui va bien au-delà des questions qu'on se pose au sujet de ceux qui riaient en se frottant déjà les mains la nuit du séisme, mais possède ce regard sur la réalité que Sabina Guzzanti a le courage et la force de montrer. Surtout quand la réalité ressemble toujours plus à un cauchemar orwellien." 

Ce qui explique qu'à la première qui a eu lieu le 5 mai, ce film ait été très très bien accueilli par les Aquilani qui, - le chœur semble unanime -, ne se sentent ni trompés ni instrumentalisés, les seuls protestataires étant ceux qui, faute de place, n’ont pas pu entrer sous la grande tente de Piazza Duomo. Maintenant Draquila est dans les salles italiennes, et à L’Aquila on le passe 3 fois par jour.

Par contre, inutile de dire que, désormais de notoriété internationale du fait qu’il a été retenu pour le Festival de Cannes, il a déclenché les fureurs du gouvernement italien et de sa Protection civile. Rien de surprenant dans un pays où il est de bon ton de s'inventer des mérites en mettant la vérité sous le tapis, où on admet de moins en moins les critiques et la satire et où on va jusqu'à démanteler la culture.


Mise à jour du 8 novembre 2010 : à propos de la sortie du film en France mais aussi pour mieux comprendre l'Italie d'aujourd'hui, voir
cet entretien avec la réalisatrice (en français) publié le même jour dans Le Monde.

 

 

« Commando e controllo » 

Il est bon de savoir que ce titre n’est rien d’autre que la reprise du nom que la Protection civile italienne donne à son quartier général en le camouflant sous l’acronyme DI.COMA.C = Direzione commando e controllo. Cliquer sur cette sigle permet de se faire une idée de l'étendue de l'emprise qu'elle a sur toutes les institutions du pays, mais le concept devient encore plus clair quand, dans un de ses textes, dénommé « metodo Augustus », la Protection civile explique textuellement comment affronter les urgences : « se la controparte istituzionale sarà sufficientemente autorevole e determinata, la maggior parte dei cittadini sarà disponibile ad abdicare alle proprie autonomie decisionali » (Si la contrepartie institutionnelle est suffisamment autoritaire et déterminée, la majeure partie des citoyens sera disposée à renoncer à ses propres autonomies décisionnelles. NdT)

Ce film-documentaire d’Alberto Puliafito, journaliste turinois qui, lui aussi, a passé près d’un an à L’Aquila, est le récit choral, lucide et ponctuel, de la dérive autoritaire de la gestion du pouvoir en Italie à travers les urgences et les transformations avenues ces dernières années dans le Dipartimento Nazionale della Protezione Civile, en partant de la gestion du post-séisme à L’Aquila, de l’absence de reconstruction (à près d’un an du séisme) et de la construction (immédiate) à partir de rien des C.A.S.E. de Berlusconi (les 19 groupes de HLM dispersés dans la nature), largement contestées.

A New-York, où il a été projeté en avant-première pour la communauté italienne, son succès a largement dépassé les espérances. A L’Aquila, où Alberto Puliafito avait choisi le 6 avril pour sa première, jour du premier anniversaire, il a, là aussi, été très bien accueilli par une salle comble. Dans la cas présent, cependant, la distribution, gratuite paraît-il, touchera certainemment un public plus restreint.

 

(Traduction de l’italien par ImpasseSud)

 

Tous mes billets sur le Tremblement de terre du 6 avril 2009 à L'Aquila 

1 : Jour de Pâques... qui suit le tremblement de terre de L'Aquila

2 : Les risques de la reconstruction

3 : Les lieux communs

4 : Avant et après

5 : Sur la scène et dans les coulisses

6 : L'éclosion des petits malins

7 : La parole aux blogueurs

8 : Là aussi on vote... malgré tout

9 : Ce qu'aucun JT italien ne raconte

10 : Les Aquilani en colère vont protester à Rome
11 : A trois mois du séisme vers le Sommet du G8

12 : La parade du G8 à son apogée et les réponses des Aquilani

13 : L'erreur d'Obama

14 : Les Aquilani plus isolés que jamais

15 : Vu de loin

16 : La grande confusion

17 : 6 mois après, cahin-caha, mais toujours en dépit du bon sens

18 : Après une longue mise sous tutelle, les Aquilani reprennent possession de leur ville que le gouvernement laisse mourir.

19 : Manoeuvres électorales sur Wikipédia

20 : Un dimanche après l'autre et à la barbe des tentatives d'instrumentalisation, le tissu social de la ville se reconstitue.

21 : 1 an après !

22 : Un an après, le bilan
24 : Vers une Union européenne de sinistrés ?

25 : 15 mois après, les Aquilani sont toujours sinistrés, abandonnés leur sort et... matraqués
26  et les billets suivants ici
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Ecrit par ImpasseSud, le Lundi 10 Mai 2010, 08:59 dans la rubrique "Actualité".

Commentaires et Mises à jour :

JvH
12-05-10 à 20:46

Heureusement qu'il y a quelques personnes prêtes à se battre en Italie, même quand on leur rend la vie dure (je crois me souvenir que l'émission télévisée de la Guzzanti avait été annulée définitivement pendant mon séjour en Italie). 

 
ImpasseSud
12-05-10 à 23:24

Re:

Tes souvenirs sont bons, Sabina Guzzanti n'a plus aucune entrée dans les TV nationales. Sa satire est trop mordante. De toute façon, maintenant, Berlusconi ne supporte plus que sa cour, en tout point d'accord avec lui. 
Pour en revenir au film, je l'attends avec impatience parce que c'est cette mesure, cette délicatesse que la Guzzanti y a mis, de l'avis unanime, qui m'intéresse. Ici, il devrait être dans les salles cette semaine. Je ne sais pas s'il passera à l'étranger, mais si tu as l'occasion de le voir à Berlin, cela te permettra de te rendre compte de la dégradation de l'Italie depuis que tu l'as quittée.

 
ImpasseSud
24-05-10 à 17:22

Le Festival est terminé ! La critique

Si Des hommes et des Dieux me tente beaucoup, si Tournée me tente aussi pour son côté anticonformiste, je tiens à ajouter deux commentaires à propos du cinéma italien :

La nostra vita : si j'en ai l'occasion, je le verrai peut-être, mais je suis absolument enchantée qu'Elio Germano ait reçu un des deux prix d'interprétation masculine. D'une part parce que ce jeune homme de 29 ans m'est très sympathique, plein d'enthousiaste et pas bégueule pour un sou et sans doute plein de talent vu qu'on lui a attribué un prix, mais surtout pour la petite phrase qu'il a eu le courage de prononcer au cours de la prémation après toutes les polémiques du gouvernement italien à propos de "Draquila" : "Siccome i nostri governanti in Italia rimproverano sempre al cinema di parlare male della nostra nazione, io volevo dedicare questo premio all'Italia e agli italiani che fanno di tutto per rendere l'Italia un paese migliore nonostante la loro classe dirigente." (Etant donné que nos politiciens en Italie reprochent toujours au cinéma de dire du mal de notre pays, je voudrais dédier ce prix à l'Italie et aux Italiens qui font tout ce qui est en leur pouvoir pour faire de l'Italie un pays meilleur malgré sa classe dirigeante".) Comme on peut le voir sur la vidéo, en Italie au TG1 de 20 heures, comme par hasard l'audio a eu un problème technique au moment où il prononçait cette phrase.

Draquila : le film a été généralement bien accueilli, mais je n'ai pas beaucoup aimé le ton de suffisance d'une bonne partie de la critique française, avec l'air de dire : "bon, bein, Berlusconi on connaît, mais vu que Sabina Guzzanti est une fameuse satiriste, elle a dû en rajouter une dose". Et d'autres, encore pire : "c'est un peu décousu, on se sait pas où elle veut en venir".
En somme !!!! Que ces snobs pleins de préjudices s'informent ou changent de métier ! Et ensuite, à quoi s'attendaient-ils ? A un tremblement de terre bien cousu ?!!!!!!
Heureusement que d'autres critiques, eux, ont tout compris.


 
ImpasseSud
26-05-10 à 23:16

DRAQUILA au PARLEMENT EUROPEEN

Le 1er juin, Sabina Guzzanti et son Draquila seront reçus au Parlement Européen

La projection film sera suivie par un débat organisé par le député Sonia Alfano, auquel participeront Sabina Guzzanti, Rosario Crocetta député européen ancien maire de la ville sicilienne de Gela fortement engagé dans la lutte contre la mafia(il vit sous escorte policière), Guy Verhofstadt de l'ADLE, Daniel Cohn-Bendit des Verts, Martin Schulz, président des S&D.

Sonia Alfano précise :
"J'ai voulu réaliser cette initiative parce que, ayant travaillé pendant plusieurs années au Département Régional, je connais bien le système de la Protezione Civile et ce dont il est la cause en Italie et surtout dans la gestion de l'urgence-séisme dans les Abruzzes (dont j'ai parlé à plusieurs reprises), et parce que j'ai l'intention de continuer à créer les possibilités et les occasions pour faire connaître à l'étranger, et en particulier à mes collègues européens, la situation de l'information en Italie, et quelles sont/seront les conséquences de la politique scélérate que le gouvernement est en train de mettre sur pied.
En octobre, le Parlement européen a rejeté la résolution pour la liberté de presse en Italie avec seulement trois voix d'écart, et je crois que ces chiffres en disent long sur la gravité de la condition de l'information italienne, raison pour laquelle je crois que cet évenènement au Parlement eurpéen pourra servir de catalyseur pour la libre pensée et puisse réveiller quelques consciences encore assoupies."
Traduction de l'italien par ImpasseSud


 
ImpasseSud
30-07-10 à 20:26

J'ai vu DRAQUILA !

En fait, je l'ai vu il y a déjà un certain temps. Tout ce que je peux dire, c'est qu'il s'agit d'un bon film objectif où Sabrina Guzzanti a réellement laissé son sarcasme habituel de côté et donné la parole à tout le monde. En ce qui me concerne je n'ai pas appris grand chose que je ne sache déjà (et que j'ai raconté ici), mais j'ai tout de même découvert qu'une des tâches prioritaires de la Protection civile, c'est de couvrir à tous points de vue tous les déplacements du pape en Italie, aux frais des contribuables, bien entendu. Un scandale de plus quand on sait qu'il n'y a pas d'argent pour les sinistrés. 

Le film se termine sur un autobus qui passe dans un quartier au milieu de nulle part et désert de HLM-CASE de Berlusconi, et sur une interview de Ferdinando Taviani, grand spécialiste de la Comedia dell'arte, professeur à l'Université de L'Aquila, à qui la scénariste demande ce qu'il pense de la situation actuelle. Voilà sa réponse : "“io, ho pensato due cose. Ho pensato prima : se avesse avuto 25 anni, me ne andavo.  Perché quando succede questo non c’è più niente da fa’. Meglio andarsene. E poi ho pensato, è una specie di dittatura della merda, ma non della tortura. Non c’ho le forze armate fuori della porta di casa, non m’arrestano. Se dico certe cose, mi diffamano ma non mi arrestano. Non mi torturano, non mi picchiano. Se avessi 25 anni potrei restare qui, perché è una dittatura della merda, perché oltre un certo limite, non c’hai le forze per opporti a questo. Io ho parlato con un sacco di gente che è stato sotto le dittature, e mi raccontavano la decadenza di alcune persone integerrime, si è cominciata a vedere quando tu vedevi che dopo anni, uno, due anni, ancora ripetevano “adesso cade, non può durare”. Questo è la grande illusione : che ciò che è vuoto e fasullo, non può durare. Non è vero, dura ! "
"J'ai pensé deux choses. Tout d'abord, je me suis dit que si j'avais 25 ans, je serais parti. Parce que quand il arrive quelque chose de ce genre, il n'y a plus rien à faire, il vaut mieux s'en aller. Ensuite j'ai pensé que c'est une espèce de dictature de la merde, non pas de la torture. Il n'y a aucune force de police derrière ma porte, personne ne m'arrête. Si je dis certaines choses, on me discrédite mais on ne m'arrête pas. On ne me torture pas, on ne me frappe pas. Si j'avais 25 ans, je pourrais rester ici, parce que c'est une dictature de la merde, parce qu'au-delà d'une certaine limite, tu n'as pas la force de t'y opposer. Moi, j'ai parlé avec un tas de monde qui a vécu sous une dictature, et ils me racontaient la décadence de certaines personnes tout à fait intègres. On s'en aperçoit quand quelques années plus tard, un ou deux ans, ils répètaient encore : "maintenant il va tomber, ça ne peut pas durer". C'est là que se trouve la grande illusion, que ce qui est vide et faux ne peut pas durer. Ce n'est pas vrai, ça dure!"
(Traduction ImpasseSud)

A voir quand il sortira en français